Que ne fût pas décrié le Mega-CD tout au long de sa très courte existance, périférique très vite dépassé, et surtout cantonné à servir de faire valoir à une console de légende dès sa mise en service. Il est pourtant assez paradoxalement un peu en avance sur son temps à sa sortie fin 1991 au Japon, tout en étant quasiment déclaré désuet quelques mois plus tard, à une époque ou une sucession de consoles plus puissantes, et elles aussi munies d'un lecteur CD vont rapidement le supplanter.  Un idée dans l'air du temps donc, mais exécutée par Sega, un peu en dehors de toute cohérence stratégique, et qui va indéniablement et assez rapidement lui porter préjudice. Coincé entre une Megadrive 16 bit au répertoire très large et une Saturn 32 bit en devenir, désirée et soutenue contre vents et marée par certains pontes de Sega au Japon, le Mega-CD se voit occtroyer la difficile tâche de faire le pont entre deux générations, sur fond d'une révolution qui s'annonce: l'avènement de la 3D dans le monde du jeu vidéo. Elle se battra avec ses armes, qui peuvent faire rigoler certains, mais qui ne sont pas dénuée de charme, loin de là!

La tâche du jour qui consiste à sélectionner cinq jeux triés sur le volet et qui constituent la crème de la crème sur le support, pourra alors sembler relativement facile, vu le nombre limité de titre qui nous viennent à l'esport quand on pense au support. Mais c'est oublier que la bête à eu, en un peu moins de trois années d'activité, le temps d'accueillir tout de même plus de 200 titres. Une belle performance, même s'il faudra faire le tri, avec certains softs qui tiennent plus de l'aventure interactive déguisée en jeu vidéo, ou encore les quelques portages parresseux de titres 16 bit sur lequel un peu de maquillage à été ajouté à la volée. De fait, certains jeux aussi intéressants soient-ils passeront peut-être à la trappe, pour votre plus grand désarroi. C'est le cas d'excellents portages, à l'image de Mortal Kombat 2 ou encore NHL 94, dont les versions Mega-CD sont sans doutes les meilleures, mais ne peuvent cependant pas prétendre intégrer ce classement, étant trop proches de leur version Megadrive. C'est également le cas du très limité Night Trap, jeu majeur de la console, pas toujours pour de bonne raisons, et définitivement le témoin d'une époque révolue. Exit ces quelques versions supérieures, sauf quand elles apportent un indéniable et énorme plus, et ces aventures interactives molassonnes, afin de faire toute la place au Top 5 des plus grands jeux du Mega-CD!

 

Numéro 5: Final Fight CD

Exit les refontes de titres certes, mais dès lors qu'elles apportent suffisament pour se démarquer singulièrement des portages précédents, et qu'elles sont issues de ce qui en leur coeur constitue un excellent jeu, elles ont naturellement toute leur place ici. C'est le cas de ce Final Fight CD. Une véritable pépite de la console, qui tire le meilleur des capacités du support CD afin d'offrir au joueur une expérience tellement proche de sa version Arcade, que certains ne s'en sont toujours pas remis. Jugez plutôt: Vous aurez la possibilité d'incarner enfin, les trois protagonistes principaux de l'aventure, Guy, Cody et bien sur ce monstre de muscle qu'est Haggar, avec, plaisir ultime, la possibilité de traverser enfin les rues de Metro city en compagnie  d'un ami, puisqu'une option deux joueurs est également au menu. Final Fight CD ne s'arrête pas en si bon chemin, et il a le bon ton de remixer également sa musique, pour le mieux, afin de rendre les combats plus dynamiques. Il n'oublie pas par ailleurs d'intégrer des voix digitalisées à nos héros, afin de rendre les scènes cinématiques plus vivantes. Pour finir, cette version survitaminée signe aussi le retour du stage en zone industrielle, cher aux amateurs de la version Arcade. Pour arriver à caser toutes ces petits instants de bonheur sur son joli CD, et nous rappeler qu'il tourne sur une 16 bit de 1988, le jeu doit tout de même encore faire quelques concessions, notamment au niveau de la vitesse de déplacement de nos chers Cody et Guy, mais surtout au niveau de ses graphismes, utilisation de la palette de couleur de la Megadrive oblige, et qui parraissent tout droit sortir d'une machine à laver après un essorage un peu trop intensif. Qu'à cela ne tienne, pas de quoi ternir un portage réalisé par Sega himself avec brio, et plus que jamais forger la légende d'un jeu majeur de l'industrie. Et puis, obtenir enfin une version si proche de l'Arcade à la maison grâce au Mega-CD, cela valait bien une petite place au sein de ce classement, n'est-ce pas?

 

Numéro 4: Shining Force CD

Encore un portage en 4ème place aujourd'hui. Mais d'une part, c'est le dernier, promi juré, et surtout, d'autre part, il s'agit ici d'un titre qui réunit plusieurs jeux en un. Ces softs qui plus est, issus d'une série de T-RPG de référence, ont eu le bon ton d'avoir connu une traduction dans la langue de Shakespeare, afin qu'un plus grand nombre puisse en profiter. Car si jouer à Shining Force Gaiden premier du nom en japonais sur sa petite Game Gear est intéressant, parcourir sa version Mega-CD, et sa suite directe Shining Froce Gaiden 2: Sword of Hajya, au sein d'une version magnifiquement mise au goût du jour, est forcément un bonheur pour tout amateur de la série. Un bonheur que je m'empresse de partager avec vous, et qui fait de ce Shining Force CD à mes yeux un incontournable de la console, à ranger aux côtés de ses deux épisodes Megadrive, résolument magiques eux aussi comme le signale ce résent classement des 5 plus grands RPG de la Megadrive. Qu'apporte ce titre, amalgame de jeux portable 8 bit me direz vous, au-delà d'une réalisation 16 bit convaincante? Beaucoup de choses. A commencer par une durée de vie gigantesque, à l'égal de ce que pouvait proposer Shining Force 2. Et si les phases d'exploration, d'achats d'équipements et recrutement des membres de votre armée sont ici réduits à leur plus simple expression, il ne se loupe pas sur l'essentiel: Un système de jeu qui vous plonge au coeur de batailles toujours plus intenses et passionnantes, avec en toile de fond, un scénario et une galerie de héros toujours aussi attachante. Le développeur Camelot n'oublie pas de nous saupoudrer le tout d'une OST magistrale, qui fait une fois de plus honneur à la série, et tire profit des avantages du Mega-CD d'une manière toute à fait convaincante. Que manque-t-il à ce Shining Force CD pour en faire le T-RPG parfait de sa génération? On pourrait chipoter et dire que Shining Force Gaiden 3 n'est pas inclus en bonus dans le lot, mais entre nous, cela serait limite être mauvaise langue...        

 

Numéro 3: Lunar: Eternal Blue

Plongé que je suis avec bonheur et délectation dans les plus grandes heures du RPG 16 bit en compagnie de Shining Force, vous ne comptiez pas vous en tirer à si bon compte, et me faire oublier le genre aussitôt. Non, pas avant d'avoir parlé quelques instants de Lunar: Eternal Blue. Impossible de passer sous silence ce monument du RPG, et donc jeu absolument majeur de ce cher Mega-CD. Un deuxième épisode d'une série trop souvent oubliée, qui aura pourtant connu le succès par la grâce de quelques portages sur consoles 32 bits. Une fois n'est pas coutume, ici c'est bien la version originale que l'on retrouve sur cette bonne vieille platine à CD 16 bit de Sega. Doté d'un système de combats qui approche déjà la perfection en la matière et qui préfigure ce que sera la série des Grandia, ce second épisode de la saga des Lunar est sans doutes le plus abouti et le plus passionnant qui soit. Doté de graphismes colorée et somptueux, il possède pour notre plus grand plaisir, une immense durée de vie qui vous fera, par la grâce de ses 4 CD tout de même, traverser de vastes donjons et environnements toujours plus variés. Le tout entrecoupé de scènes animées du plus bel effet. Le scénario, certes quelque peu convenu, prends le temps de développer ses personnages attanchants, et n'est pas exempt de quelques rebondissements intéressants. Bref un sans fautes sur toute la ligne pour Game Arts, si ce n'est ces quelques altérations portés au jeu par Working Designs lors de sa localisation en Occident, qui déséquilibrent le gameplay alors que celui-ci était juste parfait dans sa version d'origine. D'autant plus dommage que la traduction est par ailleurs de grande qualité. Quoi qu'il en soit, un jeu a essayer de toute urgence et qui mérite largement sa place de RPG de référence sur la console! Et tant que vous y êtes, n'hésitez pas non plus à vous essayer à Lunar: The Silver Star, un grand frère tout aussi délicieux, et un moyen parfait de prolonger l'expérience.

 

Numéro 2: Sonic CD

La mascotte de Sega se devait d'occuper le terrain du Mega-CD, et le moins que l'on puisse dire c'est que le contrat est rempli haut la main. Avec son level design qui prends des contours labyrinthiques et qui plaira aux âmes d'explorateur, ses niveaux bonus classieux sous la forme de véritables courses sur circuit afin de vous permettre d'attraper les émeraudes du chaos, le jeu possède de sacré atouts en plus de la vélociété légendaire de son héros. A cela s'ajoute au coeur du jeu, un système qui vous permet de naviguer, tel une Dolorean lancée à pleine vitesse dans Retour vers le Futur, entre passé, présent et futur, et changer ainsi subtilement le cours des niveaux que l'on traverse, tout en permettant à notre héros de sauver le futur de la planète, en lui assurant un avenir radieux. On peut dire que Sega n'a pas fait les choses à moitié! Ce satané Dr Robotnik vous attends comme d'habitude, armé jusqu'à l'os, pour un combat de boss comme il se doit, après avoir traversé chacun des 7 niveaux du jeu, tous décomposés en trois zones. On se retrouve, chemin faisant, face à un titre de plateforme à la durée de vie plus que correcte, beau et coloré, maniable, à l'égal de ce que propose les meilleurs opus de la saga Sonic sur Megadrive. Une franche réussite et un incontournable pour tous les amateurs du hérisson qui ne seront pas dépaysés. Cerise sur le gâteau pour les acharnés: Sonic CD propose selon les versions du jeu, qu'elles proviennent des Etats-Unis ou du reste du monde, des musiques qui diffèrent du tout au tout. Une manière d'appréhender l'aventure avec deux ambiances différentes, mais surtout de prolonger son expérience en compagnie de ce jeu de plateforme d'exception! Une seconde place largement méritée de fait, qui aurait pu se transformer en première, si ce n'était tout le talent d'un réalisateur de génie qui va offir au Mega-CD son plus beau bijou...

 

Numéro 1: Snatcher

Et ce joyau de la couronne se nomme Snatcher, avec à la baguette un Hideo Kojima en grande forme, qui s'inspire ici des plus grands classiques du cyberpunk afin de nous pondre une aventure absolument unique et envoutante. Au premier abord, le jeu se présente comme une aventure textuelle quelque peu classique, alliant avec talent un point & clic aux accents occidentaux et un visual novel typiquement nippon. Il intègre en cela dans ses gènes les codes qui régissent ces deux mondes. Il y a certes du génie à réussir à retranscrire une ambiance digne du chef d'oeuvre cinématographique de Ridley Scott, Blade Runner, mais lui apporter une touche venue du pays du soleil levant, et lui intégrer des mécaniques de gameplay intéressantes, et une présentation visuelle et sonore absolument parfaite font de Snatcher un titre dans lequel on s'immerge immédiatement, et duquel on ressort transformé. Allant au-delà de l'effet de mode du support qui surfe sur des aventures interactives digne de la série Z, proposant des jeux au gameplay dérisoire ou tout du moins bancal, le jeu d'Hideo Kojima nous offre lui une aventure palpitante et maitrisée de bout en bout, qui n'oublie pas de renouveller son gameplay par petites touches, à l'image de ces phases d'affrontements avec vos ennemis qui peuvent parfaitement se régler à l'aide du Justifier, l'accessoire qui prends ici toute sa place et renforce encore un peu plus l'immersion. Le titre nous surprends également par ses nombreux retournements de situation, la maturité de son propos et la classe des personnages que l'on rencontre aux quatre coins de ce Neo Kobe City, mégalopole rutilante, et théatre d'opération magnifique, dont ont perçoit la vie et le pouls à chaque instant. Comment ne pas attribuer la première place au classement du jour à ce véritable ovni ? Ovni que Konami a eu le bon ton de modérément censurer à l'occasion de sa localisation en Occident, un point positif si l'on compare au traitement habituellement réservé à ce type de production à l'époque. C'est désormais chose faite, Snatcher est officiellement le meilleur jeu du Mega-CD, un support décidemment rempli de bonne surprises! 

 

Vous l'avez compris, les titres de qualité ne manquent pas sur cette console quelque peu perdue dans les limbes de l'Histoire. De fait, ne partez pas tout de suite, vous connaissez d'orénavant la musique, il reste bien sur quelques titres très recommandables à se mettre sous la dent sur le support. C'est aussi pour moi l'occasion et le moment d'aborder quelques genres qui ne sont pas représentés dans ce Top 5 mais qui méritent toute autant votre attention. Commencons donc par ces quelques aventures interactives et portages de titres 16 bit au format cartouche que j'ai volontairement écartés, mais qui attestent par leurs qualités, du bien fondé de certains développeurs à vouloir proposer de tels jeux sur le support. A commencer par cette très haletante course poursuite: Road Avenger, qui donne tort à tous ceux qui considèrent le format de la vidéo interactive comme irrémédiablement incompatible avec un bon game design et de fait, incapable de proposer un bon jeu. Toute le savoir faire et la folie de Yoshihisa Kishimoto, le papa de Double Dragon s'exprime ici pour notre plus grand bonheur! Le titre du portage le plus réussi sur la console revient sans aucun doutes lui à Earthworm Jim CD, restranscription du jeu du même nom, qui se voit doté au passage de nouvelles armes, de nouveaux niveaux, et d'une réalisation optimisée qui rend le vers de terre le plus célèbre de la planète plus groovy que jamais.

Prime à l'originalité oblige, terminons cependant ce tour d'horizon avec les véritables propositions originales au support, à commencer par le superbe titre d'action que constitue The Terminator, sans doutes la plus belle adaptation de l'oeuvre de James Cameron en jeu vidéo. Du côté de l'action-RPG nous ne sommes pas en reste non plus grâce au très jovial et coloré Popful Mail de Falcom, habile mélange des genres, qui démontre une fois de plus tout le savoir faire d'un développeur au CV en la matière, long comme le bras. Un peu plus atypique, la proposition de Cryo, qui nous plonge au coeur de l'univers passionant de Dune pour un jeu du même nom, est une vraie réussite, subtil mélange entre jeu de stratégie et jeu d'aventure textuelle. Enfin terminons en beauté par ce qui constituait déjà un indéniable point fort de la Megadrive, sa librairie de Shoot them'up, puisque l'extension du Mega-CD n'est elle non plus pas en reste, proposant quelques petites pépites fort sympatiques. A commencer par le formidable Lords of Thunder, qui même si le lui préfère sa version PC-Engine CD, n'en demeure pas moins exceptionnel ici. Poursuivons avec le rutilant Silpheed, prouesse technique pour l'époque, et le tout à fait kawai et pourtant diablement accrocheur Keio Flying Squadron. Nous avons fait le tour du sujet? Non, il manque le meilleur d'entre tous: Robo Aleste, indéniable 6ème du classement du jour, qui s'est vu souffler sa place d'un cheveu, mais qui demeure une référence extrêmement solide pour tout amateur de Shoot them'up qui se respecte!

Une nouvelle fois, n'hésitez pas à faire part ici de vos plus belles expériences sur ce support absolument délicieux que constitue le Mega-CD, et vous remémorer vos plus belles heures en compagnie de la plus belle extension jamais proposée par Sega sur sa mythique console de salon 16 bit.

Et à très vite pour un nouveau Top, qui va nous faire...retourner encore plus loin en arrière, au coeur des années 80.