Vous savez, plus je suis l'actualité, plus j'écoute les déclarations faites par les journalistes jeu vidéo dans les médias, et plus je constate avec désarroi que les hardcore gamers sont plus que jamais montrés du doigt, considérés comme des bêtes de foire hasbeen, et n'ont plus leur mot à dire. Il m'est donc venu à l'idée d'écrire cet article afin de restaurer des vérités qui me touchent particulièrement. Et malgré le fait que ma voix porte beaucoup moins que celle des journalistes qui sont sous les projecteurs, j'espère pouvoir prouver au plus grand nombre que oui, être hardcore gamer peut encore être une fierté.

Hardcore gamer, histoire d'une incompréhension

L'article qui me fait réagir à ce sujet est cet édito "Je ne veux plus être hardcore gamer" (https://www.gameblog.fr/chronique_330_edito-1-je-ne-veux-plus-etre-un-hardcore-gamer), que l'on doit à Rahan. Il y condamne le terme d' "hardcore gamer", sous prétexte qu'il n'ait comme seuls débouchés qu'arrogance, fermeture d'esprit et catégorisation. Déjà, je ne pense pas que ce terme, quand il est dit dans la bouche de beaucoup d'individus, signifie forcément que l'on joue "plus" que les autres, "mieux" que les autres, ou plus "sérieusement" que les autres. Se définir en tant qu'hardcore gamer, c'est avant tout proclamer une histoire qui nous accompagne depuis des années, un état d'esprit que l'on adopte, une passion que l'on porte à bras le corps et qui pourtant, est censée nous réunir. Se dire hardcore gamer, c'est une façon d'affirmer que l'on respecte le jeu vidéo, qu'il fait partie intégrante de notre vie. Certes, avant que cette appellation ne devienne taboue, se considérer en tant que tel était comme une défense et un repli communautaire face aux regards extérieurs, qui condamnaient avec tant de virulence le milieu du jeu vidéo. Mais aujourd'hui, son sens a évolué, comme les individus qui l'arborent. Et je suis intimement convaincu que si nous voulons être acceptés tels que nous sommes, ce n'est pas en fuyant nos racines qu'on risque d'y parvenir. Chaque mot a son histoire ! En tout cas, moi je vous l'assure, hardcore gamer je suis, hardcore gamer je resterai !

Le jeu casual, fléau et caricature du jeu vidéo

Comme le voudrait aussi la période actuelle, il est devenu inconvenant de critiquer le casual gaming. Impossible de donner son avis sans être traité de "vieux con" ou de réfractaire. Il suffit d'écouter le podcast 207 de Gameblog sur l'avenir des consoles portables (https://www.gameblog.fr/podcast_211_podcast-207-les-consoles-portables-vont-elles-mourir-vol-2), pour constater que l'ouverture d'esprit à outrance, le politiquement correct, vouent un culte et déroulent le tapis rouge au snack/casual gaming, car à aucun moment, la problématique de la qualité des jeux smartphone n'est débattue. Pour moi, il est évident que les jeux casual sur Kinect, PsMove, Wii, tout comme les jeux sur smartphone, ne sont que régression totale. On nous matraque leurs bienfaits en stipulant qu'ils symbolisent le "retour aux origines" du jeu vidéo, qui ne se basent que sur le scoring et le divertissement pur. N'est-ce pas là une belle façon d'imager ce qui n'est autre qu'un retour en arrière ? Où juge-t-on leur direction artistique inexistante ? Où juge-t-on leur caractère ludique d'un simplisme effarent ? Personne ne semble se rendre compte que la norme qualitative des jeux est tirée vers le bas, que le marché est trusté par ces titres régressifs et abrutissants. Personne ne semble s'aperçevoir non plus, que vendre à un public profane des produits prémâchés ne fait que le former à une vulgarisation du jeu vidéo, tout en narguant les ambitions créatives qui ont pu naître depuis plus d'une trentaine d'années dans le milieu. Car c'est un fait : on adapte trop les jeux au public auquel ils s'adressent. Aujourd'hui, les jeux pour enfant sont d'une bêtise sans nom, alors que de notre temps, les enfants parvenaient tout à fait à jouer aux jeux difficiles, ce qui leur permettait du coup d'apprendre à la dure. Enfin, l'argument le plus récurrent qui défende le casual gaming, est qu'une "nouvelle" audience est rassemblée autour du jeu vidéo. Je ris, car encore faudrait-il considérer les jeux casual comme du vrai jeu vidéo, ce qui n'est pas mon cas. Quand je regarde quelqu'un jouer à Wii Sports pendant que je suis sur Dark Souls, de la même façon que je regarde quelqu'un qui écoute Lorie pendant que j'écoute Gustav Mahler, j'ai du mal à me rejouir. Et si, même au pire des cas, on a espoir que des casuals se convertissent au hardcore gaming, mieux vaut ne pas s'attendre à les compter au-delà des doigts d'une main...

Le jeu vidéo de demain sera-t-il encore du jeu vidéo ?

En voyant ces débats sur Game One ( 1) https://www.youtube.com/watch?v=Pc7INTCZ1_M&feature=context&context=C37a3c24ADOEgsToPDskJ4aJ-cWPxMOs6XLRdrI8d1, 2) https://www.youtube.com/watch?v=FugJuR7QgC4&feature=related) à l'intérieur desquels éditeurs et constructeurs de machines prônent l'extension du marché, expriment leur désir de délaisser la performance graphique au profit de nouveaux devices, et commandent en majorité du software casual, j'ai été consterné. Car nous, hardcore gamers, public présent depuis les débuts, qui avons permis à l'industrie de se développer, sommes visiblement de pauvres citrons préssés dont on aurait jeté la peau. Mais en lisant cette déclaration de Microsoft (https://www.jeuxvideo.com/news/2012/00055873-la-xbox-3-peut-etre-a-l-e3.htm) selon laquelle l'ajout de Kinect, de chaînes télé, d'outils communautaires, de marchés vidéo et musique, ainsi que le nouveau dashboard, font à eux seuls une nouvelle console Xbox 360 qui a le potentiel suffisant pour rester en lice durant un bon bout de temps, j'ai peur. J'ai peur, car comme le confirme cette déclaration, les constructeurs se dirigent de plus en plus vers des plate-formes de divertissement, plutôt que vers des consoles de jeu. En effet, l'utilité d'une console est en train de changer et reflète au fur et à mesure, davantage ce qu'inaugurait le PC en tant que centre principal d'intérêt dans un foyer. Du coup, on en oublierait presque ce pourquoi on était là au départ, le jeu vidéo ! N'est-ce pas là une catastrophe ? N'est-ce pas là un effet nausif du casual gaming ? Une preuve de délaissement absolu du hardcore gamer ? Pour moi, la question ne se pose même pas, hélas...

Je ne suis pas forcément pour qu'on ferme nos portes, j'aimerais juste que parfois, on prenne un peu de recul. Qu'on garde un oeil sur ce pourquoi on s'est passionné, et qu'on ait encore les couilles de défendre le jeu vidéo tel qu'il est, sans forcément en faire une caricature. Car il serait tout de même dommage que le jeu vidéo manque le coche et évolue dans une mauvaise direction...

 

Leobiwan