Les petites séances d'essai du mode multijoueur plaçait de grands espoirs sur la qualité du retour de la Bad Company. Et si DICE avait fait preuve de maîtrise et d'efficacité pour les affrontements en ligne, nous étions tous suspendus à l'aventure qui serait proposée par la campagne solo. L'ombre de Call of Duty : Modern Warfare 2 planant au-dessus des prétentions du studio suédois, la comparaison inévitable à laquelle se préparait Battlefield : Bad Company 2 ne l'épargnera pas pour autant. A l'image de certains groupes de rock qui s'assagissent avec le temps (et la célébrité), l'attitude adoptée oscille et divise, parfois jusqu'à l'extrême, voire au ridicule.

 

 

Très attendue, cette suite a été très bien accueillie dans l'ensemble. Nettement plus réfléchie que le premier épisode, elle propose une aventure beaucoup moins spontanée en ce qu'elle s'aligne sur certains nouveaux critères du genre. En l'occurence, tout le monde ne pourra pas s'empêcher de citer Call of Duty : Modern Warfare 2. Se rapprochant donc un peu plus du modèle d'Infinity Ward, Bad Company 2 tape un peu plus dans la mise en scène et la réalisation sans pour autant renier complètement sa personnalité. Pour cela, il a suffit de travailler le suivi scénaristique entre les deux épisodes. Ensuite, il résulte de la combinaison des environnements étendus, du potentiel de liberté de destruction totale et de quelques scripts intégrés (nouveautés issues du modèle dit "de référence") un effet dynamique sur la campagne qui permet aux combats de gagner en intensité et à l'aventure en immersion. La grande variété des situations, de son côté, lui accorde un rythme remarquable. Le gameplay, autre élément qui vient enrichir l'expérience, profite de cette fidélité à la destruction rendue possible et améliorée grâce au moteur 3D qui va même jusqu'à donner une vraie teneur à l'ambiance par l'intermédiaire d'une gestion de la luminosité et des particules rondement menée. Finalement, dans l'ensemble, le glissement de cette petite touche si particulière à la licence précédemment est notée. Mais, dans la mesure où ce conventionnalisme bénéficie aux sensations et à l'expérience proposées, rien de tout cela n'est regretté, ni sanctionné. Et puis, le multijoueur est la concrétisation de nos aperçus d'avant-première. L'agencement des cartes, l'utilisation des véhicules, le principe d'attaque-défense, le système d'expérience sont quelques uns des paramètres qui imposent ce mode comme référence absolue. DICE impose un standard et une addiction en la matière, dont il est difficile de se débarasser.

 

Le jeu n'est pas dénué de défauts qui vont bien souvent de paire avec les décisions exploitées. Si l'histoire se veut plus posée, elle lâche un peu de leste sur l'humour si cher au jeu, sorti tout droit de la bouche de vos compagnons. Toujours présent, mais plus distillé comme ce terme très bien trouvé image parfaitement la réalité. Sur un autre point, Bad Company 2 emprunte le système des scripts. Si ce n'est pas réalisé à outrance comme le modèle de base, l'équipe de développement s'est pourtant crue obligée de réduire le champ d'action des joueurs avec des certaines cartes plus étroites et restrictives (notamment et surtout pour les phases en véhicules) qui laissent apparaître alors une certaine linéarité sur le chemin. Gentillement pris par la main, le rythme régulier de l'aventure déssert une durée de vie qui s'avère beaucoup trop courte. Techniquement, le moteur graphique connaît quelques ratés comme un aliasing un peu trop présent ou un affichage, lui, parfois un peu en retard. Dans l'ensemble, l'essentiel des critiques formulées s'articulent autour de cette volonté de se rapprocher des tendances actuelles plutôt que de persister et d'améliorer une personnalité propre qui avait conquis bon nombre de joueurs. Aspect et volonté largement pardonnés compte tenu du résultat, il peut être cas d'une véritable déception pourtant, allant jusqu'à un sentiment de trahison qui est alors le prétexte pour déchaîner sa frustration. Parfois, l'alignement intégré n'est tellement pas accepté (rapproché à un vulgaire retournement de veste indigne du studio qui perd alors toute crédibilité semble-t-il) que tout est refusé et nié en bloc. Scénario, scripts, linéarité, doublage, dialogues... Rien n'est épargné. C'est avant toute chose la corruption de l'esprit d'origine du jeu qui est sanctionné (alors qu'à la base cette volonté avait tout de même été critiquée en son temps comme grossière et maladroite). Le plaisir est littéralement amputé, sauf vis-à-vis des détails à la qualité immuable que sont le multijoueur et le gameplay. Bref, certains avis ne s'encombrent pas du ridicule de leur position.

 

Tout compte fait, l'erreur de la majorité (unanimité ?) des tests édités n'est-elle pas de non seulement persister à qualifier Call of Duty : Modern Warfare 2 de référence absolue en terme de FPS et de lui comparer Battlefield : Bad Company 2 ? Il semblerait bien que si au regard de la qualité réelle que le titre d'Infinity Ward possède à nos yeux. Car, DICE a peut-être troquer une partie de son titre par des conventions de mode actuelle. Mais le studio l'a fait intelligemment. Et le rendu est selon nous supérieur à son modèle en ce que le jeu vous permet de l'apprécier sans jamais devoir suivre un rythme qui ne vous fait pas apprécier le contexte, qui ne vous fait pas courir d'un script à un autre et qui vous permet d'adopter votre propre approche. D'ailleurs, le titre se permet de vous proposer de fausses séances d'infiltration, très ponctuelles, mais qui ont le mérite d'agrémenter la variété des situations rencontrées. Battlefield : Bad Company 2 démontre que le thème de la guerre peut être abordé autrement que sous l'effet hyper-actif de la cocaïne. Dynamique et varié, il s'agit d'un jeu qui gagne à être comparé à Modern Warfare 2 contrairement à ce que cela tend à souligner. C'est un titre qui en ressort encore plus grand et plus profond en ce qu'il n'use pas de poudre aux yeux. Et si les défauts rapportés n'étaient pas pris en compte à la sortie du titre d'Activision, pourquoi le seraient-ils pour celui d'Electronic Arts ?