Grâce aux joies de l'iPad, je bouquine désormais un peu plus. J'ai notamment découvert la série Walking Dead dont je vais vous parler aujourd'hui. Pour ce faire, j'ai besoin d'aborder certains points du scénario qui risquent de vous spoiler l'histoire. Si vous ne voulez pas prendre ce risque, passez votre chemin.

The Walking Dead est une série créée par Robert Kirkman au scénario, Charlie Adlard et Tony Moore au dessin. Elle comporte aujourd'hui seize volumes traduits en français et l'histoire n'est pas encore arrivée à son terme.

Une histoire plutôt sordide où un groupe de personnes vont devoir survivre dans un monde peuplé de zombies. Ces zombies ne sont que les autres humains qui se transforment à leur mort. Un humain « sain » peut également être « infecté » s'il est mordu par un zombie. Le principe de base est donc simple, mais ce n'est pas une série de zombies au sens traditionnel du terme. C'est à dire qu'il ne s'agit pas juste de survirvre en fauchant des hordes de cadavres ambulants.

C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'intérêt de la chose. Les rapports humains changent dans cette ambiance stressante permanente. Des gens biens doivent prendre des décisions de vie ou de mort pour se protéger ou protéger leur famille. Tout cela donne un sens bien particulier à la vie, ou plutôt à la survie. Il est évident que dans ce type d'univers la mort est omniprésente et choquante. D'autant plus que les personnages dépeints dans cette histoire ne sont pas des héros. Ils sont tous fragiles comme vous et moi. On s'y identifie donc d'autant plus facilement. Le problème, c'est que l'auteur n'hésite pas à les sacrifier où à les mutiler au fil des volumes et que l'ennemi, c'est souvent un autre survivant qui pense à tuer avant d'être tué.

A l'instar de Game of Thrones, The Walking Dead est une série qui vous fait aimer ses personnages pour mieux vous les enlever ensuite. Plus vous pensez qu'un personnage ne peut pas disparaître avant la fin de l'histoire, plus vous serez choqués lorsqu'il sera tué et/ou mutilé. L'utilisation du noir et blanc et des traits vifs et incisifs sur les expressions des visages sont autant de catalyseurs qui magnifient ces sentiments.

C'est à l'épisode 15 que j'ai arrêté de le lire. Le moment où le fils du héros principal se fait mutiler au visage. J'ai lâché un « non ! » et je suis allé voir directement à la fin du volume si l'histoire se terminait enfin. Je me rends compte que je suis fatigué de ces histoires qui génèrent des sentiments de tristesse. Non pas qu'elles soient mauvaises -le fait de toucher prouve qu'elles sont efficaces- mais ce n'est pas ce que je recherche dans un divertissement. D'ailleurs pour autant que je me souvienne je crois ne jamais avoir trop apprécié cela.

Le fait que je sois père exacerbe probablement ce sentiment. Mais il y a aussi le fait que je n'ai pas besoin d'ouvrir un bouquin avec des morts vivants pour voir des choses assez immondes et toucher la noirceur de mes contemporains. Car j'ai retrouvé dans la BD des comportements humains bestiaux que j'ai déjà lu dans le regard de certaines personnes. Des souffrances que j'ai déjà vu sur certains visages. De la même manière que j'ai voulu arrêter de jouer à Heavy Rain lorsque le petit garçon se fait renverser (et tuer) par une voiture... Je n'ai malheureusement pas besoin de jouer à un jeu vidéo pour assister à ce genre de chose. C'est bien trop réel.

Aussi je m'interroge sur ce qui fait le succès de ce type d'histoire. Bien sûr qu'on va toucher les gens, et cela va probablement générer des émotions. Mais pourquoi chercher à générer des émotions liées à la perte et à des choses négatives ? On ne trouve l'espoir que pour mieux le détruire ensuite. On ne trouve le calme que pour mieux subir la tempête.

Qu'est ce qui fait que les gens apprécient tellement ces choses ? Je n'ai pas de réponse définitive. Mais je pense que s'ils en vivaient une partie ou avaient des expériences similaires ils n'apprécieraient pas non plus les retrouver dans des fictions.

J'adhère beaucoup plus aux jeux que l'on pourrait qualifier de mièvres comme Flower ou Journey qui proposent des expériences qui me semblent bien plus positives. S'il y a du gore, il faut qu'il soit exagéré et caricatural. Découper du locuste dans un Gears (surtout en ligne avec des potos) ne me pose aucun souci. Décimer des populations dans un FPS ne m'émeut pas non plus puisque cela reste totalement assumé dans le spectaculaire. En revanche lorsque la chose devient trop réaliste, trop proche d'expériences que l'on pourrait vivre ou que l'on a vécu le malaise s'installe. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé avec les premières images de Battlefield l'année dernière.

C'est pourquoi je ne lirais plus The Walking Dead avant que la série ait atteint son terme. Et encore je n'irai lire que le dernier tome en espérant que cela n'aura été qu'un mauvais rêve. Reste à savoir si l'auteur a envie que l'histoire se termine bien, mal, ou en queue de poisson en la lassant ouverte (ce que je déteste dans ce genre de contexte).

Et vous, vous aimez « souffrir » en lisant ou en jouant à ce genre de choses ?