Voilà une rumeur tenace qui a toutes les chances de se transformer en prophétie autoréalisatrice. Evoluant dans un environnement où l’incertitude économique est exacerbée par la crise sanitaire, Sega s’est lancé dans une restructuration managériale et organisationnelle majeure afin « d’accélérer la prise de décision » stratégique. D’aucuns voient dans ce contexte critique que traverse le groupe japonais, le retour d’un hypothétique chevalier blanc…

A grand renfort de formules toutes faites dont le monde de la finance est friand, l’éditeur cherche à travers cette énième réorganisation interne à « dynamiser le développement commercial à l’international en rationalisant la structure du groupe » pour ainsi en améliorer « son efficience ». Concrètement, et sur fond de passation de pouvoir entre le PDG de la holding Sega Sammy et son fils, le géant de l’édition choisit d’adopter une structure plus souple en décloisonnant ses différentes branches jeux vidéo et divertissement des activités Pachinko de Sammy. Elles deviendront plus réactives aux changements brusques de l’environnement. L’assainissement de la branche arcade démarrée quelques mois plus tôt entre dans ce cadre.

Le sort personnel de Toshihiro Nagoshi, l’un des rares rescapés de la purge de 2005/06, a cristallisé l’attention. Figure historique idéalisé des années d’insouciance financière, le créatif revient dans un rôle à sa dimension, plus proche des développeurs que de leur lointaine supervision.

Réorganisation, licenciement, pandémie… cette forte période de troubles pourrait entamer le moral du personnel de Sega. Les célébrations des soixante bougies de l’éditeur comme fixation d’un nouveau cap aideront à la remobilisation de ces derniers autour d’un projet d’entreprise commun alors que plane l’éventualité d’un rachat partiel de ses activités. En effet, ce réaménagement des pôles jeu-vidéo et divertissement donnant lieu à une plus grande autonomie de décision à l’égard de l’état-major, favorise les spéculations.

Et ce dans un climat des affaires où les appétits se réveillent à l’aune d’un nouveau cycle technologique. Candidat ambitieux mais malheureux au Japon, Microsoft est désigné comme probable acheteur desdites branches relativement affranchies de la holding Sega Sammy. Le numéro un de l’informatique n’a jamais caché ses intentions, d’autant qu’hasard de l’actualité, la plate-forme Twitch a diffusé hier une entrevue croisée d’anciens décideurs de Nintendo et Microsoft durant le NY Game Awards.

Robbie Bach, alors responsable du département Xbox, révèle l’aversion de la société informatique à fabriquer sa propre console. Ce qui l’a naturellement poussé à chercher des candidats potentiels : « Nous en avions discuté avec l’ensemble des fabricants de PC, nous avions touché mots à Sega ainsi qu’à Nintendo ». Voilà qui alimentera assurément les spéculations… Mais de vous à moi, la mariée est bien trop belle.