Hier
soir, j'étais tout excité à l'idée de débourser 5 euros pour essayer le premier
vrai DLC de Resident Evil 5 - jeu que
j'avais plutôt aimé contrairement à d'autres (pour moi, la trahison a eu lieu
avec l'épisode 4 et j'étais parti avec l'idée que la série n'avait plus rien à
perdre). Pour ce Lost in Nightmares,
je ne m'attendais à rien de plus qu'un simple moyen de replonger dans le jeu et
de retrouver l'ambiance du tout premier. C'était jeudi soir après tout, j'avais
juste besoin d'un petit truc facile et efficace pour me dépanner avant d'entamer
le dernier jour de travail de la semaine.

Sauf
que Lost in Nightmares est une
arnaque totale. Même à cinq euros, même gratuit, c'est une arnaque absolue.
Capcom a visiblement abandonné tout souci de qualité pour cette série et se
contente de nous livrer du réchauffé, ça tombe bien puisque c'est aussi la
politique pour 80% des DLC qu'on trouve sur le PSN. Même un costume collector de
Chris Redfield en Bécassine vendu à 50 euros aurait été une arnaque moindre.
Car là, on ose appeler ça un jeu.

Ce
qui suit révèle des moments clés d'un jeu où il ne se passe rien :

Nous
débarquons à deux dans un manoir qui ressemble à celui du premier épisode. Il y
a du sang par terre et des cadavres dans l'entrée (on imagine une sale odeur de
décomposition). Assez vite, on se rend compte qu'il s'agit en fait d'un manoir
très simplifié - Lord Spencer, le malade de la manivelle, a visiblement
été un peu paresseux quand il a établi les plans de sa nouvelle demeure. Chris « feune »
dans les couloirs pendant que Jill le suit ou le précède, mais elle avait l'air
bien moins conne dans les précédents jeux : là, elle a une fâcheuse
tendance à nous coller dans les pattes ce qui, dans de tels lieux exigus (des couloirs
qui rappellent la tristement célèbre séquence de la mine de RE5 avec une Sheva à l'IA déficiente)
est gênant, pour ne pas dire très ambigu. Niveau déplacement, on retrouve toute
la rigidité du titre - rien n'a changé - et Chris angoisse à l'idée de croiser
des monstres au détour des couloirs, car il lui est impossible de viser et de bifurquer
en même temps.

Heureusement
pour lui, il n'y a pas de zombies dans ce manoir, il n'y a même pas de
monstres, il y a trois chauve-souris mais elles sont pacifistes et
végétariennes. Donc assez vite, Chris se déleste de ses angoisses et se met à
courir dans les couloirs comme un dératé sans ne prêter plus attention à
rien. Jill joue un morceau de piano pour se détendre. Chris ramasse des
emblèmes, des bouts de mot de passe, il insère les emblèmes dans des
emplacements et tape les mots de passe dans un ordinateur (ça lui coûte
quelques neurones, à lui). Jill est prise dans un piège diabolique, façon « énigme
du fusil à pompe de Resident Evil 1 »,
mais le piège est si lent à se déclencher que Chris, qui avait eu le temps de
faire le tour du manoir à cloche-pied pour trouver le mécanisme d'arrêt,
parvient à le stopper in extremis. Des énigmes niveau S.T.A.R.S. : Sans Trop
s'Ammerder à Rechercher la Solution (le A est une allusion à une vieille blague
de Loft Story - saison 2). Cette
première partie contemplative (terme poli pour « casse bonbon ») s'achève
avec un grand saut dans le vide.

Dans
les égouts (une odeur de décomposition nettement plus forte), nos deux héros dégainent
enfin leurs armes, mais Jill claque ses munitions en un rien de temps. Tant pis
pour elle, elle sera privée de balles pour la suite. Ce n'est pas très grave,
puisque la dizaine de monstres que l'on croise ont été finis à la pisse de
Tyrant. Ce sont des cousins germains de Laura Trevor, le monstre à chaînes de Resident Evil (remake Gamecube), en plus
lents, plus inoffensifs, moins résistants. Un court passage du jeu laisse
supposer que les concepteurs avaient quelques notions de game design : Chris et Jill se retrouvent sans armes dans un
espace où ils doivent faire tomber des murs de piques sur les monstres. Mais
encore une fois, ils mettent une trace aux affreux et parviennent à les piéger
comme des bleus. Enfin arrive le sommet du chapitre : une tour dans
laquelle s'était terré le diabolique Albert « Morpheus » Wesker. Le
mec, il n'a rien trouvé de mieux que de se tirer la nouille dans un vieux donjon
peuplé de monstres en attendant le déluge - mais ça fait combien de temps qu'il
nous attend comme ça ? Il a dû trouver le temps long le pauvre... Une
parodie de combat et 3 QTE plus tard, le voilà qui valse par la fenêtre avec
Jill. Retour à la cinématique de Resident
Evil 5
, fin du chapitre, fin du calvaire.

Voilà.
Maintenant, vous savez tout ce qu'il y a à savoir. Ne succombez pas à l'appel
nostalgique du manoir (en plus, c'est même pas le vrai). Quitte à être
nostalgique et à se faire du Capcom, il vaut mieux acheter Marvel vs. Capcom 2 - sommet de la baston qui est en soldes sur le
PSN. Bien plus barré que Street Fighter
IV
(qui est, ceci dit, le meilleur jeu de baston actuel) il résonne aujourd'hui
avec le récent Bayonetta, une vision
du jeu vidéo libre et généreuse qui devient malheureusement trop rare...