D'emblée, on note un bon point dans ce jeu Narcos, c'est la possibilité de jouer au choix la campagne coté DEA (Agence américaine pour le contrôle des drogues) et le Cartel de Medellín (l'organisation criminelle de Pablo Escobar). Il suffit pour cela de terminer la première mission coté DEA qui nous propose de jouer une équipe pré-constituée avec l'agent Murphy, l'un des personnages principaux de la série de Netflix.

"L'argent ou le plomb?"

Pour ceux qui ne sont pas familiers du genre auquel on identifie XCOM, un menu global permet de prendre et choisir nos missions pour suivre le scénario, il est aussi possible de recruter de nouveaux membres dans notre organisation pour combler les pertes au combat ou venir faire grossir les rangs. Évidemment, c'est aussi là où l'on se prépare avant les missions coté équipement et armement. Une escouade est composée de cinq membres maximum et chaque personnage a un rôle bien défini qu'il faut bien évidemment respecter. Coté DEA, l'unité de base est le policier, véloce mais avec un armement très léger (d'où sa rapidité) et coté Cartel il s'agit du guetteur - un peu la classe miroir.

"Les mensonges sont nécessaires quand la vérité est très difficile à croire"

Premier problème donc, si ce coté miroir est une simplicité de développement, du coté du joueur cela laisse un goût amer et rend les deux factions un poil trop proches l'une de l'autre pour ce qui est de la gestion au combat. On aurait aimé plus de caractéristiques spéciales. Le déséquilibre se ressent aussi dans l'affrontement à proprement parler puisque le jeu ne laisse vraisemblablement aucune place à l'erreur. Un peu à la façon d'un effet domino, il suffit de mal placer une unité à un moment pour engendrer une issue fatale. Il n'y a pas de retournement de situation possible comme dans un XCOM où la tension est palpable jusqu'à la fin d'une missions. Dans Narcos on sait d'office que la mission sera un échec si l'on perd ne serait-ce qu'une unité sur le champ de bataille. Certains aimeront ce côté intransigeant tandis que d'autres risquent fort d'enrager devant leur écran.

Notons d'ailleurs que la mort est définitive, mais ce n'est pas vraiment une surprise quand on est habitué à ce type de jeu. C'est même une notion essentielle pour tout XCOM-like qui se respecte. Ce n'est donc pas une prise de risque mais ça reste une bonne décision de la part du studio d'avoir gardé cette mécanique.

Des problèmes trop visibles

Autre point négatif qui ressort rapidement après quelques heures (et ça devient clairement problématique) : les objectifs à remplir. Les maps sont variées et le level-design bien pensé (on apprécie d'ailleurs retrouver les fameux décors de la série), mais les actions se résument un peu toujours à la même chose : tuer, tuer, tuer. Alors qu'on le voit bien dans la série de Netflix, les arrestations, l'écoute ou encore l'espionnage se révèlent être des notions TRÈS importantes pour affaiblir le réseau d'Escobar. Tout comme l'enlèvement est une arme très importante du coté des Cartels.

Narcos est donc centré uniquement sur l'action dans le sens le plus basique du terme. Alors que le système de jeu aurait très clairement pu permettre ce type d'objectifs (en particulier le rapt). Le titre fonctionne au tour par tour et avec une grille de déplacement et des points d'action à dépenser. Le coté tactique se trouve toutefois réduit à son minimum puisqu'un certain nombre de fonctionnalités habituelles au genre sont absentes. Il est ainsi impossible de donner des ordres à toute son équipe lors d'un tour, par exemple. Le jeu restreint l'action à une seule unité et il n'est pas possible d'agir en synergie. Et comme votre unité a une chance sur deux de viser aussi bien qu'un Stormtrooper dans la trilogie originale de Star Wars, on a de bonnes chances (encore) de s'énerver.

La justesse de tir est beaucoup trop aléatoire et outre l'aspect irréaliste (un agent de la DEA surentraîné qui vise comme un pied, ça fait tâche) cela rend l'action laborieuse et lente. Il faut parfois de nombreux tours pour venir à bout d'une unité qui n'hésitera pas d'ailleurs à s'échapper entre temps. Cela se ressent sur le rythme et le répétition globale des missions. Heureusement, que l'on voie du pays, sinon ça en deviendrait extrêmement frustrant.

Un manque de profondeur

Si l'on aime la série et que l'on a suivi avec passion les aventures de la DEA et du Cartel de Pablo, on est tout de même ravi de retrouver cette ambiance si particulière. Musiques sud-américaines ou pop issues du feuilleton, cinématiques et extraits vidéo , doublages etc... En revanche, et ça fait très mal une nouvelle fois du coté de l'immersion, l'espagnol se montre totalement absent du jeu. Alors que Netflix s'était évertué à proposer des dialogues anglais et espagnols selon le camp, le jeu ne propose que de l'américain. Et très franchement Pablo Escobar qui parle uniquement en anglais, c'est le coup de grâce. Difficile de savoir s'il s'agit d'une question de budget ou un choix artistique délibéré. On se gardera donc de juger trop durement cette décision même s'il s'agit clairement d'un gros point noir. Sans cela, l'adaptation aurait presque pu faire oublier certains problèmes.