IL-2 est une simulation qui a maintenant de longues heures de vol au compteur, mais qui a évolué au fil des années, grâce à une communauté très active et impliquée au point qu'une partie a intégré l'équipe de développement. La Team Fusion, qui avait produit de nouvelles missions et campagnes via des modifications du jeu original, a en effet rejoint 1CGS pour proposer aujourd'hui cette version 4.5 de Cliffs of Dover (CoD). Dans le même temps, IL-2 va également proposer des développements pour reproduire d'autres grandes batailles aériennes de la Seconde Guerre Mondiale, avec une branche bien nommée Great Battles. On a donc pas fini d'entendre parler de Warbirds en 2018.

Aride et Réaliste

Cliffs of Dover propose à ce jour deux campagnes dont la principale est écrite côté britannique. Quel que soit votre choix, vous serez placé directement aux commandes d'un chasseur et les premières minutes ne seront vraiment pas faciles si vous n'êtes pas un féru de simulation aérienne. Que ce soit dit de suite et une bonne fois pour toutes ; si vous vous attendiez à une version 39-45 d'Ace Combat, passez votre chemin. Ici, c'est une simulation de vol et même si elle n'est pas aussi intransigeante qu'un DCS (Digital Combat Simulator), elle nécessite une implication importante et des heures d'apprentissage.

Le niveau de réalisme est bien sûr paramétrable, mais tout l'intérêt d'IL-2 est de proposer un vrai simulateur pour un prix abordable (un peu plus de 20€). Ainsi, ne serait-ce que pour démarrer le moteur, il ne faut rien négliger : avoir les bonnes arrivées d'essence ouvertes, la manette des gaz au bon endroit, les magnetos activés, l'hélice au petit pas, les freins mis et laisser chauffer la machine. Bref, respecter la procédure et faire sa check list comme n'importe quel aviateur.

Au combat, c'est le même topo. Il faut jouer des volets et de la puissance sur le moteur pour éviter de le griller et en tirer les meilleures performances. Conjuguez cela avec des tactiques d'approche variables selon les appareils que vous attaquez et le pilotage devient aussi intéressant qu'il est complexe. Pas question en effet d'arriver comme une fleur à l'arrière d'un bombardier pour se faire truffer le moteur de plomb. Il vaut mieux faire des passes successives avec de l'angle et conserver son énergie en jouant avec l'altitude. Pour les Me109, il est conseillé de leur faire perdre de l'altitude justement et les pousser au combat tournoyant. Ce faisant, vous prendrez toute la mesure de la complexité de la tâche pour les jeunes pilotes qui devaient toucher des cibles se déplaçant à 600 Km/H en étant eux mêmes en mouvement...

Le problème avec IL-2, c'est que rien dans le jeu ne vient vous expliquer comment tout cela fonctionne. Il vous faudra creuser et chercher les informations sur les forums et les diverses pages qui vous expliquent tout cela. La campagne que vous suivez est assez intéressante et bien écrite, mais absolument pas didactique.

La guerre devient presque belle

Le pilote automatique vient gérer les phases de transit entre les points de navigation définis pour la mission en cours. Il peut se charger des phases redondantes que sont le décollage, le vol en formation et l'atterrissage, bien que les puristes feront évidement tout en manuel. Si graphiquement on est pas au niveau de DCS tant sur la précision des cockpits que sur leurs parties actives (pas d'action directe sur la pompe à carburant par exemple pour le Spitfire), il est très agréable à l'oeil et propose un modèle de dommages impressionnant.

Les rafales peuvent provoquer des pertes de carburant, un embrasement moteur ou d'autres pannes plus ou moins sévères, mais généralement synonymes de combat rompu pour tenter de rentrer à la base. Il ne sera pas rare de pouvoir observer les impacts de projectiles sur la carlingue et d'avoir un aileron en moins en cas de manoeuvre trop audacieuse. A ce propos, les forces G sont rendues par le traditionnel "voile noir" avec perte de la vision en cas de ressources trop brutales.

Avec des escadrilles conséquentes, on peut se retrouver avec un ballet aérien impressionnant, fait de multiples traînées dans le ciel et de combats tournoyants tous azimuts. Les belles formations se déchirent rapidement pour donner lieu à un grand cirque. C'est d'autant plus vrai si vous avez la chance d'avoir quelques amis avec lesquels partager l'expérience pour des scénarii en ligne. A propos d'expérience, IL-2 se prête parfaitement aux systèmes de Head-Tracking (suivi des mouvements de tête) si vous en disposez. Cela évite de pénibles gymnastiques entre le clavier, le joystick et la souris.

Une expérience qui se mérite

Une fois la campagne principale bouclée, il faut se tourner verts le contenu additionnel que l'on peut trouver sur le net. Les sites dédiés peuvent fournir de nouvelles missions solo, des astuces et quelques campagnes sympathiques. Cependant, il n'est pas simple à la fois de trouver la bonne information et ensuite de l'intégrer au jeu.

IL-2 va continuer à évoluer, mais il faut mériter les très longues heures de vol qu'il est possible d'y passer. Aussi faut-il en être bien conscient lors de l'achat. Ceux qui s'imaginaient faire une petite partie de temps en temps en seront pour leurs frais. L'éditeur de mission devient ainsi un outil très important pour profiter correctement du jeu. Ce dernier peut vous permettre de mettre en scène de nombreuses situations avec les nouvelles variantes d'avions qui sont arrivées dans l'édition Blitz. Un peu plus d'une vingtaine pour les principaux protagonistes de la bataille d'Angleterre. Le problème, c'est que l'éditeur est aussi accueillant qu'un silo à missile russe... Si vous êtes amateur des fenêtres de Windows 3.11, vous allez aimer.

Pour résumer, il faut trois conditions afin de pouvoir apprécier IL-2 Cliffs of Dover "Blitz" correctement : être un amateur éclairé de la période traitée, avoir du temps et ne pas avoir peur de de bricoler et de faire des recherches auprès de la communauté. Si vous remplissez ces conditions, alors vous pouvez mettre plein gaz.