Quinze ans ont passé depuis les évènements de Dying Light, et cette drôle d'espèce qu'est l'humain semble s'être adaptée tant bien que mal à un certain état de fait, dans lequel chaque sortie s'entend comme une occasion de trépasser. Ou pire : se faire contaminer. Parce qu'il faut toujours un voisin pour lui taper dessus, plusieurs factions opposées se font désormais face, et le nouvel héros de cet épisode, Aiden Caldwell, infiltre les Survivors pour le compte des Peace Keepers. Chacune des factions accusant évidemment l'autre de tous les mots. Tout comme dans le premier épisode, Dying Light 2 Stay Human raconte les acrobaties physiques et sémantiques d'un agent infiltré, dont la loyauté va être savamment malmenée par les évènements. Le sous-titre du jeu, Stay Human, annonce d'ailleurs la couleur : 

C'est évidemment une phrase que l'on peut interpréter à différents niveaux : restez humains, ne vous faites pas avoir par l'infection ; restez humains, ne mourrez pas... Mais je pense qu'au fur et à mesure de votre progression, vous comprendrez mieux pourquoi il pourrait être difficile de « rester humain »...(

Dying Light 2

On n'est pas dans le pèlerin...

Cette première démo jouable nous transportait quelques heures après le début de l'aventure, alors que notre agent infiltré, surnommé "Le Pèlerin", pénètre le Bazaar, un lieu de ralliement hétéroclite qui prend la forme d'un hub local. Après une tentative avortée qui a failli déboucher sur une bonne vieille pendaison, les autochtones ont une bonne raison de baisser leurs fourches, puisqu'Aiden peut désormais fièrement présenter son biomarqueur. Il s'agit d'un passeport pas tout à fait vaccinal, mais qui indique en temps réel le niveau de contamination d'un individu donné.

En seulement quelques pas, le simple franchissement du seuil de cette communauté permet de planter le décor sur le plan visuel, mais aussi sonore. Derrière ces murs, une relative quiétude permet aux survivants de mener une existence presque banale, en échangeant autour d'un verre, bercés par des airs du monde d'avant, une relative quiétude brillamment soulignée par la bande-son, qui délaisse les dissonances dérangeantes de l'extérieur pour des vents plus porteurs d'espoir. Quelques minutes se sont écoulées et le compositeur Olivier de Rivière nous colle une première claque :

La musique est raccord avec le propos du jeu, mais aussi nos propres ambitions : nous voulions qu'il soit un peu plus mature et sérieux que le premier épisode. Olivier est un type un peu fou. J'adore discuter avec lui, mais il va rapidement très loin, et je n'arrive pas à suivre, tant il déborde d'idées.

Dying Light 2 gameplay

Ce parcours, je le connais déjà par cœur !

Aiden a tout du petit nouveau, et doit donc commencer par prouver sa bonne foi en multipliant les petits boulots. Il n'est évidemment pas ici question de livrer des repas chaud à des clients aussi fainéants que fortunés, mais plutôt de multiplier les missions de loot et de secourisme, avec tout ce que cela comporte de tragédies quotidiennes. L'heure était de toutes façons déjà grave, puisque les réserves d'eau potable sont sur le point d'êtres coupées, et tant pis pour les soiffards. De Rivière rappelle ses dissonances alors que l'un des survivants manque à l'appel, et ne répond plus aux sollicitations.

Nous voici donc de retour à l'extérieur, l'occasion de mettre à l'épreuve le système de parkour revu et corrigé de Dying Light 2 Stay Human. Les sensations à la première personne sont tout aussi plaisantes qu'en 2015. Tout en préservant les délicieuses sensations de body awareness (rares sont les studios à ne pas faire comme si Mirror's Edge n'était jamais sorti), les développeurs offrent un supplément de liberté grâce à une plus grande permissivité. Il est désormais plus facile d'accrocher le rebord d'un toit ou de tout autre élément du décor. Et si le résultat n'est évidemment pas des plus réalistes, il permet de se déplacer avec aisance. En attendant de pouvoir varier les plaisirs grâce au retour de l'arbre de compétences, simplifié en deux catégories.

Dying Light 2 gameplay

Rien que du vent

En plus de proposer des défis 100% parkour, histoire de mettre vos réflexes à l'épreuve, Dying Light 2 Stay Human nécessite de "prendre d'assaut" les moulins à vent. On les aperçoit ici et là sur les toits de ce monde ouvert aux airs de grande ville européenne. Une fois acquis, ils permettent de créer des zones de sûreté, comme autant de fragiles havres de paix qui parsèmeront progressivement les différents quartiers accessibles.

Si l'utilité de ces zones ne saute pas forcément aux yeux durant la journée, tout change à la tombée de la nuit. Aussi sensibles à la lumière du soleil que votre rédacteur passablement roussâtre, les infectés se terrent à l'intérieur des bâtiments jusqu'au moment opportun. L'alternance jour/nuit est donc fondamentale, et Techland a accordé une importance toute particulière à la course du soleil. Il suffit d'ailleurs de se fier aux teintes qui se reflètent sur les bâtiments environnants pour intensément deviner si le temps presse :

C'est effectivement un des aspects que nous avons le plus travaillé. En même temps, quand le jeu que vous développez s'appelle Dying Light, vous avez intérêt à assurer sur la gestion de la lumière !

Dying Light 2

A Night in the Life

Alors qu'il était tout à fait possible de déambuler en esquivant les quelques infectés diurnes, en évitant à tout prix d'entrer dans le moindre bâtiment, les rues de Dying Light 2 grouillent donc de vermine une fois les derniers rayons du soleil disparus. Il faudra donc obligatoirement rester sur les toits pour espérer survivre. Et si les infectés de base ne représentent peut-être pas un si grand danger pris individuellement, le déclenchement inopiné d'une chasse à l'homme change radicalement la donne. Vos ennemis n'auront alors de cesse de vous pourchasser y compris sur des hauteurs encore accessibles comme les toits des véhicules.

La tension est immanquablement renforcée par la bande-son qui convoque ici les éléments électro du premier épisode, en noircissant le trait, pour souligner une sensation de stress déjà bien présent, surtout rideaux fermés. Et parce que les univers post-apocalyptiques offrent rarement des raisons d'y croire, la déambulation nocturne est rendue encore plus ardue par la présence de spores, qui nécessitent de régulièrement consommer des "champignons UV" pour ne pas voir sa barre de vie fondre comme neige au soleil. L'infiltration des bâtiments demande alors d'arbitrer entre discrétion et rapidité, un équilibre par forcément facile à atteindre, tant ces fichus ennemis ont l'art et la manière d'attaquer en groupe.

Stay human

Perseverare diabolicum

Immanquablement, le pire finit toujours par se produire, et il faut alors alterner entre les esquives permises par le parkour et le système de combat au corps-à-corps pour espérer s'en sortir. Les joueurs du premier opus se retrouveront rapidement en terrain connu, puisque les fondamentaux sont toujours là : il faut toujours penser à reculer entre deux coups de clé à molette pour ne pas se faire agripper, l'arc étant surtout pratique en extérieur. Les armes de poing à la durabilité limitée affichent les mêmes slots destinés à augmenter les dégâts, ou a les électriser.

En ce qui concerne la violence, nous nous sommes une fois encore focalisés sur des combats au corps-à-corps, et c'est quelque chose de très difficile à réussir. Ce n'est pas un hasard si peu de studios s'y risquent.

Seul problème, mais de taille : avec la multiplication des items et des fonctionnalités, cette suite s'emmêle un peu les pinceaux en termes d'ergonomie. Les différentes catégories d'armes se gèrent avec la croix directionnelle, mais une action toute bête comme un bon vieux coup de pied devient presque une sinécure, puisqu'il nécessite de combiner gâchette gauche et bumper droit, un mélange qui ne prend pour l'heure absolument pas. À force de vouloir multiplier les options offensives, Techland n'aurait-il pas oublié la simplicité salvatrice du premier volet ?

Dying Light 2 gameplay

Rester Humain

Mais comme dans la vraie vie, les plus viles créatures à combattre restent ces fichus humains : plus mobiles et ô combien plus perfides, ils s'illustrent surtout dans les nombreuses traîtrises qui rythment l'intrigue de Dying Light 2 Stay Human. Comme l'illustre l'imminence de la pénurie d'eau annoncée, les coups bas pleuvent, à plus forte raison que s'opposent une nouvelle fois les factions. Lors de certains moments décisifs, Aiden devra lui aussi choisir entre entourloupe et intégrité, comme un écho au sous-titre de cette suite :

"Stay Human", c'est évidemment une phrase que l'on peut interpréter à différents niveaux : restez humains, ne vous faites pas avoir par l'infection ; restez humains, ne mourez pas… Mais je pense qu'au fur et à mesure de votre progression, vous comprendrez mieux pourquoi il pourrait être difficile de « rester humain »…

S'il ne nous aura évidemment pas été possible de mesurer l'impact de nos choix durant ces quelques heures de jeu, mais une fois le contrôle de l'eau repris, il fallait immanquablement décider à qui l'attribuer : les Peacekeepers, qui ont pour certains déjà découvert le double-jeu d'Aiden et multiplieront les pièges ? Ou les Survivors qui rendront la progression dans les rues plus fluide avec leurs matelas et autres tyroliennes ?

Stay human

Breath of the Death

Nous n'aurons malheureusement pas l'occasion de découvrir de nos propres yeux, puisque la dernière partie de cette démo nous propulsait quelques heures plus tard, alors qu'un petit miracle se prépare. Pour la première fois en quinze ans, l'électricité est sur le point de fonctionner, et c'est avec l'émerveillement d'une nouvelle première fois que nos protagonistes (re)découvrent la beauté relative des néons qui dessinent et autres éclairages publics qui transforment la paysage urbain. Cette observation depuis les toits est surtout prétexte à nous permettre d'essayer le système de paraglider, une sorte de parapente qui permet de voltiger de toit en toit, et même plus pour peu que l'on maîtrise le système de courants chauds.

Si cette nouvelle mécanique nous amène rapidement à revoir notre perception de l'environnement immédiat, elle nous donne évidemment envie de refaire un tour dans les zones précédemment parcourues, histoire de les aborder elles aussi sous un autre jour. Malheureusement pour nous, le paraglider se montre lui aussi quelque peu retors à maîtriser, et la latence qui précède son ouverture nous aura causé bien des soucis.

Gageons qu'après un entraînement digne de ce nom, et quelques morts injustes, ce nouveau jouet permettra de mesurer un peu plus les différences qui distinguent le quartier des affaires et ses immenses buildings du vieux centre aux proportions plus mesurées. Les promesses sont là, il n'y a plus qu'à huiler les points de frictions pour définitivement les tenir.

ON L'ATTEND... SEREINEMENT !

Après quelques heures manettes en main, difficile de ne pas s'enthousiasmer pour Dying Light 2 Stay Human, tant la formule s'entend comme une évolution réfléchie du premier épisode. Avec sa thématique bien plus sombre, ses nombreux choix dont il nous tarde de mesurer l'impact, son système de déplacement plus fluide et, plus que tout, son incroyable bande-son qui risque fort de marquer l'année 2022 de son empreinte, cette suite pourrait bien profiter d'un succès critique bâtit sur la durée pour rapidement rencontrer son public... à condition de régler quelques problèmes récurrents d'ergonomie, une gageure au vu de la fragilité de l'existence constamment rappelée.

Une chose est sûre : ces premières heures passées dans la peau d'Aiden Caldwell nous ont bel et bien donné envie de découvrir la version finale de Dying Light 2 Stay Human, désormais attendue pour le 4 février prochain sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series. Et cette musique... CETTE MUSIQUE LES ENFANTS !