Les années passent et le TGS s'efface. Les années filent et le TGS s'effile. Tiens, ça marche aussi. Laissons l'âme de poête de côté et aiguisons la lame de la discorde. Puis plantons là vertement dans le coeur lolitesque du TGS édition 2016. Pourquoi ? Parce qu'à l'instar de Brutus en 44 avant JC, je porterai le coup fatal à l'estocade mais je n'incarnerai que le parachèvement d'une machination qui a commencé bien avant mon entrée en scène. Le TGS est sur courant alternatif. C'est un fait. D'une année à l'autre, les éditions s'enchainent plus que se déchainent, le tout dans une relative indifférence ; en tout cas, de ce côté-ci du globe. Pourtant, les japanophiles tiennent en celui-ci LA convention à suivre pour se mettre au courant des dernières remontées et annonces relatives à leurs séries fétiches. Le problème, c'est que le TGS rentre dans le rang, son rayonnement est passé en quelques années de l'E3 japonais à la convention de seconde zone (comme la Gamescom) dont la plupart des plats servis sont des réchauffés de déjà vu made in E3. Un mal pour un bien ?

 

 

I Non, le TGS, ça reste - quoi qu'on en dise - le temple du jeu vidéo jap'

 

Revue de troupe. Resident Evil 7, Final Fantasy XV, TheLastGuardian, Nioh, Gravity Rush 2, Persona5, Yakuza6, Tekken7, DragonBall Xenoverse 2, NieR Automata, Monster Hunter, Bersek, Valkyria Azure Revolution, Kingdom Hearts 2.8, Toukiden 2, Final Fantasy XII : Zodiac Age, SaGa Africa Scarlett Johansson Grace Kelly, Little Nightmares. Les grands noms qui parlent à l'international sont bien présents. Le reste de la scène japonaise - qui parlera certainement plus aux vrais otaku - est tout aussi représentée sur le dancefloor tokyoïte. L'évènement accueille aussi les quelques derniers fruits occidentaux à paraître prochainement, mais naturellement, japon et sensibilité du public oblige, cette édition 2016 du TGS est une nouvelle fois une ode à la production locale. Une mise en avant totale des produits de la région. Idoine pour le tour d'horizon des prochaines sorties à guetter et enfin un peu d'abattage médiatique pour des productions qui ont parfois un mal fou à faire parler d'elle lors des évènements internationaux pour ne pas dire occidentaux.

Le TGS - et cette édition 2016 n'y manque pas - cela reste "la parole au Japon", une tribune internationale pour une création traditionnelle aux antipodes des standards et gouts occidentaux. Tapez The Idolmaster dans votre barre de recherche pour vous en convaincre. Bref, de l'exposition sans détournement de regard vers la dernière production typée occidental comme peuvent l'être d'ailleurs certaines prod' maisons, durant desquels peut-on retrouver MGS ou Bloodborne. Et moi, le premier, ça m'arrange, non pas que je ne me tiens pas au courant des avancées de mes petits camarades de classe japonais mais avoir un focus sur l'ensemble des titres à venir qui me titille le portefeuille (à défaut de l'iris bloquée elle à l'ère Meiji), c'est toujours sympa. Ainsi personnellement, j'ai de quoi faire avec cette édition teintée de pragmatisme. J'ai un TheLastGuardian affolant. Et ce, dans tous les sens du terme, le jeu doit contenir des isotopes, c'est pas possible. Qu'importe, même raclé par la critique, je le ferai et il est toujours bon de savoir si le titre séduit avant sa mise en orbite, comme une dernière vérification avant de partir en voyage.

Persona "Lupin" 5 reste le premier titre de la série à me faire de l'oeil. Oui, j'ai la Vita mais bizarrement, moins fan de ce que j'ai vu de Persona 4. Je sais, j'ai tort mais que voulez-vous, mauvais feeling. Gravity Rush 2 évidemment. N'ayant fait FFXII, le remaster Zodiac à paraître est aussi en bonne place sur la liste. FFXV qui sent le bashing à des kilomètres à trop espérer en lui l'épisode rédempteur alors que s'il se contentait déjà d'être un séduisant FF, ce serait bien. Toujours cool d'en apprendre plus sur le prochain Yakuza même si la licence m'attire autant qu'elle me frustre. Ayant raté les 2 premiers à l'époque de la PS2 et n'ayant pas voulu me lancer avec le 3. Enfin Nioh dont l'acquisition dépendra de mon sentiment de Demon's Soul qui attend sagement son heure. Potentiellement 7 jeux et j'ai même failli oublier de mentionner Resident Evil 7 dont les frasques en Réalité Virtuelle m'obsède autant qu'elle me pétrifie d'avance.

 

 

II Oui, le TGS, c'est à Toulouse désormais.

 

Dans le même temps, difficile de s'enflammer. Aucun des jeux suscités n'est une révélation du cru 2016, tous ont déjà eu leur quart d'heure de gloire dans le cadre d'un reveal E3 ou lors d'un show consanguin (comprendre un évènement propre à l'éditeur du jeu). Cette édition marque surtout le dernier baroud d'honneur de nombre d'entre eux en prévision de leur sortie imminente. Pas de quoi monter aux rideaux. Pour preuve, cela fait belle lurette que je ne m'emmerde pas à débarquer pringles et jus de raison pour veiller nocturne à l'affut de la moindre image de la conférence du seul consolier présent à la convention. Pourtant, par le passé, Sony a su ménagé quelques annonces "World Premier" à domicile avec l'officialisation de Gravity Rush 2 notamment. Simplement, l'ajout sempiternel de nouveaux coloris pour la PSVita, ça va bien 2 minutes mais ça ne fait pas tout.

Et justement, un salon sans canapé, ce n'est pas un salon. C'est un débarras. Et le canapé, ce sont les nouveautés. Or, le TGS regorge de vide, de néant, à ce niveau-là. Le Tokyo Game Show est devenu un placard à balais et ils sont nombreux. Alors, certes ça fait une belle collection de balais mais le ballet, lui, n'a pas eu lieu. Et même si je ne bouderai pas mon plaisir de dépoussiérer tout ça lors des sorties respectives de ces titres dont certains se font attendre depuis mathusalem, il manque cette once d'annonces coup de poing, à même de remettre sur les rails de coke de la prospérité. Certes, ce n'est pas aidé par un désamour chronique du marché vis à vis des consoles de salon m'enfin, pas l'ombre non plus de sucreries émanant des plateformes mobiles que sont Vita et 3DS. Le Japon ne jouerai-t-il plus que sur smartphone ? Je n'ose le croire.

Autant, on ne peut rien espérer de Nintendo pour un salon que le petit artisan ne fréquente pas et Sony ne développe plus sur Vita (il est loin le temps des Soul Sacrifice, Freedom Wars, Gravity Rush) mais que font les autres ? Square, Capcom, Namco Bandai, KoeiTecmo, SEGA, Konami sont tous bien présents mais assez peu de perspectives au-delà de 2017. Entendons-nous bien, ils ont aussi droits de bosser tranquille sur leur projo' sans devoir sortir du terrier un nouveau jeu à chaque fois. Et comment leur en vouloir de privilégier l'E3 pour des licences à fort potentiel international (le cas Resident Evil 7) ? Comment leur reprocher de s'adapter à la demande commerciale qui indique que le consommateur japonais ne pèse plus grand chose (contrairement à 10 ans auparavant). Donc, je m'en vais râler tout seul dans mon coin. Et j'irais faire un tour à Toulouse, voir si l'herbe y est plus rose. Et pas pour visiter Airbus.

 

 

Conclusion

 

Il était une fois l'E3, la Paris Games Week, le TGS. Trois salons différents pour 3 types de publics presque différents. La com' et le marketing de tout éditeur s'attachant à répartir leurs annonces sur l'ensemble de ces 3 rendez-vous majeurs en fonction de la sensibilité du public et donc de l'impact générable (divergent donc selon le choix opéré parmi les 3 options) lié à la force du produit et l'attachement culturel à son genre. L'E3 mène la dance et justifie son existence, il n'y a pas débat. La Paris Games Week, remplaçant la Gamescom depuis peu s'octroie désormais les faveurs des annonces non annonçables à l'E3 pour cause de planning chargé et gout parfois différent entre ricains et européens (Gran Turismo, Detroit). Le TGS de par son ADN japonisant conserve sa légitimité mais reflète cependant un dynamisme japonais contraint de se tourner vers l'international pour non pas s'octroyer des bonus de vente forfaitaire (sauf dans de rares cas comme Yakuza ou Tales of) mais pour séduire un public devenu leader sur le taux de pénétration quand le Nippon souffre lui d'une mise au ban de licences adulées il y a encore 12-15 ans. En résulte un impact certes certain avec de grands jeux mais des présentations subsidiaires et franchement dispensables de précédentes revues de détails opérées lors des salons étrangers. Le TGS parle aux japonais et japanophiles. Il ne me parle plus vraiment. Peut-être parce que je ne suis ni l'un ni vraiment l'autre.

 

2014-2016 Time Neves, Reflet du miroir Reserved