Dans We. The Revolution nous incarnons Alexis Fidèle, un personnage fictif qui s'inspire entre autre de plusieurs personnages bien réels tel que Jacques-Bernard-Marie Montané ou encore Martial Herman qui furent à tour de rôle juges de personnages emblématiques de cette période tels que Marie-Antoinette, Charlotte Corday ou encore Danton. Le coeur du jeu vous permet d'être juge révolutionnaire et d'avoir une vision d'ensemble du banc des accusés, du jury, et des tribunes. Pour rendre tout ceci possible en prenant en compte que Polyslash est une petite équipe de développement le jeu propose des graphismes de type polygonal en faisant défiler des scènes façon BD très peu animées. Le résultat se révèle très agréable et se marie extrêmement bien avec l'atmosphère de la Révolution Française.

« Quand on se mêle de diriger une révolution, la difficulté n'est pas de la faire aller, mais de la retenir. » Mirabeau

Globalement, chaque procès se déroule de la même façon. Devant vous, sur votre bureau, et comme vous pouvez le voir à travers les images qui parsèment ce test, vous pouvez trouver de nombreux documents. Le chef d'accusation, une retranscription des faits selon les témoins et divers notes de personnes qui peuvent arriver au cours d'un procès pour apporter des précisions supplémentaires sur l'accusé ou le déroulement des faits. Si le début du jeu fait la part belle à des affaires de droits commun (voisinage commercial, vol, etc) très vite il se penche plus volontiers sur des faits politiques d'une grande gravité. Vous avez entre vos mains le destin des hommes et des femmes qui défilent devant vos yeux. Car si au départ seule la prison ou la libération sont possibles, très vite la guillotine va faire partie des possibilités de jugement.

« Nul, quand la patrie est en danger, nul ne peut refuser son service sans être déclaré infâme et traître à la patrie. » Danton

Pendant la Révolution ce sont plus de 17 500 hommes et femmes qui furent guillotinées, parfois sur de simples suppositions. L'odeur nauséabonde du sang fut telle que l'appareil de mort fut a de nombreuses reprises déménagées pour ne pas incommoder les habitants. Et évidemment le jeu va jouer avec vos émotions et vous faire réfléchir à vos actes car le travail de juge ne s'arrête pas à la porte du tribunal. Une fois chez vous, votre femme, vos enfants et vos amis pourront vous reprocher certains choix et il s'agira de satisfaire l'un ou l'autre pour ne pas se couper de certaines mécaniques de jeu.

« Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. » Robespierre

We. The Revolution joue donc avec votre propre conscience et les faits, et il s'agira de jongler habilement car plusieurs factions réagissent aux divers condamnations. Les gens du peuple et les révolutionnaires. Et contrarier les uns ou les autres peut vous amener à l'échafaud. Et c'est en cela qu'on arrive aux limites de gameplay puisque le jeu ne propose pas une véritable liberté d'action sur certains jugements. On apprend très vite que certaines personnes (c'est le cas de Louis XVI mais aussi de biens d'autres) ne peuvent qu'être condamnés à mort sans possibilité de rédemption ou de pardon. Ainsi le bon roi Louis, injustement baptisé Citoyen Capet lors de la Révolution n'aura pas d'autres choix que de finir tête la première sous la lame de la "Veuve".

« Ouvrez les prisons à ces deux cent mille citoyens que vous appelez suspects. Croyez-vous que ce soient ces femmes, ces vieillards, ces cacochymes, ces égoïstes, ces traînards de la Révolution qui sont dangereux ?, Les braves et les forts ont émigré. Ils ont péri à Lyon ou dans la Vendée ; tout le reste ne mérite pas votre colère » Desmoulins

Pour connaitre la vérité et soutirer des informations le jeu passe par un habile système de questions. Pour les débloquer, il va falloir lier et contextualiser l'ensemble (témoins, mobile, mode opératoire, preuves). Le résultat est important car la politique de la ville de Paris découle en partie des résultats des condamnations et l'odieux procureur avide de sang qui vous accompagne pourra vous causer du tort. C'est le cas notamment avec le rapport que l'on doit rendre à la fin de chaque séance, qui permet de recevoir une note dudit procureur.

« Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux, c'est son gouvernement. » Saint-Just

Outre les jugements et les choix familiaux, le jeu nous laisse aussi la possibilité à de nombreuses reprises de convaincre le peuple ou des personnages emblématiques de la Révolution à l'image de Danton. C'est bougrement intelligent et finement amené par les programmeurs. Un vrai plaisir et on ne s'en lasse pas.

Là où cela devient problématique, c'est sur l'illusoire liberté de certaines actions. En définitive certains jugements ne peuvent avoir lieu que d'une seule et unique façon et déborder un peu trop de la route pré-établie vous guidera vers la fin de partie (en l'occurrence la mort de votre avatar). Dans les éléments qui viennent noircir le tableau on notera aussi le coté tactique et politique en demi-teinte. Intelligent de prime abord, le jeu vous permet d'avoir une influence sur les différentes districts de la ville de Paris et de déplacer à la manière d'un jeu d'échec vos pions pour faire gagner du terrain vos idées. Mais très vite on se rend compte que cette superposition de mécaniques de jeu et ce déferlement de jauges en tout genre ne font que perdre le joueur. C'est bien dommage car le studio aurait eut tout intérêt à se concentrer sur l'essentiel. We. The Revolution n'en reste pas moins attrayant et s'avère une véritable bouffée d'air frais subtile et ingénieuse même si l'Acte 1 reste clairement au-dessus du lot de part sa qualité d'écriture (ce qui n'est pas nécessairement le cas dans les suivants).