Dans Outcast Second Contact on incarne un soldat d'élite du nom de Cutter Slade qui a pour objectif d'escorter une mission scientifique sur la planète Adelpha, un lieu qui est contrairement à ce qu'on pourrait croire non dans l'espace mais dans un endroit inter-dimensionnel. Bref un scénario de science-fiction bien ficelé malgré les apparences et qui pourtant doit subir le passage du temps. En effet, depuis 18 ans le monde du jeu vidéo a eu le temps de proposer moult oeuvres venant piocher dans la science-fiction et de ce fait un scénario qui pouvait nous paraître novateur il y a presque 20 ans, a du mal aujourd'hui à nous surprendre.

Ainsi, ce qui pouvait créer l'émerveillement ne provoque maintenant guère plus qu'une petite surprise. Evidemment on ne peut pas vraiment en vouloir au jeu pour ça puisqu'il respecte quasiment ligne par ligne le titre d'origine. Mais il est tout de même intéressant de le noter pour les joueurs totalement "vierges" de cet univers. Le scénario, l'ambiance, atmosphère... s'inspirent clairement de la série Stargate et il n'y a rien de vraiment surprenant quand on sait que les deux oeuvres datent toutes deux de la fin des années 90.

Le charme d'antan de l'exploration

Si le scénario reste classique dans son approche, l'univers n'en reste pas moins extrêmement complet. Dès les premières minutes de discussions avec un PNJ on se rend compte que tout un langage fut créé de zéro pour renforcer la profondeur de ce monde si étrange. De plus la version française de grande qualité permet de savourer le doublage de Patrick Poivey, l'acteur français derrière la voix de Bruce Willis notamment. On peut ainsi retrouver dans le peu pas moins de 15 heures de doublage ! Bref, du grand art. D'autant que les discussions regorgent d'énigmes et d'interprétations à faire de notre coté, transformant parfois nos missions en de véritables chasses aux trésors. C'est d'ailleurs tout ce qui fait le charme du jeu, de l'exploration comme on en fait rarement de nos jours. Chaque recoin de map peut héberger un mystère ou une surprise visuelle. Certains décors rappellent d'ailleurs ce qui faisait le charme d'un certain Morrowind.

De nos jours ce n'est pas que l'exploration n'existe plus dans le jeu vidéo, c'est plutôt qu'elle a bien du mal à susciter l'excitation que procure la découverte à quelques exceptions près comme le dernier Zelda. Dans Outcast : Second Contact, on pénètre vraiment un mode onirique plein de mystère où notre héros découvre le monde qui l'entoure en même temps que le joueur. Bref, un charme fou et sûrement le gros point fort du jeu. Les énigmes sont en plus loin d'être stupides et il faut parfois faire d'importantes recherches avant d'entrevoir la solution, un peu comme dans The Witness mais à une échelle un peu différente.

Une faille spatio-temporelle en termes de gameplay

Côté gameplay et sensations de jeu, le titre est entièrement à la troisième personne et cela pose de gros problèmes de rigidité. On tombe vraiment dans une faille spatio-temporelle (c'est le cas de le dire) quand on lance Outcast. Malgré la nécessite des combats à de nombreux moments du jeu, c'est un véritable calvaire. Les affrontements sont mous, lents, rigides, longs et fastidieux à tel point qu'on en vient à éviter comme la peste la moindre escarmouche au profit d'approches plus douces (infiltration). Au programme on a tout de même un beau panel de 6 armes et plusieurs gadgets pour mettre fin aux prétentions guerrières des extraterrestres pourtant si pacifiques. Mais clairement n'achetez pas le jeu en espérant participer à des combats épiques, vous risquez d'être amèrement déçu.

Mi-figue mi raisin

On ouvre une autre faille spatio-temporelle quand on s'attarde sur les graphismes. Evidemment si l'on compare Second Contact au jeu Outcast d'origine c'est le jour et la nuit, et c'est un grand plaisir de redécouvrir tout ce qui a pu nous émouvoir jadis.

Le problème c'est que même en prenant en compte le gap graphique extraordinaire entre les deux versions, le jeu n'en reste pas moins très (très) loin des standards actuels. Quand on est depuis trop longtemps habitué à voir du Horizon Zero Dawn ou encore du Uncharted 4 rentrer dans les normes, même toutes les bonnes intentions du monde ne suffisent plus. Et sans forcément entrer dans les "excès", on aurait aimé un poil plus de travail coté animation pour rendre le tout un peu plus accueillant pour un nouveau joueur. Des PNJ qui tournent sur eux-mêmes à 180 degrés pour regarder dans une autre direction, c'est terminé depuis plus d'une décennie et notre cerveau s'était habitué à ne plus voir ce genre de chose. En définitive et de manière très contradictoire, le jeu nous plonge autant (de force) dans le passé qu'il tente tant bien que mal de s'inscrire dans le présent. Ça donne un résultat très étrange de type mi-figue mi-raisin. Pire encore on retrouve certains bugs du jeu d'origine comme des PNJ qui bloquent dans le décor...

Fort heureusement on a tout de même de bonnes surprises à l'écran comme la refonde complète du système de menu même si l'ensemble comme les lignes de dialogues font penser à un mauvais jeu en accès anticipé. Ce qui sauve toutefois le titre c'est la nostalgie qui monte tout au long de l'aventure pour le joueur qui a eu l'opportunité de jouer au jeu de 1999. Pour les autres en revanche, ça risque d'être bien compliqué de pouvoir s'immerger totalement dans cet Outcast : Second Contact.