Méfiez-vous des apparences, nous arborons peut-être la troisième et dernière partie de l'article sur les Color TV Game, mais il nous reste encore trois consoles à survoler pour clôturer la série. Ainsi, place aujourd'hui a là Color TV Game Racing 112, la Color TV Game Block Kazuki et la Computer TV Game sorties respectivement en 1978, 1979 et 1980.

Nous continuons donc notre voyage en 1978, Ashton Kutcher et Nicole Scherzinger sorte à la maternité, Jacques Brel entre dans son cercueil, le jeu-vidéo passe dans sa seconde génération. Fort du succès de ses deux premiers hardwares, Nintendo ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Pied au plancher et décidément pleine de confiance, la firme nippone compte bien diriger ses nouveaux bolides, vers un nouveau succès. Bien que motivée, la future multinationale connaitra une réussite en dent de scie. Analyse.

La Color TV Game Racing 112 : premier tête à queue

C'est bien beau de sortir une plateforme qui propose 112 jeux, le soucis, c'est qu'en jouant à la console, les joueurs devaient (conditionnel) être empreints d'un acre sentiment de, permettez l'expression,  "foutage de gueule". Et de suffisance également. Pourquoi? Quand Nintendo disait vous proposer sur leur deux premières consoles respectivement six et quinze jeux, on a vu qu'en réalité il s'agissait tout bonnement de six et quinze variantes d'un même jeu, Light Tennis (lui-même variante de Pong). Light Tennis, Pong-Like en puissance, demeurait très apprécié, les consoles n'étaient que peu coûteuses (moins cher que ces concurrentes, au moins), et l'éponge pouvait sans mal être passait sur ce demi-mensonge. Le stratagème commercial a donc fait ses preuve une première fois, puis une seconde fois, mais au bout de la troisième, non seulement les gamers comprendront qu'il y avait "anguille sous roche" mais en plus, ils ressentiront cette nouvelle entourloupe de manière plus forte encore. En effet, la Color TV Game Racing 112 se targue d'emporter cent douze titres alors que seuls dix dérivés de jeux automobiles distincts mais légèrement différents sont présents. Ahahah, mais LOL quoi ! Concrètement, ce qui différencie les soft n'est d'autre que les objectifs que le joueur doit s'éfforcer atteindre. Un mode multi-joueurs est implémenté permettant à deux adversaires de régler leurs comptes au pad. L'écran se scinde alors en deux laissant aux joueurs le choix du côté du téléviseur.

La console peut être considérée comme une petite borne arcade. Elle arbore un volant ainsi qu'un levier de vitesse assurant aux pseudo-pilotes en herbe des sensations toutes nouvelles à la maison. Toutefois, ler sympathiques commandes du hardware ne pourront définitivement pas rattraper les lacunes fondamentales dont souffre la Color TV Game Racing 112. Malgré son prix intéressant - 12 500 yens - l'ascension de Nintendo prend fin avec sa troisième console. Au bout du compte, les ventes plafonneront à 160 000 exemplaires. La plateforme axée course automobile s'offre là une belle dernière place. Un comble.

J'ai l'intime sentiment qu'ici Nintendo a fait preuve d'un manque de maturité, qu'elle a confondu vitesse et précipitation et qu'elle, malgré un indéniable talent, a  indiscutablement louper son virage pour finalement tirer tout droit dans les graviers.

En réalité, je ne pense pas que le fait de "tromper" abusivement les clients sur la marchandise en leur promettant plus de jeux qu'il y en a réellement ait été le principal facteur du naufrage de la Color TV Game Racing 112. Je crois simplement que la qualité moyenne des soft n'a pas conquis les chalands. Pour preuve, Nintendo ne changera nullement de cap stratégique avec la quatrième console de la série et pourtant la firme renouera avec le succès.

Color TV Game Block Kazushi : l'entrée en jeu d'un monument

N'était-elle pas belle ma transition?  En tout honnêteté, il me suffirait presque de vous demander de relire (ou lire, pour ceux qui commence par le dessert) la deuxième partie consacrée à la Color TV Game 6 en remplaçant le nom de la console par Color TV Game Block  KazushiPong par Breakout et 360 000 par 400 000 ventes. J'aurais pu si un homme ne m'y avait pas empêcher. Un certain SM, un certain, je vous le donne en mille, Shigeru Miyamoto. 

Mais, ne nous emballons pas. Commençons par le commencement. Nous somme en 1979, la structure de la console que mettent au point les salariés de Nintendo est semblable aux précédentes. Toujours pas de médias, les jeux sont intégrés directement dans le console. Pong, c'est fait et refait, les jeux de courses, ça n'a - commercialement parlant - pas fonctionnés, Nintendo passe à autre chose. Le jeu du moment, le jeu incontournable conçu par Nolan Buchnell (que de grands noms) et développé par sa société, Atari, porte le nom de Breakout. Le casse-brique alimente les convertsations geek de l'époque. Ni une, ni deux, l'entreprise fondée par Monsieur Yamaushi développe elle aussi son Breakout, en lui donnant six varientes très fidèles au titre arcade. Nintendo ajoute des options pour faire augmenter le challenge. Ainsi, le joueur avait la possibilité de régler sa console de façon à accroitre la vitesse de la bille, ou démultiplier celle-ci. On peut d'ailleurs apercevoir les commandes permettant de procéder à ces différents réglages sur la photo ci-dessous. Elle sont situées entre la molette (pour le déplacement) à droite et le bouton principal à gauche.

Ce design arrondi de la console, plus agréable à l'oeil, nous le devons à ce cher Shi-Shi Miyamoto, embaucher deux ans auparavant en tant que directeur artistique. Bim!, la, ce qu'on pourrait appelé, Color TV Game 6 II sort ! Mais attend Shi-Shi, t'as viré les pads ?! Etant donné que le joueur dispose à nouveau des commandes directement implantées sur la console, le génie s'est appliquer à renforcer l'ergonomie tant pour les droitiers que pour les gauchers. Cependant, la Color TV Game BK est irrémédiablement emputée d'un mode multijoueur, qui n'est pourtant pas incompatible avec ce jeu. 

Pour finir, on remarquera que la Color TV Game BK correspond à la première console portant le logo "NINTENDO". Sachez enfin que cette dernière se sera écoulé à 400 000 exemplaires. Une vraie bouffée d'air frais pour Nintendo après le hors-piste la la précédente console.

Computer TV Game : moche, vielle, canibalisée 

La Computer TV Game, sortie à l'aube des année 80, n'avait rien pour elle. Mais rien ! Nada de nada !

Commençons par ouvrir les entrailles de la bête. Foncièrement, qu'y trouve-t-on? Un jeu, Computer Othello, inspiré du jeu de réflexion éponyme (sans le "Computer", évidemment). Derrière tout jeu, il se trouve un processeur. Dans la Computer TV Game s'y loge un focille technologique, si peu performant que même que celui ci traine une réputation de CPU à qui même un enfant peut flanquer une décullotée. De surcroit, le véritable jeu de Mattel Orthello se joue avec des pions bicolores ronds, une forme que la console est absolument incapable d'afficher. Dès lors, se seront des croix qui feront offices de pions.

Le background du soft intégré dans la console est peut-être plus interressant que l'histoire de la console elle même. On l'a vu dans la première partie, avant de se lancer dans la conception de la Color TV Game 6, Nintendo développait depuis 1970 des jeux pour bornes arcade. Eh bien, malgré une distribution tardive (1978), Computer Orthello n'est d'autre que le premier titre développé par la firme nippone.   

En ce qui concerne le design de la console, eh bien écoutez, c'est simple, Nintendo à fait un bond trois ans en arrière, ni plus, ni moins Comparez vous-même la photo de la Computer TV Game à celle de la Computer TV Game BK, jamais on s'imagine que la première sorti un an après la seconde ! En proposant une plateforme habillée comme grand-mère, le constructeur aura, finalement, créer une ensemble pour le moins cohérent, un ensemble définitivement en retard. C'est simple, la seule chose positive correspond au retour du mode multijoueur, quand même.

Ajoutez à ça la présence d'une alimentation de deux kilos - WTF? - et un prix atteignant 48 milles yens (pour une console intégrant qu'un seul jeu) et vous obtenez un produit invendable. Mais passons à la principale raison ayant fatalement piétiné toute chance à la Computer Tv Game de se vendre. J'aimerai, pour se faire, poser une unique question à Nintendo : "Depuis quand est-il judicieux stratégiquement de sortir deux importantes consoles à quels mois d'intervalle, bien qu'elles ne soient pas de la même nature (console de salon et portable) ?! Depuis, voyons...., jamais ! O grand jamais ! Si, en 1977, la société envoie quasi-simultanément, deux plateformes sur le marché comme vu dans la première partie, on avait reconnu ensuite que Nintendo avait certainement calculé sa manoeuvre. Dans le cas de la CTVG, on ne peut que penser à l'erreur de trajectoire de Nintendo. Les Game & Watch sortie elles aussi en 1980 ont complètement cannibalisées la console de salon. Entre les deux soeurs, le choix était vite fait. La première console portable est révolutionnaire, moins chers, innovente, et j'en passe et des meilleurs tandis que l'autre... ben. Nintendo devait faire face à assez de concurrents - certains, bien plus importants - pour s'autoconcurrencer elle-même.

Je vois plusieurs hypothèse (je suppose qu'il doit y en avoir des centaines) expliquant cette situation mais je tiens à vous faire part d'une d'entre elle. Je vous peint le tableau.

Nintendo n'avait pas prévu que ses consoles arriverait au terme de leur production dans un lapse de temps si réduit. Du coup, il était hors de question de repousser la sortie de la Computer TV Game de quelques mois encore. Nous n'aurions pas parlé dans cet article de retard technologique, mais d'une véritable blague, de la Computer TV Gameblag.... Et pour repousser la date de sortie de la première Game and Watch, je pense que chez Nintendo, on n'y a même pas pensé. Ils n'auraient jamais pris le risque qu'un concurrent sorte leur console portable avant eux et l'argent des joueurs leur tendait les bras.

Personnellement, je ne suis jamais arrivé à cerner l'intérêt de cette console. Elle propose un seul jeu de société achetable bien moins cher en magasin. Le seul avantage qu'on pourrait lui trouver c'est son mode solo pour jouer seul, contre le CPU. Mais quand même, 48 mille yens pour si peu...

Essayons tout de même de tirer le profil des personnes pouvant, à l'époque, potentiellement être intéressée par la console. Tout d'abord, celles-ci n'étaient guère technophiles, elles adoraient Orthello, cherche à pouvoir y jouer chez elle, quand elle le souhaite, à la difficulté qui lui convient. Et si à ce niveau, la console peur encore trouver son public, elle le fera fuir du haut de ses 48 mille yens.

 

Entre succès et désillusion, l'irrégularité de Nintendo est flagrante. En ces années-là, la firme  est certainement encore un peu trop verte. Toutefois, elle réussira quand même à faire son trou en surfant sur l'engouement de jeux cultes comme Pong ou Breakout. Malgré quelques écarts, les intelligentes stratégies mises au point auront semblent avoir été le facteur principal de la réussite de trois des cinq consoles de la série de Color TV Game. Par la suite, les Game & Watch propulseront Nintendo vers les sommets et bien qu'aujourd'hui ses consoles actuelles soient activement décriées par les gamers, on ne peut que saluer la longévité dont fait preuve Nintendo sur le marché du jeu vidéo.