Avant toute chose, il convient de préciser que le titre n'a rien à voir, de près ou de loin, avec la série télévisée. À l'opposé de la dystopie futuriste dépeinte dans le show TV, ceBlack Mirror-là baigne dans une ambiance gothique du début du XXème siècle, Où l'on passera la grande majorité du temps dans une bâtisse écossaise dans le plus pur style des Highlands. L'action se déroule en 1926. Après le suicide de son père, Daniel Gordon se voit obligé d'aller dans le manoir ancestral appartenant à sa riche et puissante famille depuis plusieurs générations, alors qu'il a passé toute sa jeune vie en Inde. Sur place, il va se confronter au passé tumultueux des générations précédentes qui ont habité la bicoque et les terribles mystères qui gravitent autour afin de découvrir ce qui a poussé son père à mettre un terme à sa vie.

Reconnaissons qu'il est assez étonnant de faire un reboot de Black Mirror. La saga avait certes à son époque connu un succès d'estime et des critiques honorables, mais on ne peut pas dire qu'il y a eu à un quelconque moment une grande attente auprès du public de la voir revenir. Quoi qu'il en soit, quatorze ans plus tard, il s'agit toujours d'un jeu d'aventure, mais au gameplay remis au goût du jour. Le point'n'click pur et dur de l'époque a laissé place à une aventure beaucoup plus narrative, dans laquelle les puzzles et énigmes sont minoritaires et les avancées dans le scénario se font essentiellement en discutant avec les différents personnages que l'on sera amené à croiser. Alors que les développeurs nous ont vendu une aventure à l'ambiance horrifique, sombre, torturée et inspirée de Lovecraft et Poe, on est loin d'y trouver notre compte. Certes le style graphique est sombre et la résidence a des allures de château hanté, mais pour tout le reste, aussi bien techniquement qu'en termes de gameplay, c'est tellement à la peine que l'on n'arrive jamais à rentrer dedans.

Des loadings horribles

En effet, le titre souffre de plusieurs graves problèmes. Le plus exaspérant étant sans aucun doute les temps de chargement. Chaque changement de pièce dans le manoir, chaque changement d'environnement, chaque enclenchement de cut scene... bref, tout événement entraîne un écran de chargement, et cela dès l'affichage de l'écran-titre. Autant dire qu'ils sont très nombreux. En soit, c'est déjà une véritable punition, mais si l'on ajoute à cela le fait qu'ils soient très longs, ça en devient exaspérant. Il y a certaines séquences dans lesquelles les phases de jeu durent moins longtemps que les temps de chargement, au point qu'il est recommandé de trouver une activité en parallèle pour éviter d'avoir la sensation de perdre son temps pendant les loadings (dans mon cas personnel, un changement de litière de chat, une lessive, puis une vaisselle, tout cela entrecoupé de séances surf sur le net qui ont été salvatrices). Rien que cela s'avérera déjà rédhibitoire pour beaucoup de personnes. Mais ce n'est pas tout, si jamais il vous prenait l'envie de braver cette contrainte, vous devrez aussi affronter une maniabilité hasardeuse du contrôle du personnage ainsi que des bugs pendant le jeu qui vont du pan entier de traductions manquantes, avec des sous-titres restant en anglais, aux plantades brutales du jeu et des personnages bloqués qui nécessiteront un redémarrage.

Un gameplay horrible

Dans l'échelle de l'énervement, tous ces points techniques ont déjà de quoi fait sauter au plafond, mais certaines décisions de gameplay aberrantes et incompréhensibles viennent en rajouter une couche. Par exemple, durant tout une partie de l'aventure, le héros aura une partenaire de galère qui le suivra partout (et dont la présence dans le manoir n'est jamais expliquée, sans que ça n'inquiète personne soit dit en passant). Manque de bol : c'est aussi elle qui tient le bougeoir permettant de nous éclairer dans la pénombre du manoir. Le problème, c'est qu'elle n'est pas du tout réactive et qu'elle se traîne dans tous les déplacements. Restent deux options : soit on marche au ralenti en attendant qu'elle arrive, soit on avance dans le noir sans elle. Dans les deux cas, cette redéfinition de l'éclaireur qui marche au ralenti derrière nous est saisissante de débilité.

Une aventure horrible

D'une manière générale, l'aventure est mal ficelée. On se contente la plupart du temps d'aller d'un point A à un point B à la rencontre du personnage qui enclenchera l'objectif suivant. Au beau milieu de tout ça, vous aurez quand même droit à des QTE minimalistes ainsi qu'à quelques puzzles sans idée, dont la résolution ne représentera pas un grand challenge, mais ils sont rares. L'exploration des environnements, pierre angulaire des jeux d'aventure, est quant à elle frustrante du fait que certaines interactions avec les objets ne deviennent possibles qu'après avoir déclenché l'événement ou dialogue qui convient, nous obligeant ainsi à passer au crible plusieurs fois une même pièce. Ajoutez à cela des incohérences de scénario pour le moins étranges (des personnages vont et viennent d'une scène à l'autre sans véritable logique), un traitement du paranormal risible et surtout une fin en eau de boudin qui ne satisfera personne tant elle est expédiée. À croire que même les développeurs se doutaient que peu de gens iraient au bout de leur production. Reste la durée de vie, d'environ 6 heures. Bien que cela paraisse court, cela vous semblera une éternité si vous ne trouvez rien à faire pour vous occuper pendant les loadings et que vous bataillez avec ce gameplay bancal.