Développé depuis plus de deux ans par les français de La Moutarde (avec un nom pareil, difficile de se tromper), Old School Musical entend rendre un hommage à bon nombre de classiques de l'époque 8-bits à travers une galerie de compositions inédites signées par une partie de la scène chiptune actuelle. Mais l'amour du jeu d'antan suffit-il pour autant à faire (re)battre les coeurs d'aujourd'hui ? C'est ce que nous allons découvrir en musique.

Décousu de fil blanc

Old School Musical aura pris son temps pour montrer le bout de son nez, mais il faut bien avouer que la version finale est désormais bien loin du jeu que nous avions pu apercevoir en 2016. Désormais entiché d'un mode Histoire tout ce qu'il y a de plus construit, le jeu de rythme qui lorgne un peu du côté de Gitaroo Man nous propose de suivre les rocambolesques aventures de Tib et Rob, deux gamins coincés sur une île et bien décidés à ne pas subir toute leur vie durant les sautes d'humeur de leur génitrice, aussi imprévisible et terrifiante qu'une certaine Eve...

Par chance, leur vie bascule à la faveur d'un bug informatique affectant l'ensemble du monde libre, offrant aux deux traumatisés une porte de sortie salvatrice, qui les entraînera de références rétro en pastiches 8-bits, qui rappelleront à coup sûr quelques bons moments aux vieux routards du jeu vidéo que vous êtes forcément. Volontairement décousue, l'improbable aventure qui attend Tib et Rob n'est qu'un prétexte totalement assumé pour retracer quelques décennies de l'histoire de notre jeune médium, en mélangeant sans vergogne les époques et les références.

Stars 80

Mega Man, Teenage Mutant Hero Turtles, OutRun... nombreux sont les classiques des années 80 qui sont mis à l'honneur le temps d'un morceau au doux parfum de chiptune. Et il faut bien reconnaître au studio La Moutarde une véritable dévotion et un souci du détail quasi-religieux pour retrouver les justes couleurs de l'époque, un travail que les fans nostalgiques sauront apprécier à leur juste valeur. Sous prétexte de faire voyager Tib et Rob à travers les époques, Old School Musical revisite donc quelques-unes des grandes heures du jeu vidéo de notre enfance, mais il le fait vraiment bien.

Le mode Histoire qu'il faudra nécessairement explorer pour débloquer de nouveaux morceaux à saigner en Arcade nous déroule un scénario sans prise de tête, mais qui s'avère truffé de gags et de bons mots. L'écriture fait souvent mouche, et pointe avec malice quelques poncifs du rétrogaming dont nous pouvons décemment rire aujourd'hui. Se moquant du principe de Game Over, de l'autoritarisme militaire, mais aussi de Final Fantasy XV. C'est fou. Et lorsque vous vous retrouvez à siffloter une relecture de la musique de Tetris sur fond de R-Type en combattant un simili-Andross crachant des tétraminos, le plaisir est total.

J'appuie sur la gâchette

Mais il faut évidemment proposer autre chose que des réminiscences du passé, aussi justes et plaisantes soient-elles, pour satisfaire l'exigeant public des rhythm games qui en a déjà vu bien d'autres. Sur ce point, Old School Musical ne prend pas de grands risques et récite ses gammes en optant pour des mécaniques très classiques, pour ne pas dire trop... Deux systèmes cohabitent sans jamais se rencontrer : la plupart du temps, des notes arrivent en plein milieu de l'écran et vous laissent tout le loisir d'utiliser le Joy Con de droite ou de gauche pour taper joyeusement en rythme, mais il arrive que l'interface change pour vous faire basculer sur les deux gâchettes, sans pour autant bouleverser la formule.

Il est cependant bien dommage que les deux systèmes ne se superposent jamais, surtout au vu de la difficulté très modeste du mode normal. Puisque aucune mécanique ne nécessite d'apprentissage particulier, il aurait été plus logique d'accélérer un peu les choses, mais La Moutarde semble avoir décidé de ne la faire monter au nez de personne. Les vrais le savent : en matière de rhythm game, il n'y a que le mode difficile qui vaille, et si celui d'Old School Musical tient ses promesses et vous fera passer de bons moments plein de tension comme on les aime, il est fort regrettable qu'il ne soit pas toujours proposé d'emblée en début de partie.

Électro, Le Plancton

Alors tant pis, il faudra suivre quoi qu'il arrive les pérégrinations des deux frangins au moins une fois avant de pouvoir maîtriser les arcanes des morceaux signés Dubmood, Zabutom, Hello World, Yponeko ou Le Plancton. Il faut reconnaître à la brochette d'artistes une inspiration certaine, car la plupart des morceaux se révèlent vraiment inspirés, bien qu'aucun d'entre eux ne rende directement hommage aux jeux qu'ils illustrent. La relative facilité de l'aventure permettra ainsi de se familiariser avec ces mélodies qui misent un peu trop sur une mesure 4/4 bien trop sage, mais permettent de suivre les aventures rocambolesques de nos deux héros monochromes.

Il faut en revanche saluer la très grande richesse des compositeurs : alors que le jeu semble après vingt niveaux plus ou moins redondants annoncer une tombée de rideau, l'aventure repart finalement de plus belle à la faveur d'un post-game pléthorique, qui déroule quelques dizaines de pistes supplémentaires, sans prévenir. Il est cependant regrettable que le mode multijoueurs (de deux à quatre) se révèle finalement assez anecdotique, alors que le potentiel était clairement là. Quant au Konami Code dans les toilettes...