Souvenez vous, c'était le 14 août 2013. Le monde était totalement ébahi par un article. Un article qui a fait vibrer la terre entière, qui a été teasé pendant des années pour en arriver à... CECI. Ouais, une intro d'un dossier qui n'est finalement jamais arrivé.

Le dossier sur Brian de Palma, c'est quelque chose que j'ai envie de faire depuis la toute première fois que je suis tombé sur un film de De Palma. Et en relisant cette introduction qui n'a finalement mené à rien, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser pourrir ce dossier comme ça, à la vue de tout le monde, tel un cadavre dans la rue qu'on ne veut ni inhumer, ni enterrer. J'avais donc trois solutions : la première consistait à tout simplement supprimer cet article d'introduction, parce qu'une introduction sans suite, ça ne sert à rien et ça peut frustrer les deux-trois paumés qui pourraient être intéressés par le coeur du sujet. La seconde, c'était de continuer le dossier tel quel, en parlant des films de Brian de Palma, puis de ses thèmes récurrents.

Finalement, j'ai choisi une troisième option. Je vais tout simplement réorienter ce dossier. Jusqu'ici, mon but était de faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas à la fois ma passion intense et presque malsaine pour le réalisateur, et bien entendu le réalisateur en lui même, qui est - comme dit dans l'introduction orpheline de sa suite - pas mal resté dans l'ombre par rapport à d'autres réalisateurs de sa génération. Mais étrangement, je n'arrivais pas à avancer. Si je dois parler des films de De Palma pour les faire découvrir, je le ferais plutôt sur un format vidéo, avec ma voix pour présenter ses films.

Et plutôt que transformer ce dossier en une suite de vidéos, j'ai préféré tout simplement préciser ma thématique, quitte à perdre un peu les novices de Brian de Palma. Cela me permettra non seulement de rentrer plus en détails dans sa vie et ses oeuvres, mais surtout je pourrai faire un réel travail analytique, et pas simplement un long article qu'on pourrait résumer en un "Brian de Palma pour les nuls".

Du coup, voilà une toute nouvelle intro pour un tout nouveau dossier Brian De Palma, qui pose un peu les bases de ce dont je vais parler. Veuillez d'ailleurs m'excuser pour le côté assez "scolaire" de la structure, mais si je n'organise pas un minimum mes idées, ça sera le foutoir !

 

 

 

          Comme de nombreux autres réalisateurs, qu'ils appartiennent à la génération du Nouvel Hollywood ou non, Brian de Palma a ses obsessions. Auteur à la fois visuel, radical et sujet à la controverse, il fait partie avec Francis Ford Coppola de ces réalisateurs de renom, mais qui n'ont aujourd'hui plus la possibilité de travailler à Hollywood. Le cinéma de De Palma se veut bien entendu très provoquant à de nombreux points de vue, et les critiques - qui blesseront le réalisateur américain - se font à de nombreux niveaux. Pilleur du cinéma d'Alfred Hitchcock, ambassadeur de la violence gratuite, auteur obscène et outrancier, la carrière de Brian de Palma fut remplie de désillusions, n'arrivant jamais à ce rythme de croisière aujourd'hui atteint par ses camarades Steven Spielberg et Martin Scorsese.

          Ces fameuses obsessions, De Palma les a bien sur construites durant sa jeunesse, puis tout au long de sa carrière. Quelques éléments, directement présents dans le cinéma mais pas uniquement, construiront donc ce qui a fait le cinéma si reconnaissable du réalisateur : le film Zapruder de l'assassinat de Kennedy et la guerre du Vietnam en font partie, et sont par ailleurs ancrés dans des films comme Blow Out pour le premier exemple, et Outrages pour le second. L'élément dont nous allons parler ici a eu lieu alors que la carrière du réalisateur était déjà entamée : c'est le tournage de son sixième long métrage : Get to Know your Rabbit (Attention au Lapin en version française). La question sera principalement de savoir en quoi le désastre que constitua le ratage de cette collaboration avec la Warner fut une « expérience fondatrice » pour le cinéma de Brian de Palma.

          Nous séparerons l'analyse en deux parties. De prime abord, il s'agira de décrire et analyser le tournage du film en lui-même, ce qui a cloché et ce qu'aurait pu être l'œuvre du point de vue du réalisateur. Dans cette même partie, nous parlerons de son film horrifique réalisé quatre ans après le tournage de Get to Know your Rabbit, faisant directement référence à cette expérience : Phantom of the Paradise. Dans une seconde partie, nous regarderons la carrière de Brian De Palma de manière bien plus large, puisque nous aborderons plusieurs films dans lesquels cet élément de lutte de pouvoir semble faire écho au tournage en question, en prenant les exemples de films ultérieurs à Get to Know Your Rabbit et Phantom of the Paradise : Blow Out, Mission : Impossible, Scarface et enfin l'Impasse.

 

PARTIE 1 : L'Expérience Fondatrice : Get to Know Your Rabbit

PARTIE 2 : Phantom of the Paradise, la création du monstre

PARTIE 3 : L'Obsédé Visuel

PARTIE 4 : Le film de Gangsters au service de l'Obsession

 

Textes bientôt cliquables.