Ah, la mode des gothiques... Beaucoup pensent que cela date depuis la fin des années 90, avec l'arrivée de Marylin Manson. Mais que nenni, bien avant la naissance de ce personnage bas en couleurs (et peu enclin à faire valoir la musique glauque, c'est mon avis personnel), il y avait un homme, plutôt petit, il est vrai, mais tellement excellent... Alors, vous prendrez bien un peu de cette fiole de...

 

T'AS PAS L'AIR EN FORME...

Ce groupe, qui débuta sa carrière dans les années 70, et le fruit de quelques adolescents anglais, en 1973. Robert Smith et ses amis du collège (ainsi que son frère et sa soeur), donnent un concert dans l'établissement. Par la suite, ils montent un autre groupe qui n'aura pas vraiment de succès, mais qui posera les bases de ce que sera par la suite la bande à Smith.

Et c'est en 1978 que The Cure né véritablement, avec Robert Smith à la guitare, Lol Tolhurst à la batterie et Michael Dempsey à la basse. Le trio signe chez Fiction Records, petit label naissant, avec lequel il restera fidèle jusq'en 2001. Avant de sortir un album, le premier single (assez controversé) donne le ton de compositions totalement dans le contre-courant disco de l'époque, et par la suite, la new-wave qui propose des mélodies pop et plutôt rythmées.

Boy's Don't Cry (version remixée)

Killing An Arab est tiré du livre d'Albert Camus, L'étranger. D'ailleurs, le partie d'extrême droite britanique a tenté de s'approprier cette chanson qui ne prône absolument pas la violence envers les personnes d'origine arabe.

 

NON FRANCHEMENT, T'AS L'AIR UN PEU MALADE, MEC

Et déjà, Robert Smith annonce la couleur (enfin si je peux m'exprimer ainsi), en se grimant en blanc, avec une chevelure en bataille et des fringues noires. Clairement, il lance la mode du gothique, en plein milieu de la mouvance punk, disco et le début de la new-wave. Culotté quand-même...

L'album qui suivra, n'est pas celui que l'on pense, car il s'agit de Three Imaginary Boys, en mai 1979. Et puis, très rapidement, Boys Don't Cry sort un mois plus-tard, un 45 tours très apprécié par les fans. Le clip, montrant trois enfants jouer à la place des membres, sera reprit en 1986 lors du remix (minimaliste) du hit. A l'arrière plan, on peut voir le trio véritable, sous forme d'ombre.

A Forest (avec un Robert sans maquillage)

Du coup, l'album éponyme sort en 1980, et remporte un bon succès. Pourtant, il reprend les singles du premier opus, ainsi que trois autres titres sortis en 45 tours.

 

LE DEBUT DE LA COLD WAVE

C'est de cette manière que The Cure définit sa musique, de la new-wave très sombre, très froide. Les spécialistes musicaux classeront même ce genre comme étant de la musique pour dépressifs, voire pour suicidaires.

Seventeen Seconds sort en avril 1980 (rapidement, encore une fois). Il sera enregistré et mixé en 6 semaines. C'est dans cet album que sortira le premier succès britannique du groupe, intitulé A Forest. Petite annecdote amusante du clip vidéo (quoique), on y voit un Robert Smith non-maquillé, et totalement inexpressif... Et c'est en 1981 que nait le troisième album, Faith. Ce dernier est encore plus sombre que les précédents.

The Caterpillar

En 1982, c'est le tour de Pornography de voir le jour, album le plus sombre selon Robert Smith, lui-même. Mais comme la mouvance Gothique se rapproche assez du néo-romantisme (très en vogue en ce début des années 80), le succès sera toujours au rendez-vous, même si cette atmosphère oppressante ne plaît pas à beaucoup de fans du groupe.

 

TIENS, VOILA UN PETIT CACHETON POUR TE REDONNER DU PEPS...

Après une série de concerts éprouvants, la formation décide de prendre un peu de repos, et l'album suivant, The Top, ne verra le soleil qu'en 1984. Avant, des singles sortiront dès 1983, comme Let's Go To Bed, The Lovecats, et The Walk. Ce dernier 45 tours fit la part belle aux synthétiseurs et aux boîtes à rythmes. D'ailleurs, ces trois musiques sont bien plus dansantes que les précédentes. Les fans sont pris à contre-pied, pensant que le mélange pop-gothique/new-wave est définitivement perdu.

In Between Days (hyper simple à jouer à la gratte)

Puis, en 1985, The Head On The Door vient les rassurer. Toujours plongé dans une mouvance assez rythmique, les clips sont, quant à eux, très sombres et très...bizarres. Il suffit de voir Close To Me pour s'en convaincre, bien qu'il soit réellement réussi. Des mélodies bien plus simples et accessibles pour le public font surface, à l'instar de In Between Days, et son riff de guitare accoustique simpliste, mais entraînant. D'autres incursions sont au programme, comme un peu de flammenco (The Blood), ou de musique aux accents asiatiques (Kyoto Song). Mais la patte gothique déprimante reste tout de même de mise, avec, notamment, Sinking...

C'est le début du "réveil" du groupe, avec des musiques plus punchies. En 1987, "Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me" nous propose toujours des mélodies variées et entraînantes, comme Just Like Heaven, tout en gardant un peu de mélancolie. A savoir que cette chanson fut origninellement composée pour l'émission Les Enfants Du Rock, qui a toujours soutenue la formation britannique.

Lullaby (j'adore ce clip)

Mais The Cure n'oublie pas ses fans de la première heure, en sortant en 1989, Desintegration. L'oeuvre est bien plus mélancolique ici, et les fans y verront un retour aux sources plus que bienvenu. Les officionados plus recents ne bouderont pas leur plaisir non plus... La première chanson, Lullaby, propose des sons très dépressifs, et un clip vraiment magnifique, récompensé d'ailleurs aux Brits Awards. Il sera parodié par Les Inconnus, pour la petite histoire...

 

MAIS T'ES PAS ENCORE TOTALEMENT GUERRI MON AMI

Début des années 90, une radio éphémère voit le jour : Cure FM. Elle sera animée par les membres du groupe eux-mêmes, et n'aura pour but que de promouvoir le nouvel album...enfin nouveau, c'est vite dit... Il s'agit, en fait, de remix d'anciennes chansons. Sobrement appelé Mixed Up, cet opus n'aura pas un bon accueil par la critique, mais marchera auprès de la nouvelle génération qui voyait en The Cure un groupe trop gothique, et peu enclin à franchir cette nouvelle décennie.

Lovesong

1992, un vrai nouvel album voit le jour, et Wish reprend les compositions hautes en couleurs, avec des guitares de plus en plus présentes. The Cure devient plus un groupe Pop-rock dorénavant. Les clips sont également plus simples, et moins torturés, comme le prouve l'excellent "Friday, I'm In Love".

C'est à ce moment que le groupe commence à décliner, malgré le virage prit. Car il faudra attendre 4 années pour voir le prochain opus, Wild Mood Swings. Le son décousu et les compositions bien trop longues seront descendus par la critique et les fans, assez injustement d'ailleurs (mais ça, c'est un avis très personnel).

Friday, I'm in Love

Par la suite, d'autres albums ont vu notre monde cruel, mais je dois dire que l'intérêt est, pour ma part, peu réveillé. Il s'agit, pour la plupart, de clônes déjà entendus auparavant...

DISCOGRAPHIE : Three Imaginary Boys (1979), Seventeen Seconds (1980), Faith (1981), Pornography (1982), The Top (1984), The Head On The Door (1985), Kiss Me Kiss Me Kiss Me (1987), Desintegration (1989), Mixed up (1991), Wish (1992), Wild Mood Swings (1996), Bloodflowers (2000), The Cure (2004), 4:13 Dream (2008).

MEMBRES : Robert Smith (guitares, chants, claviers) - Simon Gallup (basse) - Roger O'Donnel (claviers) - Jason Cooper (batterie) - Reeves Gabrel (guitare)...et plein d'autres en fait...

 

Petites anecdotes :

- Robert Smith a participé au concert de David Bowie pour ses 50 ans.

- Boy's Don't Cry n'est pas le premier opus du groupe, contrairement aux idées reçues. D'ailleurs, il ne fut pas un si grand succès lors de sa sortie, mais en eu bien plus lors de sa réédition en 1986.

- A Forest est le seul clip d'époque où l'on peut voir un Robert Smith naturel...et ça fait assez bizarre.

- Même si on pourrait le penser, Robert Smith n'est pas homosexuel (loin de là). Il est d'ailleurs marié à Mary Poole, qu'il a rencontré au collège (si c'est pas mignon, ça).