Alors qu'une journée calme et tranquille s'annoncait, j'ai constaté que le nom de "Claire Gallois" revenait beaucoup sur Twitter et dans les statuts de Gameblog. Intrigué, j'ai voulu en savoir plus. Et c'est ainsi que je suis tombé sur l'article le plus gerbant que j'ai lu ces dernières années sur les jeux vidéo...

 

 

Cela fait maintenant quelques temps que les jeux vidéo sont pris pour cible par les médias non spécialisés. Qu'ils rendent les jeunes peu sociables, les empêchent de dormir ou soient le passe temps favoris des tueurs les plus violents, on a l'habitude de les voir se faire maltraiter à l'antenne ou dans les pages des journaux. Sauf lorsque ces même médias parlent du chiffre d'affaire qu'ils génèrent. Bref, en tant que joueur, je suis presque habitué à entendre ou lire des conneries sur ma passion, et je vous avouerais que plus le temps passe et moins cela me touche ou me révolte. J'ai fini par l'accepter. Les pseudo journalistes peuvent bien dire ce qu'ils veulent, moi en attendant je m'amuse.
Sauf que cette fois, l'article publié sur Lepoint.fr est allé trop loin. Madame Claire Gallois a tout simplement posté un ramassis de clichés qui ne s'appuient sur aucun fait concret (ni étude, ni chiffre, ni témoignage... pas même le traditionnel expert). En fait, on dirait plus qu'elle donne son avis sur les jeux vidéo, mais en le faisant passer pour une sorte de vérité.

 


Dès le début de l'article déjà, on sent le parti pris. Il suffit de lire le titre "Jeux vidéo: Permis de tuer". Cela fait évidemment référence à James Bond (cité d'ailleurs dans l'article), et on se demande bien ce qu'il vient faire là d'ailleurs. En tout cas, Madame Gallois ne perd pas de temps. Avec le titre seulement, elle fait déjà le lien entre deux choses: les jeux vidéo et le meurtre. Mais de manière bien maladroite. Car lier ça avec James Bond n'a aucun sens. Le permis de tuer, c'est une autorisation qu'a James Bond, en tant qu'agent secret au service de sa Majesté, de tuer ceux qui l'empêche d'accomplir sa mission. Alors on comprend bien qu'elle veut faire le raccourci "joueur de jeux vidéo = tueur", mais les connaisseurs resteront perplexes face à ce titre, qui signifierait plutôt pour eux que joueur aux jeux vidéo donne la possibilité, légalement, de tuer des gens. Première erreur donc. Dès le titre.
Et le sous titre n'est guère mieux. Elle cite deux horribles criminels (mais on reviendra sur eux plus tard), avant de déclarer que le jeu vidéo est un passe temps qui pourrait bien être mortel. Seconde faute. Si les jeux vidéo, selon elle, poussent ceux qui y jouent à tuer d'autres gens, il conviendrait mieux de dire que c'est un passe temps dangereux. On dit généralement d'une chose qu'elle est mortelle lorsqu'elle met en péril la vie de celui ou celle qui l'utilise. Et même si l'on prend l'adjectif au sens premier (qui provoque ou peut provoquer la mort), les jeux vidéo ne sont pas mortels. Sinon on peut dire qu'écouter de la musique, aller aux toilettes ou manger est mortel, puisque Merah et Breivik l'ont surement déjà fait dans leur vie. Rien qu'avant d'avoir lu le texte, le choix des mots semble douteux. Et malheureusement, ce n'est que le début...

 

L'article en question commence avec une intro qui n'a rien à voir avec le sujet, où Madame Gallois parle de la crise de l'UMP et des hésitations du Président de la République. Le rapport avec les jeux vidéo? Aucun. Mais cela meuble un peu. On fait ce qu'on peut quand on ne connait rien à son sujet, il faut bien écrire une intro hein! Ensuite elle dit que les générations futures représentent l'espoir. C'est la seule chose sensée que j'ai lu dans cet article. Sauf qu'après elle enchaine avec le fait que le gouvernement s'en occupe mal (de la génération future), et qu'elle la laisse s'amuser ou désespérer avec les jeux vidéo. Ah. Nous y voila. Donc toute cette intro sur la situation politique et tout, c'était juste pour dire que le gouvernement nous abandonne aux jeux vidéo qui nous transformeront en tueurs. Ok.


On a ensuite le droit à l'un des pires paragraphes de cet article. [SPOILER]Non, je déconne, en fait ils sont tous aussi pourris les un que les autres.[/SPOILER] Après avoir taclé un peu la ministre de la Culture, elle cite quelques titres de jeux violents (dont Manhunt, dont le dernier épisode est sorti en... 2008) avant de parler des joueurs qui seraient passer à l'acte et auraient été jugés devant la cour d'assises. Madame Gallois, vous n'avez pas évité l'une des erreurs les plus classiques dans l'attaque en règle anti-jeux vidéo: un humain ne peut pas se limiter à une seule de ses passions/occupations. Pourquoi devrait on retenir les jeux vidéo comme facteur principal lorsque quelqu'un est condamné? Cette personne regardait surement la télé, allait peut être au cinéma, surfait probablement sur le net, écoutait sans doute de la musique, lisait des livres, etc... Bref, il y a fort à parier qu'en fait, les gens qui passent devant la cour d'assises ont des problèmes mentaux qui ne sont pas liés à un quelconque divertissement. D'ailleurs à ma connaissance, les meurtrier existaient bien avant les jeux vidéo, malheureusement. Et ceux qui ont commis les plus grands génocides de l'Histoire de l'Humanité n'y jouaient pas.
Mais ce n'est pas ce qu'elle dit de pire. Après avoir établi (sans preuve, évidemment) que les jeux vidéo sont une drogue (puisqu'il y a dépendance), elle déclaire qu'à coté, le cannabis est bon pour la santé. Alors là, chapeau! Le cannabis, contrairement aux jeux vidéo, est non seulement illégal, mais en plus il est prouvé qu'il est nocif pour la santé (il a des conséquences néfastes pour le cerveau) et qu'en plus il est à l'origine de 230 morts par an sur les routes. Mais pourtant, pour Madame Gallois, le cannabis c'est mieux que les jeux vidéo. Soit.
Enfin, elle récidive avec sa comparaison "James Bond". Elle dit que James Bond a obtenu son permis de tuer en 1989, qu'il s'illustrait déjà deux ans plus tôt et que maintenant plus besoin d'être James Bond pour tuer, qu'il suffit de jouer. Wow, sérieusement? Non parce que non seulement je ne vois pas l'utilité de mêler James Bond à tout ça, mais en plus je ne vois pas où cela nous mène. C'est juste pour meubler hein? C'est sur, quand on ne connait pas grand chose au sujet que l'on aborde... Mais ce n'est pas une raison pour exposer sa culture cinématographique.

 On passe ensuite à partie "j'utilise des psychopathes pour prouver que les jeux vidéo sont mauvais". Un classique chez nos détracteurs. Elle commence avec Andy, cet adolescent qui avait tué toute sa famille à 16 ans. Certes, il aimait les jeux vidéo. Mais pourquoi ne retenir que ça? Je pense que le fait qu'il y avait une arme a feu dans sa maison a peut être eu une importance dans tout ça. Sans oublier qu'il entendait des voix. Et qu'il avait une tumeur au cerveau... bien sur, on préfèrera retenir qu'il aimait jouer à Call of Duty. Même si c'est quelque chose de finalement assez banal à 16 ans. Entendre des voix par contre, ça, c'est pas grave. Ou alors on met ça sur le dos des jeux vidéo. Même si jusqu'à présent, il n'a pas été prouvé que jouer aux jeux vidéo faisait entendre des voix qui disaient de tuer toute sa famille.
Le pire dans tout ça? C'est que Madame Gallois est malhonnête! Elle cite le rapport d'un "psychatre à la cour":

Rapport d'un psychiatre à la cour : les jeux vidéo habituent à l'excès. Ils font croire que la mort est une solution et qu'on peut recommencer indéfiniment puisqu'on a plusieurs vies. On a beau colorer le sang en vert, il y a une répétition de la destruction délibérée qui maintient le joueur dans une fascination parfois sans borne.

Mais il s'agit en fait de l'avis d'un psychatre extérieur à l'affaire interrogé par TF1! Du grand journalisme. En fait, plusieurs psychatres ont examiné Andy, et ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord:

Les experts psychiatres sont restés en désaccord, au procès, sur la capacité de discernement d'Andy qui a été examiné par trois collèges de praticiens depuis trois ans. Deux collèges avaient conclu à l'abolition totale ou partielle du discernement, tandis qu'un troisième avait estimé, à la fin de l'instruction, que l'adolescent était totalement responsable.

Les psychiatres ne se sont donc pas entendus sur l'état mental d'Andy au moment de faits, alors que l'adolescent était présenté comme bon élève, sans problème, intégré socialement, sportif et friand de jeux vidéo.

Toujours est il qu'en aucun cas, les jeux vidéo sont pointés du doigt négativement... Mais bon.

On passe ensuite à Anders Breivik, probablement l'un des hommes les plus détestables du monde. Et "fan absolu" de Call of Duty. Ou pas. En fait, Breivik a déclaré s'en être servi pour s'entrainer, notamment avec un viseur holographique, qu'il a utilisé pour tuer en vrai. Il déclare qu'une fois que l'on a fait une simulation avec un viseur holographique, il est facile de tirer avec en vrai. Cependant, cela ne remplaçait pas les vrais entrainements militaires qu'il faisait. Breivik jouait aussi à World of Warcraft, pour donner l'impression d'être un accro aux jeux vidéo. On se rend compte que le fait qu'il joue aux jeux vidéo fait parti de "son plan", et que ce n'est pas les jeux vidéo qui ont fait de lui un tueur. Mais bien sur, Madame Gallois préfère inverser les faits pour qu'ils correspondent à sa vision des choses.

Vient ensuite une citation des adorateurs de Merah issue de jeuxvideo.com:

Il était plongé dans le noir dans une salle de bains ultrafroide. Il entend les 12 flics s'avancer..., il se lève en mode Fus Ro Dah, tire, met un high kick sur un bouclier. Il aurait pu tenter le 1080...

Là, on touche le fond. S'appuyer sur des propos recueillis sur un forum? Sérieusement? C'est ça le journalisme? Non seulement on peut faire dire n'importe quoi aux forum sur Internet (ça n'a aucune valeur, vu que c'est anonyme, qu'il y a du second degré, du sarcasme, de la provocation, etc...), mais en plus cette phrase sortie de nulle part est surement de l'humour (après que ce soit drôle ou pas, chacun aura son avis). Mais pour Madame Gallois, il s'agit d'admirateurs de Merah. Et en plus ils parlent un langage codé que même les services secrets auraient du mal à déchiffrer. Là j'avoue j'ai rigolé. C'est une blague hein? Vraiment? C'est pas possible que ce soit du premier degré. Je ne veux pas y croire.
Elle fini par parler de Vinogradov, qui avait tué cinq de ses collègues en Russie. Et qui jouait à World of Warcraft, un jeu où tout les héros sont uniquement des tueurs. Une fois de plus elle montre qu'elle n'y connait rien et fait des rapprochements douteux. Mais est ce encore la peine de le relever? Je crois qu'à ce stade, on a bien compris que cette "journaliste" n'y connaissait rien et ne faisait qu'écrire ce qu'elle pensait du sujet et le peu d'horreurs et préjugés qu'elle avait entendu à ce sujet.


Elle fini son article avec classe, en s'amusant de deux personnes donnant leur avis, positif, sur les jeux vidéo. Elle les cite en se moquant d'eux, puis en ajoutant que de l'avis UNANIME des psys et des éducateurs, la plupart des enfants qui abusent de leur console sont plus agressifs et renfermés. Madame Gallois, j'ai une info pour vous: la plupart des personnes, enfants ou adultes, abusant de quelque chose sont plus agressifs et renfermés. Oui, l'abus est généralement négatif. L'abus de connerie aussi d'ailleurs, alors faites attention!
Et tout ça pour quoi au final? Pour proposer de créer une taxe sur les jeux vidéo, comme la taxe Nutella. Donc elle nous dit que les jeux vidéo transforment les jeunes en tueur, et sa solution c'est de mettre une taxe dessus? Tout ça pour en arriver là? Bravo.

 

 

Et moi, où je veux en venir avec cet article? Juste exprimer mon mécontentement. C'est un ramassis de conneries. Des préjugés, de fausses informations et l'avis de celle qui l'a écrit. Voila ce qu'on trouve dans cet "article". Ce n'est pas du journalisme, c'est de la désinformation. C'est pourquoi je vais envoyer un mail au Point pour demander le retrait de ce torchon. Je vous invite à faire la même chose. Qu'on interprête des faits pour accuser les jeux vidéo, cela m'agace, mais ça passe. Qu'on raconte autant de mensonges pour accuser les jeux vidéo de transformer les jeunes en psychopathes, là, c'est trop. Cette fois, je ne laisserais pas passer ça.