Vane a pourtant plusieurs éléments qui donne emblée envie de s'y plonger : on y incarne un bel oiseau noir aux reflets nacrés dans un désert de roches à l'aspect vibrant et aux textures d'aplats de polygones, amplifiant le caractère mystérieux et singulier du jeu. Un oiseau que l'on fera se transformer en enfant, non pas à sa guise, mais dans le déroulé du récit, à des moments bien précis. Le reste ne s'explique pas, il se vit, et propose dans son final des images puissantes qu'on atteint, en théorie, assez rapidement.

Plumage et ramage

En théorie, car si l'intention de Vane est bien entendu de perdre celle ou celui qui s'y essaye en ne lui proposant peu ou pas de repères et ainsi en entier l'impliquer, dans les faits, l'effet est tout autre. La magie de Journey tient en partie dans la liaison parfaite entre le fond et la forme, toutes deux épurées et permettant donc à quelqu'un qui n'est pas habitué à jouer, à progresser sans mal. Ici, le développeur Friend & Foe a choisi de proposer d'abord quelques énigmes si on peut dire, très basiques et peu nombreuses mais forcément problématiques dans un environnement tellement dépouillé d'indications ou de repères où rien n'apparaît comme naturel ou pensé de manière fluide. De plus, encore une fois, un titre réussi comme Journey offrait un vrai plaisir dans sa prise en mains, en plus d'une réalisation soignée. Si le style graphique de Vane constitue sans aucun doute une de ses qualités, ses sensations de jeu et sa technique jouent en sa défaveur.

Vain

En effet, alors qu'incarner un oiseau dans un jeu aussi épuré que celui-ci, dans tous ses aspects, se doit d'être une agréable expérience sensorielle, il n'en est rien. Le fait de poser l'animal sur un perchoir est en soi une épreuve, compliquée encore par une caméra qui manque de souplesse, alors que les pans de falaises ou le crâne de l'enfant passent régulièrement en transparence, sortant encore un peu plus le joueur d'une expérience qui d'abord méditative devient pénible. Le contrôle de l'enfant, à travers les collisions ratées, son interaction brouillonne avec le décor, s'avère bien désagréable et fait regretter le vol de l'oiseau, loin d'être très convaincant pourtant.

Au final, rapidement atteint pour peu qu'on ne se soit pas trop perdu ou qu'on ait eu le courage ou le loisir de garder sa manette en mains et sa console allumée, il reste de Vane une dernière scène puissante, visuellement marquante, tout comme l'utilisation de nappes de synthétiseur que l'on entend surtout résonner dans l'introduction du jeu, elle aussi réussie. Maigre bilan donc pour un titre immédiatement évanescent.