Développé et édité par AdHoc Studio, Dispatch propose un intrigant mélange entre Visual Novel avec des choix multiples comme les productions de Telltale, et jeu de stratégie/gestion, où notre rôle est d’envoyer une équipe de super-héros doublés de bras cassés vers diverses missions urgentes, en fonction de la situation. Un cocktail vraiment pas commun, mais qui s’avère pourtant extrêmement prometteur, en tout cas de ce qu’on a vu dans la démo. Voyons ça de plus près depuis notre poste de « répartiteur », en bon français. 

The Boys/Invincible et Telltale ont eu un super-enfant, nom de code Dispatch

Dispatch place son récit dans un monde protégé par des super-héros, mais traite le sujet de manière humoristique et caricatural, à l’image d’œuvres célèbres du genre comme The Boys et Invincible. Cela prend d’abord la forme d’une Visual Novel où nous incarnons Robert Robertson, autrefois connu sous le nom de code Mécha Man, mais qui a dû prendre une retraite anticipée suite à un accident et la destruction de son armure. 

Ses heures de gloire sont donc a priori derrière lui, mais il se reconvertit en travaillant comme « répartiteur », une sorte de chef d’équipe en contact avec des super-héros sur le terrain pour les répartir dans diverses missions selon les besoins. La démo de Dispatch commence par l’arrivée de Robert au bureau avec une longue cinématique, ponctuée de divers choix de dialogue. Dès lors, on retrouve tout le sel qui a rendu les jeux Telltale populaires, avec une solide qualité d’écriture, ainsi qu’en supplément une délicieuse touche d’humour, et surtout une patte artistique de très grande qualité, dans un style graphique comics de fort belle facture. 

Dispatch Direction Artistique
© AdHoc Studios

Si nous n’avons droit qu’à un extrait du premier jour de Robert dans son rôle de Dispatch, on sait déjà qu’il prendra rapidement du galon, avec des choix proprement cornéliens au fil de l’histoire. Ce tant s’agissant de l’avenir de son équipe, mais aussi des relations (amicales ou plus si affinité) qu'il pourra entretenir avec eux, alors que notre protagoniste est au départ loin de faire l’unanimité auprès de ses collègues. Et même si la démo n’a duré que quelques minutes, on s’est déjà beaucoup attaché aux personnages hauts en couleur du jeu. Chacun affiche en effet une personnalité forte, avec ses espoirs et ses doutes, qu’on a hâte d’explorer dans la version finale du titre d’AdHoc Studio. On est également très curieux de voir si le savant jeu d’équilibre entre un humour bien décalé et des événements plus dramatiques saura se maintenir sur la durée. 

Dispatch Choix Dialogues
© AdHoc Studios

Comble du bonheur, tous ces dialogues sont assurés par un casting vocal (uniquement en anglais, au grand dam des anglophobes, cela dit) 5 étoiles, comptant notamment Aaron Paul (Jesse dans Breaking Bad), la délicieuse Laura Bailey (Critical Role ; Abby dans The Last of Us Part 2), ou encore Jeffrey Wright (Isaac dans la série The Last of Us ; Bernard dans Westworld). S’agissant de son aspect Visual Novel, Dispatch méritait donc déjà toute notre attention. Mais il frappe également très fort avec un gameplay stratégie/gestion vraiment bien ficelé, même pour moi qui ne suis d’habitude pas un grand amateur du genre, à l’exception des jeux de stratégie tactiques à la XCOM.

Gérer des super-héros, c’est un sacré boulot, mais on en redemande déjà !

Outre ces nombreux passages narratifs à base de conversations au bureau, réunions de crise avec notre équipe, et probablement des moments plus privés, notre rôle de Dispatch prend la forme d’un jeu de stratégie/gestion depuis notre poste de travail. On quitte alors les cinématiques superbement animées, pour une interface plus sommaire, mais définitivement charmante. 

De là, on peut d’abord consulter le dossier de chaque membre de notre équipe, pour en connaître les forces et faiblesses, ainsi que leur caractère. Tout ceci se découpe en statistiques comme l’agilité, le charisme, la force ou encore l’endurance, mais aussi les tâches dans lesquelles chaque coéquipier excelle. Un sera par exemple plus apte à la déduction pour résoudre un crime, tandis qu’une autre sera plutôt portée sur la bagarre, ou les activités d’infiltration. Autant d’éléments avec lesquels il faudra jongler constamment, et souvent dans l’urgence.

Dispatch Interface Partie Gestion
© AdHoc Studios

Au fil de la journée, nous allons en effet recevoir plusieurs appels dans le quartier que nous gérons, et souvent de manière simultanée. Si on ne réagit pas rapidement en envoyant l’agent adéquat, la mission expirera, ce qui risque à terme de nous coûter le respect de nos collègues ou pire, notre poste. Dispatch nous force donc constamment à prendre des décisions sur le fil, et sait même nous mettre dans des situations plutôt stressantes. D’autant que, après avoir fini une mission, les super-héros qu’on gère vont devoir se reposer, voire partir en pause sur leur temps de travail à notre insu, alors qu’ils auraient pu être parfaits pour une mission qui vient d’apparaître, mais qu’on ne peut donc pas envoyer. Il faudra ainsi souvent faire des compromis, en espérant que ce soient les bons. 

Une fois qu’un de nos coéquipiers a fini sa tâche, il recevra par ailleurs un compte-rendu pour juger de son efficacité sur le terrain, montera en expérience pour améliorer ses statistiques selon  nos choix, et débloquera des compétences uniques pour le rendre encore plus efficace en combo avec d’autres collègues, par exemple. Ainsi, mieux on arrive à gérer cette équipe haute en couleurs, mieux elle se développera pour s’attaquer à des missions toujours plus complexes par la suite. En parallèle, leur appréciation envers leur Dispatch évoluera de manière positive, ou forcément négative si on prend les mauvaises décisions.  

Dispatch Stats Equipiers

À noter enfin que nous pourrons également prendre une part active dans certaines missions, avec un mini-jeu de hacking relativement simple, mais qui apporte un peu de variété bienvenue. Même si cette partie de la découverte de Dispatch fut bien trop courte dans cette démo, l’expérience nous a instantanément plu, tant le jeu présente un savant équilibre entre accessibilité et mises en situation stressantes. On prend légitimement plaisir à gérer notre équipe au mieux de nos capacités, d’autant que tout l’exercice est ponctué par des discussions qui font toujours mouche entre Robert et ses collègues.

Dispatch nous a conquis, et on attend la version finale avec impatience

Malgré un aperçu très court dans sa démo, Dispatch nous a totalement séduit par son improbable mais pourtant très convaincant mélange entre Visual Novel et jeu de stratégie/gestion de super-héros à problèmes. Visuellement très aguicheur, fort d’un humour caustique savoureux, et complété par un gameplay offrant un solide équilibre entre accessibilité et choix cornéliens sous pression, le titre d’AdHoc Studio est déjà très bien parti pour être une des plus belles pépites indés de 2025. On n’attend donc qu’une chose : retrouver ces personnages hauts en couleur et voir où notre aventure de répartiteur va bien nous mener dans la version finale à venir dans les prochains mois d’un jeu qu’on surveille de très près.