En marge des cinq titres Nintendo développés pour le segment smartphone, le constructeur mobilise sa florissante filiale The Pokémon Company afin de créer un titre original... en réalité augmentée. Le partenariat signé avec Niantic Labs, une division de Google spécialisée dans la géolocalisation devenue indépendante après la restructuration du géant de l’indexation (renommé Alphabet à cette occasion), propulse ces petits monstres dans le monde réel.
 
L’application sera téléchargeable gratuitement, mais Pokémon Go porte en lui toutes les caractéristiques d’un free-to-play. Ou plutôt free-to-start, une incitation à l’achat additionnel plus éthique selon les exigences pointilleuses de feu Satoru Iwata. Après une veille concurrentielle longue de dix ans (à peine dévoilé en 2005, le projet Nintendo Mobile a été aussitôt gelé), Nintendo s’investit enfin - il est vrai - sous la pression d’investisseurs toujours plus inquiets de la situation concurrentielle déliquescente du fabricant alors que le marché des jeux sur mobile pèse désormais plus de 30 milliards de dollars.
 
 
La licence Pokémon est l’une des plus juteuses dans le portefeuille produit du fabricant, un choix pas si anodin d’après l’analyste Serkan Toto : « Cette décision atteste du sérieux de l’engagement de Nintendo ». L’idée selon laquelle le géant japonais s’aventure de manière détachée est donc battue en brèche et par la même « devrait commencer à apaiser la communauté financière » se persuade l’analyste. Pokémon Go représente une réponse adaptée à l’enjeu du mobile intelligent, bien au-delà de cette “sonde marketing” The Pokémon TCG Online lancée au printemps 2011. La collaboration avec Niantic dont les compétences en réalité augmentée font autorité dans le milieu offre à ce titre une envergure technologique susceptible de séduire le grand public. « Notre challenge était de réaliser un grand titre à destination des smartphones qui exalte les valeurs fondamentales de Pokémon » réagit Tsunekazu Ishihara, président et responsable de la direction de The Pokémon Company. Autrement dit, un jeu vitrine destiné à promouvoir le savoir-faire du constructeur.
 
L’accessoire Pokémon Go Plus (le joueur s’affranchit du smartphone grâce à ce dispositif Bluetooth) fera fructifier les comptes de Nintendo puisqu’il est développé et fabriqué par ses propres équipes R&D. L’adoption de la réalité augmentée confirme l’intérêt manifeste du constructeur en faveur de cette technologie d’affichage. Elle est fédératrice, l’expérience se partage aussi en famille (mise en scène dans la vidéo promotionnelle) et se superpose parfaitement au mobilier urbain comme au paysage naturel avec certains concepts de ses licences.