Ce qui suit est susceptible de contenir du spoiler.

 N'allez pas me prendre pour un sadique, mais j'aime bien les nanars. Si le terme de nanar (dans le domaine du cinéma) vous est étranger, je vous invite à aller voir la définition établie par l'excellent site nanarland.com. Un site à visiter absolument!

Ceci étant dit, c'est la curiosité qui m'incite à avoir regardé quelques uns de ces navets que peu de monde ose mettre en vente dans le commerce. Et bizarrement, j'aime bien! Alors, imaginez le résultat quand le navet du jour s'inspire d'une série de jeu vidéo bien connue des amateurs de vs fighting!

Street Fighter n'est plus la seule série à s'être fait massacrer par les cinéastes (et JCVD). The King of Fighters (KoF pour les intimes) vient de se faire massacrer à son tour. Que me réserve le DVD que je viens d'acheter?

Eh ben mes amis, pour connaitre au minimum l'ambiance de la franchise de SNK et des personnages, le résultat est tout simplement... nanardesque. Comprenez que tKoF est un film ridicule, avec des acteurs aussi charismatiques qu'un plat de moules marinières pas fraiches, des décors et des prises de vues à vomir, saupoudré par une histoire aberrante de facilité et d'anti-intérêt.

Ah, j'allais oublier, on regarde ce film pour la baston! Fort heureusement, il y en a. C'est que le réalisateur serait tout à fait capable de priver le spectateur des scènes de versus fighting. Pour tromper le spectateur lambda qui n'y connait rien en jeu vidéo, ça pourrait marcher, mais pour celui regarde ce film en connaissant l'oeuvre de SNK, il sent immédiatement le foutage de gueule. Un foutage de gueule qui se traduit de différentes manières, à l'instar des scènes de combat. La poignée de combattants issus de la franchise se lancent dans des chorégraphies d'un ennui inquiétant. Vas-y que je fais des coups de pieds pas naturels du tout, des coups de poings dans le vent, et vas-y aussi que je tire la grimace pendant que tu me fais des coups à la puissance pitoyable. Si encore les effets spéciaux pouvaient sauver les scènes de baston, en voyant des personnages tel que Kyo ou Rugal sortir des coups connus. Mais même pas!

Qui dit baston dit décor de scène de baston. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le mauvais goût est au rendez-vous. Imaginez un décor style Plus belle la vie, fait de carton, genre une rue avec de vieilles façades bien laides. Mettez ce décor dans le noir, et éclairez avec le maximum de projecteurs avec un filtre de couleur. Plutôt que d'avoir une lumière plus ou moins naturelle, l'ambiance fait immédiatement penser aux plus mauvaises boites de nuit que vous connaissez. C'est à dire que c'est éclairé en cyan, magenta, et quelques autres couleurs qui ressortent d'une manière immonde dans le noir.

Et dans ces décors d'un charisme fou, vous y mettez des personnages méconnaissables. Mais alors, je pèse mes mots!

Regardez donc ça. Je vous assure que ce n'est pas un fake.

 

Profitons de cette occasion pour présenter les principaux personnages impliqués dans l'histoire. Aucun d'entre eux ne ressemble esthétiquement (ni psychologiquement, d'ailleurs) à la version envisagée par le staff de SNK.

- Kyo est plus ou moins le personnage principal du film. C'est normalement lui qui peut vaincre le pouvoir d'Orochi. Mais comment peut-on confier cette tâche à un con qui 1) ne ressemble pas du tout à un japonais; et 2) (au risque de me répéter) est totalement con? Dans 75% des scènes de baston, je vois Kyo avec... un sabre. Tu t'es trompé de porte, Kyo; Samuraï Showdown, c'est l'avant-dernière porte à gauche au fond du couloir. C'est Kof ici, bordel de m****! Précisons que son père (Saisyu) ressemble bien à un japonais, lui, mais encore une fois, rien à voir avec le personnage charismatique que connaissant les joueurs de Kof. Au fait, pour en finir avec Kyo, aucune trace de ses compagnons de combat, Benimaru et Daimon sont restés coincés aux chiottes.

- Si Kyo est un personnage pourrave, Mai Shiranui s'en sort à peine mieux. Une bonne tête, mais où sont les grosses pastèques, la robe rouge et l'éventail qui fait le charme du personnage? Tout compte fait, c'est le principal personnage du film, s'imposant naturellement à chaque situation. Donc, en cas d'impact sur votre pare-brise, ne faites pas appel aux escrocs de chez Carglass, faites plutôt appel à Mai Shiranui!

- Iori Yagami, rival naturel de Kyo, s'impose difficilement comme le personnage le plus charismatique du film. Mais charismatique est un bien grand mot. Il se bat tellement comme un pied, qu'il est obligé de succomber à des pulsions meurtrières si il veut se battre pour de vrai. Navrant.

- Mature est Vice jouent ici les putes de service, avec des mini-jupes. Pas besoin d'en dire plus, chaque scène de combat est l'occasion de faire un "zoom" (en fait il n'y a pas vraiment de zoom dans ce film) sur les poitrines des deux demoiselles soumises.

- Terry Bogard, lui, c'est le pompom! Incarné par un mec qui rappelle fortement Bruce Willis avec des faux cheveux, il est stupide au possible, pas drôle, ne sert à rien, ne sait pas se battre. C'est sans conteste le bouc émissaire du film. Pour bien achever les fans de Fatal Fury, Terry Bogard travaille... pour la CIA. Voilà, ça c'est fait!

- Chizuru, a part avoir la capacité de créer des ombres et de les contrôler, n'a rien à voir avec le personnage que connaissent tout les fans de Kof.

- Et finissons par le méchant, que dis-je, the best méchant EVER.

 

Avant il y avait Rugal Bernstein...

 Et revoilà Rugal, maintenant!

Hélas, ce que vous voyez là est probablement l'aspect le plus massacré du film. Alors que dans Kof, Rugal est un méchant charismatique et mémorable, dans le film, c'est devenu un personnage extrêmement haïssable, dès les premiers instants où on le voit à l'écran. Juste obsédé de posséder les reliques qui permettent de capter le pouvoir d'Orochi (en quelque sorte, mais pas la peine de s'attader sur l'histoire d'un mauvais film) Rugal est le prototype du mec qui pourrit le film dans son intégralité. Pas charismatique, apparaissant trop souvent (donc c'est mauvais pour le spectateur), tantôt déguisé en joueur de hockey (!!!) et samuraï, on est à des années lumière du personnage envisagé par SNK. Le pire, c'est que le film semble totalement graviter autour de sa personne, ce qui est particulièrement ringard de vouloir imposer un personnage au charisme aussi faible.

Que vaut le reste du film, sachant que rien qu'avec le casting et les médiocres scènes de baston, au moins 90% du film est irrécupérable? Rien du tout! Le peu d'humour dont comporte de film est bidon. Fort heureusement, les tentatives de vannes (qui échouent toutes) ne sont pas nombreuses. Mais ce qui est particulièrement désagréable, tout au long du film, c'est cette furieuse manie à pencher la caméra n'importe quand. Un plan sur un personnage? On met la caméra de travers, c'est plus stylé. Une scène quelconque se produit? Caméra de travers! Baston générale? Caméra de travers FTW!

Un exemple de caméra de travers, de personnages avec un charisme fou, et un décor en papier mâché...

Cette image résume très bien le film. Je suis bien obligé d'admettre que l'adaptation au cinéma de The King of Fighters est hallucinante de nullité.

Mais rassurons-nous: les amateurs de nanars auront trouvé un film qui réponds très bien à leurs attentes! Inspiration du jeu vidéo mis à l'écart, il ne reste que des acteurs mauvais, des décors de très mauvais goût, une histoire à dormir debout, un rythme pas équilibré, des scènes d'action qui prêtent à sourire, et bien d'autres tares. Vous l'aurez peut-être compris, The King of Fighters est un nanar de qualité, qui m'aura personellement bien fait rire. Que vous connaissez la franchise de SNK... ou pas, regardez-le une fois, je pense que vous ne le regretterez pas.