La séquence d'introduction considérablement rallongée semblait conçue pour un affichage en relief, toutefois cette production 3DS s'en affranchit, suivant la tendance actuelle. Car la console consacre toutes ses ressources au graphisme 2D, guère sa discipline de prédilection en théorie. Au regard du résultat, il y a pourtant de quoi en rester sans voix, à l'image de la Princesse Peach, l'enlèvement de sa parole constituant pour mémoire le pitch de cette histoire rocambolesque. Effectivement, on oublierait presque qu'il s'agit d'un remake de l'épisode GBA devant ce spectacle encore plus haut en couleur, palette exubérante à l'appui. Le surcroît de résolution a ainsi nécessité de redessiner intégralement les décors et les personnages, qui bénéficient de délicates animations ou d'effets supplémentaires, comme les ombres des nuages, la végétation frétillante, voire la bedaine rebondie de Mario. Idem pour les musiques majoritairement réorchestrées, tandis que certaines profitent de remix ou sont carrément remplacées par des compositions plus récentes. Le nombre phénoménal de changements - y compris l'emplacement des tuyaux téléporteurs - donne véritablement l'impression de redécouvrir le monde de Végésia, dont la carte détaillée occupe désormais le second écran.

3DSX Edition

Celui-ci sert aussi à visualiser les autres composantes du menu, telles que l'option de sauvegarde dorénavant accessible à tout moment, et la liste des "pouvoirs fraternels" que l'on peut toujours sélectionner alternativement avec les gâchettes. La particularité fondamentale de Mario & Luigi demeure naturellement leur contrôle simultané : Chacun a son bouton pour sauter, mettre des coups de marteaux ou réaliser diverses acrobaties en duo. D'où ce mélange de plateforme et d'action durant les phases d'exploration, dans l'optique d'assaillir les ennemis (visibles) par surprise, les combats au tour par tour reposant sur le timing. Cet opus se veut cependant plus tolérant, avec des attaques frères simplifiées (au prix d'un surcoût de PF) et la parade d'urgence via le bouton X, également utilisé pour les faire bondir ensemble. Un mode facile (désactivable) arrive même à la rescousse en cas de souci, sans parler de la myriade de subtils ajustements pour arrondir les angles, notamment lors des mini jeux. Le périple prend donc des allures de promenade de santé et se termine d'autant plus vite que l'on a loisir d'accélérer les cut-scenes. De toute façon, le scénario global n'a quasiment pas été modifié, hormis le renfort des Sbires de Bowser.

Un Goomba pour tous, et tous pour Bowser

Cette épopée chronologiquement située en parallèle relate le périple d'un Goomba et de ses congénères, bien décidés à sauver leur maître. Son concept se résume à une sorte de jeu de stratégie en temps réel, où notre armée affronte des vagues successives d'adversaires. Les batailles sont divisées en stages à travers les différentes régions, ce qui suscite des saynètes parfaitement dans le ton du récit principal, en l'occurrence complètement désopilantes. Cette campagne partage en outre le système de temporisation au cours des confrontations, afin de porter des estocades spéciales ou de déclencher les interventions du capitaine au moment opportun, quoique leur influence sur l'issue des hostilités s'avère restreinte. En fait, l'essentiel se joue en amont, puisqu'il faut entraîner ses troupes et déterminer la formation adéquate en fonction des opposants, selon un principe de vulnérabilité triangulaire. La formule n'a rien de révolutionnaire, mais se révèle très efficace du fait de l'évolution des capacités, l'intégration des amiibo se cantonnant en revanche à un rôle gadget. Quoi qu'il en soit, cette quête prenante, pour ne pas dire attachante apporte un éclairage intrigant sur l'obscur destin de ces énergumènes, et contribue à rendre la saga de Mario & Luigi plus étincelante que jamais.