Attention : les personnes n'ayant pas terminé l'épisode précédent ne devraient pas s'aventurer dans cet article susceptible de leur divulgacher quelques éléments de l'intrigue.

Un mois s'est écoulé depuis le drame de Seattle. Sean et Daniel sont toujours en fuite. Beaucoup de choses ont changé. Le plus jeune a conscience de posséder un pouvoir. Son grand frère l'aide à le maîtriser tout en insistant sur le fait qu'il ne faut jamais en parler ni en faire démonstration. Difficile pour un minot de ne pas vouloir frimer, de résister à l'envie de partager avec d'autres cet incroyable talent. Mais la consigne est claire : profil bas le temps d'atteindre le Mexique et la liberté. Bien qu'ayant trouvé refuge dans une cabane, les frangins subissent de plein fouet l'hiver rugueux de l'Oregon. La faim tiraille les estomacs, la maladie guette. Il est temps d'aller rendre visite à de la famille, non sans avoir été témoin d'un événement choquant, injuste, qui ne manquera pas de faire songer aux moments les plus destructeurs de Rémi sans famille.

Un grand pouvoir

Les retrouvailles ont lieu. La bienveillance est de mise, les liens familiaux restent forts. Enfin du réconfort. Mais les règles, au coeur de cet épisode de Life is Strange 2, doivent être considérées. Toutes respectées ? Dans un petit village où tout le monde se connaît et s'épie, impossible de passer inaperçu alors qu'on a fait les gros titres des journaux. Dans une maison où l'on préfère les non-dits à l'évocation d'une personne qui a préféré l'abandon, on a envie d'être curieux, de fouiller dans le passé, quitte à décevoir. Quand on a eu une vie, des amis, on cherche le contact.

Les tentations sont nombreuses, pressantes. Mais il ne faut jamais perdre de vue que nos choix, ceux de Sean, donc, en plus de façonner une histoire globale, ont également une incidence sur le développement de Daniel. On incarne une figure d'autorité qui doit constamment se surveiller en plus de protéger la fratrie. Alors quand l'amitié avec un autre petit garçon rêveur commence à s'instaurer, que l'on est témoin d'une discrimination sans fondement et que les discussions d'adultes s'invitent à la fête, on ne sait plus forcément sur quel pied danser. Laisser couler, faire appel au paranormal ? Il n'y a pas de mauvais choix. Certains ont peut-être plus des répercussions plus terribles que d'autres sur le long terme.

La réalité mord

Moins politisé mais voulant encore nous faire réfléchir subtilement, sur l'égoïsme de notre société, et nous faisant nager entre tendresse et désespoir, Rules est avant tout un chapitre touchant. Il y a ces grands-parents admirables mais loin d'être indemnes, ce veuf à qui l'on aimerait venir en aide, ces jeunes marginaux totalement inoffensifs mais tout de même rejetés... Les rencontres heureuses et moments de répit fugaces sont vite rattrapés par une réalité qui ne prend pas de gants.

Assez peu interactif dans le sens attendu par certains joueurs, Life is Strange 2 : Rules sait néanmoins impliquer, grâce aux différents objets et personnages qui offrent de petits bouts de vie mélancoliques. Pour qui prend le temps, la série de Dontnod garde cette atmosphère si particulière, à laquelle se marie si bien une bande-son folk radieuse. Pour sûr, on ne trouve pas là de quoi se remonter le moral, mais l'on demeure intrigué par cette escapade et curieux du destin réservé aux frères Diaz par leurs créateurs. Mais pour la suite, il va falloir attendre.