Voilà maintenant à peu près un mois que j'ai découvert le groupe Perfume. Un girls band nippon de J-Pop, dont je dresse le portrait ici-même. Depuis, j'y suis devenu accro. Il ne se passe pas une heure sans que j'écoute du Perfume, ou mieux encore, que je les regarde danser en Live. Pour ordre d'idée, le temps que j'ai dû passé le mois dernier à regarder les Lives des Perfume, doit frôler les "Skyrim fini à 100% trois fois de suite". Serais-je donc subitement devenu monomaniaque ? Ou ne suis-je qu'un passionné ? Comment pourrait-on faire la différence entre ce qui n'est qu'un amour véridique, et une pathologie à laquelle il faudrait remédier ?
La problématique de la dépendance, tout le monde se la pose à un moment ou à un autre, dans la vie. Le sexe, le jeu vidéo, l'alcool, la nourriture, la cigarette, la télé, ou pire, tout peut s'apparenter à une drogue suivant les affinités et la personnalité de chacun, et qu'on le veuille ou non, on finit toujours par tomber dans l'excès. Cela, fatalement, peut déteindre sur notre vie sociale, notre santé physique, ou notre santé psychique. Cette répercussion d'ailleurs, le jeu vidéo est encore et toujours accusé -par les grands médias ou même par nos proches parents profanes- d'en être responsable, ce plus que la moyenne. Quels en sont les symptômes ? Un temps et un argent fous consacrés à l'objet en question, un désintérêt relatif aux activités ou aux personnes outre, et une pensée quasi exclusive, systématique, dévouée à cet objet.
Alors, "obsession" comme veulent l'entendre notre entourage ? Ou "passion" ? Il est commun d'affirmer qu'un passionné consomme beaucoup de l'objet prisé, alors que l'obsédé lui, en consomme infiniment plus, au point de ne faire que ça. Mais selon moi, ce n'est pas au niveau de la fréquence, ni de la quantité de consommation de l'objet, qu'il faut distinguer ces deux états. Pour moi, tout est une question d'état d'esprit. En effet, l'obsession n'est concrète que lorsque l'individu est tributaire de son état, et qu'il fonctionne par automatisme, par habitude. Enchaîné à sa dépendance, il ne sait comment s'en départir, et pourtant il le veut, puisqu'étant sombré dans un cadre malsain qui le rend misérable. Tandis qu'être passionné, à l'inverse, c'est avant tout consommer son plaisir de façon pleinement "consentante", saine et jouissive. Il n'y a même plus vraiment d'excès à proprement parler dans la passion, puisque tout est plaisir. L'individu en arrive même à savoir refreiner et contrôler ses tentations, pour mieux les laisser s'épanouir. Vulgairement, je dirais que ce n'est tout bonnement que le sourire et l'enthousiasme de l'individu à consommer son objet de plaisir, qui prouvent à eux seuls qu'il n'y a là rien de pathologique, bien au contraire.
En quelque sorte, la passion est l'évolution de l'obsession. Car se passionner revient en fait à dompter sa dépendance, pour, tout en s'en libérant, l'accepter et en faire une force qui nous aide à avancer, plutôt qu'un fléau. Du moment que l'on s'attache à quelque chose d'inoffensif en soi, où peut être le mal ? Bien sûr, cela se travaille. Il est tout à fait possible de transformer un joug en une délectation, par le contrôle de soi-même, et l'entrain que l'on veut bien mettre dans cette démarche. Pour exemple, le fait même que j'écrive cet article prouve que j'ai bel et bien conscience de ma frénésie Perfume, et que je ne suis pas dans l'incompréhension ni dans la soumission de ma situation, mais que je sais porter un regard sur moi-même.
Mais ce qui caractérise une passion, c'est aussi le fait qu'elle se partage. Ne pas rester cloîtré dans une consommation recluse de l'objet de son plaisir tel un anachorète, mais tenter d'expliquer aux autres pourquoi il nous fascine autant. S'exercer à faire comprendre sa passion aux autres, sans pour autant à tout prix vouloir les y convertir; ne pas en avoir honte, et la revendiquer... Voilà, à mon humble avis, la clé pour s'épanouir. Pour vous dire, mon premier reflexe a été d'aller sur les forums de fans pour savoir ce qu'eux pensaient des Perfume, et pourquoi ils adoraient. On a la chance de vivre dans une génération constamment connectée au monde, et où la communication est à portée de doigt ! Quoi de mieux que les blogs par exemple, pour partager sa passion avec d'autres gens, ou la faire découvrir ?

Bon, cette analyse sermonneuse digne de Jean-Luc Delarue n'était en fait qu'un prétexte pour vous montrer quelques trouvailles des Perfume, que j'ai dénichées ça et là. La première, n'est autre qu'un extrait du sublissime Tokyo Dome Live, "Perfume no Okite". Ce trip dont Tetsuya Mizuguchi serait sans nul doute friand fait office d'entracte en plein milieu du concert. Pas de chant, juste une musique techno qui te fais rentrer en transe quand tu regardes A-chan, Kashiyuka et Nocchi faire leur danse hypnotique et leur show on ne peut plus japonais new age. Mention spéciale aux pas de danse de Kashiyuka lors de son solo à 3:16 (malheureusement, la caméra est assez éloignée). C'est la tout première fois que je vois quelqu'un danser comme ça !


Gros coup de coeur également pour le clip "I Still Love U" (je ne suis pas sûr que ce soit la version officielle, mais peu importe) ! Une musique tout droit sortie des 80's, nostalgique, assumée et qui sonne finalement du feu de dieu, mais surtout un vrai travail sur le regard de la part des trois idols. Le plus surprenant, c'est qu'elle ne se considèrent nullement au sérieux, et nous prennent à contre-pied vers le milieu du clip, quand tout part en live. C'est second degré, mais tout de même beau à voir !


Et histoire de coller à l'actualité de David Cage et de son projet Kara, voici un extrait du nouveau clip des Perfume "Spring of Life" (dont la diffusion intégrale est imminente), qui baigne un peu dans le même sujet. Peu surprenant, mais efficace.