Une suite sur 3DS plus tard, voici que l'épisode original sorti en 2001 avec la 128 bits de Nintendo s'offre un timide retour sur le devant de la scène avec ce portage inattendu de Luigi's Mansion sur cette même 3DS. En attendant un Luigi's Mansion 3 pour le moment bien mystérieux, voici donc une occasion de (re)découvrir la rencontre du frérot avec le professeur K. Tastroff. Mais la dernière console purement portable du constructeur était-elle pour autant le support rêvé ?

742 Evergreen Terror

Si l'exploration de l'étrange manoir est encore fraîche dans votre esprit, autant crever immédiatement l'abcès : la version 3DS de Luigi's Mansion est à quelques exceptions près un simple portage du jeu sorti sur GameCube. Voilà pour les plus impatients. Pour ceux qui auraient loupé le coche lors de sa sortie européenne en 2002, nous retrouvons pour une fois Luigi en haut de l'affiche, à la faveur d'une étrange bâtisse qu'il aurait gagné sans jamais participer à une quelconque loterie. Aussi hanté que les couloirs de notre rédaction, ce manoir donnera du fil à retordre au frère pétochard, qui n'aura de cesse de remplacer le petit personnel en aspirant sans discontinuer les ectoplasmes ayant élu domicile à tous les étages. Heureusement pour lui, Luigi rencontrera dès le début de l'aventure un alliée de poids en la présence du professeur K. Tastroff, sorte de caricature extrême du savant fou et accessoirement seul.

Lors d'une séquence introductive qui ne sait plus à quel moment s'arrêter tant elle retarde inutilement le début de l'aventure, le scientifique ménager va en effet abattre sa carte maîtresse contre les fantômes squatteurs : l'Ectoblast 3000, un aspirateur à spectre autour duquel s'articuleront toutes les mécaniques de gameplay du jeu. Armé de sa lampe-torche originale ou de la Spectroflash de Luigi's Mansion 2, voilà notre antihéros paré pour se frotter au genre du survival horror selon Nintendo.

"Oh mais j'ai très peur"

Inutile de tourner autour du pot, puisque nous avons déjà vendu la mèche : faute de véritables nouveautés en ce qui concerne l'aventure principale, il faudra à nouveau parcourir les couloirs et les pièces de ce drôle de manoir pour venir au secours de l'ami Mario. Donc non, le pathfinding parfois bancal de l'original est donc de retour, même si le scan d'un amiibo pourra toujours vous filer un petit coup de pouce salvateur. Encore faut-il posséder la bonne machine. Et tant qu'à parler de cette pauvre 3DS déjà dépourvue de lecteur NFC, force est de constater que l'absence d'un second stick nuira sensiblement au confort de jeu. Remplacé par une fonction aussi gyroscopique qu'approximative, l'axe Y pourra dans les moments les plus délicats vous donner l'envie d'envoyer valser votre console dans la tête de l'individu le plus proche, certains pourront ici en témoigner.

Passé ce désagrément qui ne concerna que les derniers de cordée, soulignons l'ajout d'un mode co-opératif qui rate également le coche, faute de mettre les deux joueurs sur un pied d'égalité. Si le maître des lieux contrôle sans surprise Luigi, le second devra se contenter de sa version spectrale verdâtre dépourvue de toute capacité de décision : incapable d'ouvrir une porte, il lui faudra se contenter de suivre la voix de son maître, une expérience plutôt frustrante qui ne fera pas long feu. Et si la possibilité de proposer à un ami de vous rejoindre même sans cartouche était louable, seul le mode Entraînement s'avère au final disponible, autant dire que la surprise retombe comme un soufflé.

Imagine, Boo

Heureusement que le travail de Grezzo s'avère une fois de plus exemplaire sur le plan technique, et profite d'un effet 3D saisissant de précision, qui rappellera peut-être aux early adopters l'euphorie des premiers jeux de la console. On a failli avoir peur. Quel dommage que le soin apporté à la partie technique ne soit pas accompagné d'une brève réflexion sur la structure quelque peu datée de l'aventure, qui se contente d'envoyer Luigi de pièce en pièce à la recherche de clés qui lui permettront d'en trouver d'autres, et ainsi de suite. Après le travail accompli sur Majora's Mask 3D, la déception est bien réelle.

Alors certes, Luigi's Mansion se parcoure sans prise de tête, à son rythme, même si les dernières séquences pourront vous amener à errer comme une âme en peine, à la recherche des derniers fantômes qui permettront le libérer le frangin et d'éventuellement partir à l'assaut du second manoir, toujours présent pour rallonger la durée de vie. Quel que soit votre passif avec la série, les animations détaillées feront toujours mouche, tout comme la fonction optionnelle et donc indispensable qui consiste à appeler d'une voix chevrotante l'aîné des frères Mario. N'est-ce finalement pas là l'essentiel ? Pour citer Leonard Nimoy dans The Simpsons : La réponse est non.