Après s'être résolu à parler à la police, Dexter se voit pourtant forcé de reprendre le relais. Travis de son côté se prépare à mettre Wormwood à exécution dans les locaux de la police de Miami. Debra, elle, va voir Laguerta lui mener la vie dure encore une fois et va se mettre à se poser des questions sur sa relation avec son demi-frère.

Ma foi, quel étrange épisode que cette avant dernière virée en compagnie de Dexter. Voilà donc une fournée qui avait entre les mains les élèments explosifs d'un début de final magistral et qui se prend finalement les pieds dans le tapis presque à chaque fois. Il est étonnant de voir à quel point l'échec est inexplicable.

Car nous avons bien affaire à un pur échec scénaristique. Un aveu d'impuissance géant de 45 minutes de la part des scénaristes. Une façon de dire qu'ils ne savent absolument plus quoi faire de leur personnage principal, et des autres d'ailleurs, et que leur intrigue les a dépassé. La descente aux enfers commence dès les premières minutes. Le mini-twist impliquant Batista prend fin rapidement et sans fracas, Dexter revient sur sa bonne résolution de travailler avec la Police à cause d'une facilité scénaristique qui va voir le Miami Metro court-circuité par la défense intérieure, et Wormwood, qu'on attendait si stressant retombe comme un soufflé. Ce dernier échec est facilement explicable. Les seuls personnages majeurs présents dans les bureaux de la police au moment de l'attaque sont Dexter et Debra. A partir de là on sait que l'issue ne pourra être qu'heureuse, surtout dans une série qui ne cultive pas le courage scénaristique. Ce principe de suspens détruit par la mise en danger des mauvaises personnes se répètera tout du long et jusqu'à la scène finale qui tente de nous faire trembler pour un Dexter en danger. Sauf qu'on est bien tous au courant qu'il y'aura encore deux saisons les gars !

A ce titre, le teaser annonçant le Season Finale de la semaine prochaine tombe déjà à l'eau. Certes les courts extraits de fin d'épisode sont très efficaces mais on se demande comment les scénaristes vont réussir à nous embarquer avec des enjeux qu'on sait vides de danger. Mais l'épisode n'est pas que gâché par sa fausse tension, il faut aussi noter l'idée la plus saugrenue de toute l'histoire de la série. Car selon la psy de Debra (ce n'est pas comme si la psychanalyse était une vaste escroquerie), celle-ci serait en fait amoureuse de son demi-frère ! (sic ta mère) Ou comment tenter par tous les moyens de mettre en route la confrontation finale en lui rajoutant une portée dramatique inutile. Certes cela met très mal à l'aise et on aura au moins ressenti quelque chose pendant cet épisode, mais l'idée est tellement folle qu'on fini par rire, surtout lors du rêve final, digne d'un téléfilm érotique de M6.

On pourrait rajouter que Travis perd de plus en plus sa symbolique religieuse en sombrant dans la pure folie criminelle, perdant au passage un peu de son sel. On pourrait aussi dire que les scénaristes n'ont pas su développer le personnage de Louis et que la narration l'accompagnant est complètement ratée. Comme le montre parfaitement Dexter qui semble mourir à chaque fois qu'il le voit, Louis intervient toujours au pire moment. On est quand même curieux de savoir ce qu'il cache mais tout cela est terriblement mal amené. On peut toutefois mettre au crédit de l'épisode une ouverture sur un arc Laguerta-Deb qui pourrait encore destabiliser un personnage déjà chancelant mais ce n'est au final que quelques secondes noyées dans un océan de médiocrité.

J'ai beau avoir adoré ses premières saisons, j'ai beau trouver Michael C.Hall génial et j'ai beau respecter le pitch de départ, on ne me fera jamais avaler que Dexter est une grande série. Elle aurait pu, elle eut été, mais cet épisode 11 commence même à montrer les premiers signes d'une mauvaise série. C'est mal écrit, mal raconté, le suspens tombe toujours à plat, les scénaristes ne savent plus quoi faire de leurs personnages et on commence même à voir poindre les premières idées folles issues d'un désespoir créatif. Vous connaissez l'expression 'ricaine "jump the shark" venue de Happy Days et désignant une folie scénaristique tentant de raviver l'attention d'un public déjà ailleurs ? Alors vous comprendez quand je dis que cet épisode est totalement "jump the shark". C'est raté, médiocre et on peut légitimement avoir peur en pensant qu'il reste encore deux saisons à combler. Savoir s'arrêter est un art aussi important que celui de l'écriture. Demandez à Vince Gilligan.