Mais la révolution ne s’arrête pas là. La FIA et Liberty Media (la société qui détient les droits du championnat du monde de F1) on fait largement évoluer le règlement pour cette année. Avec cette nouvelle formule (oui, le règlement s’appelle la formule, d’où le nom de la discipline), les voitures doivent répondre à des contraintes aérodynamiques bien plus strictes. Désormais, une grande partie de l’appui aéro sera généré par le dessous de la voiture (via ce qu’on appelle l’effet de sol), et plus par les appendices extérieurs. L’idée étant de générer moins de turbulences dans l’air, et de permettre plus de dépassements.

F1 22 : des indycars ?

Comme vous l’avez sûrement vu, le look des voitures n’a plus rien à voir. L’aile avant est bien plus simple (exit des 10 plans d’appui aux formes complexes qu’on pouvait voir à Monaco), celle de l’arrière adopte une forme plus arrondie, tandis que les fameuses « barge boards » placées après les roues avant (qui déviaient le flux d’air sur les côtés de la voiture, et vers les ouïes de refroidissement moteur) ont simplement disparu. À l’inverse, de nombreux éléments sont apparus, à l’image de ces ailerons placés au-dessus des roues avant, afin de limiter les turbulences qu’elles causent. D’ailleurs, puisqu’on parle des roues, ces dernières ont également muté, avec des jantes qui passent de 13 à 18 pouces de diamètre. Si ce changement a été fait pour des raisons marketing (Pirelli à besoin de vendre des pneus, et les voitures modernes ont des jantes énormes pour des questions d’esthétisme), il y a de vastes implications techniques. L’alliage des jantes étant plus lourd que la gomme des pneus, les roues deviennent plus lourdes d’environ 3Kg chacune, ce qui augmente la masse non-suspendue de la voiture de 10%.

Des nouveautés de poids

Or cette masse non-suspendue à de terribles effets sur le comportement d’une voiture. De même, la jante étant plus loin des disques de freins, il est désormais plus difficile de transférer la chaleur des freins vers les pneus, afin de la garder chauds. Ceci est particulièrement problématique, puisque la FIA a également baissé la température des couvertures chauffantes des gommes de 90°c (leur température d’utilisation optimale) à 70°c. Bref, vous l’avez compris, la F1 a radicalement changé, et cela a donné beaucoup de travail aux développeurs de Codemasters. Du coup, EA Sports F1 22 fait l’impasse sur pas mal de contenus disponible dans l’opus précédent. Si on retrouvera le championnat F2 et une sélection de légendes, le mode narratif appelé Breaking Point est pour sa part passé à la trappe. On devra donc se consoler avec les classiques de la série, à savoir le online, le contre la montre, et la carrière. Cette dernière propose toujours de piloter pour une équipe (en piquant le baquet d’un pilote officiel du coup), ou de monter son écurie, ce qui permet d’accéder au traditionnel système de gestion. Il faudra s’occuper de son personnel, des finances, des sponsors, tout en gérant la R&D.

nouvelles destinations pour la F1

Niveau contenu, jeu à licence oblige, on retrouvera l’intégralité des voitures et pilotes de la saison 2022, y compris les changements de dernière minute, comme le remplacement de Nikita Mazepin par Kevin Magnussen dans le baquet de la Haas. On va également pouvoir découvrir des circuits qui ont évolué, comme Albert Park en Australie et SPA-Francorchamps en Belgique, et des tracés intégralement nouveaux comme celui du GP de Miami (qui s’est couru ce weekend !). Sur ce dernier, on n’a d’ailleurs pas grand-chose à dire, si ce n’est qu’il s’agit encore d’un tracé artificiel fait sur le parking d’un grand stade. Le circuit n’est pas très enthousiasmant, et quand on tourne dessus, on a franchement l’impression de se trouver à Bakou. La Floride offre quelques courbes en plus, mais globalement, cette nouvelle piste n’est pas vraiment un argument de vente. Forcément, toutes ces nouveautés ont demandé énormément de travail aux développeurs. À titre d’exemple, rien que les arrêts aux stands ont été un calvaire. Avec le changement de la taille des roues, Codemasters a du refaire toute la motion capture des mécanos afin de proposer des animations crédibles une fois en jeu.

L'odeur de la gomme gelée

Une fois derrière le volant, le comportement de ces nouvelles monoplaces n’est pas radicalement différent, même si elles ressemblent davantage à des indycars. Si vous avez poncé les épisodes précédents, le comportement routier ne devrait pas vous dépayser, même si on sent que le poids a augmenté. Cet embonpoint se traduit surtout lors des changements rapides de direction ou dans les chicanes à basse vitesse, mais globalement, il faudra vraiment passer d’un jeu à l’autre pour pouvoir s’en rendre compte. Ce qui va le plus transformer le pilotage, c’est surtout la nouvelle règlementation sur les couvertures chauffantes. Avec des pneus à 70°c, l’entrée en piste est un calvaire, avec des gommes qui n’offrent quasiment aucun grip.

On ne vous cache pas que la première mise de gaz en sortie de stands s’est rapidement transformée en tête à queue. Il va donc falloir passer au moins un tour à faire délicatement monter la température des pneus, via des accélérations, du freinage et de grands coups de volant. C’est d’autant plus délicat, qu’une fois en course, il devient très compliqué de sacrifier du temps à cette tâche sur le tour de sortie de stand. Bien sûr, plus le réglage de réalisme est poussé, plus le problème sera présent. Sans aucune aide de la part du traction control ou de l’ABS, il faudra se montrer particulièrement délicat avec les gaz et les freins. À l’inverse, avec les aides activées à fond, le problème ne se posera même pas.

Placement de produit

Pour autant, une fois en jeu on note quelques petites nouveautés, dont la possibilité d’être actif lors de certaines phases, comme la formation de la grille. On va désormais pouvoir amener notre monoplace sur son emplacement de départ, et si la moindre faute sera sanctionnée (être trop loin ou trop en arrière), cela offre quelques perspectives. En effet, il est possible de placer la voiture parfaitement droite, ou de l’incliner d’un côté ou de l’autre, ce qui va changer notre trajectoire lors du départ. On peut ainsi opter pour un placement agressif qui nous rapproche directement des concurrents, ou la jouer safe en partant tout droit. De même, les arrêts aux stands vont désormais être un peu plus actifs avec un mini-jeu qui nous demande de braquer pile au bon moment pour faire une entrée parfaite dans le box. On avoue être pas loin de la QTE, et vu la dextérité de votre serviteur sur ce genre d’exercice, on a surtout eu affaire à des pit-stops plus longs à cause de nos réflexes. Ceci dit, tout est facultatif, et si vous ne voulez pas en passer par ces petits plus, il est tout à fait possible de conserver la formule traditionnelle du pit-stop automatique, ou du placement en grille fait par l’IA.

Niveau contenu, on a pu essayer des grand-prix (avec sprint race du samedi) et faire un peu de contre-la-montre histoire de grimper un peu le leaderboard. Après quelques réglages sur la difficulté de l’IA, on a finalement réussi à trouver une voiture qui roulait dans notre rythme, afin de la coller au plus près, et de voir si les perturbations ont effectivement diminué. Sans surprise, on n’a pas vraiment constaté de changement par rapport à F1 2021. Faut-il mettre en cause notre niveau de pilotage, le matériel (un T300RS un peu âgé), ou bien le jeu en lui-même ? Difficile à dire. Reste que pour ceux qui aiment la F1, le jeu final devrait bel et bien offrir un contenu similaire aux opus précédents, avec le système de création de sa propre écurie, et tout l’aspect gestion qui y est attaché. Enfin, visuellement, les évolutions ne sont pas folles, avec des bolides toujours aussi beaux, et des pilotes à la modélisation un peu plus aléatoire.

On l'attend... car on est client !

EA Sports F1 22 est clairement un épisode de transition qui marque l’avènement d’une toute nouvelle règlementation. Les voitures ont changé, et le simple chantier que cela représente aura eu raison du temps de développement. La série étant annualisée, Codemasters ne dispose que de quelques mois pour chaque jeu, ce qui oblige à appliquer de petites modifications sur chaque titre. Si vous êtes un gros fan de la discipline, l’achat est probablement déjà budgété, mais si vous êtes un amateur plus occasionnel, il est possible que l’aspect un peu brut de l’opus qui arrive ne vous hype pas. Quoi qu’il en soit, il faut encore patienter quelques temps avant de voir arriver la version définitive du jeu sur laquelle on pourra réaliser notre test. On devrait également pouvoir y découvrir d’autres circuits, et ainsi mieux se rendre compte des évolutions apportées par les monoplaces de cette année.