Après une première apparition remarquée sur PSP, mais qui n'avait malheureusement jamais franchi les frontières de l'archipel nippon, sa suite, Akiba's Trip 2, renommée Akiba's Trip : Undead & Undressed pour l'occident, avait eu droit à une sortie sur toutes les machines de Sony : PS3, PS4 et PS Vita, excusez du peu. Et voici qu'une nouvelle itération, nommée Akiba's Beat, entre sur le devant de la scène, laissant sur le bas-côté une PS3 presque morte et enterrée.

Grand fan du second épisode, qui se posait un peu comme le jeu pour otaku de référence et que j'ai bouclé à de nombreuses reprises, j'attendais impatiemment cette sortie européenne pour m'adonner aux joies de l'exploration du quartier semi-ouvert d'Akihabara, de ses moult boutiques de figurines et de jeux, maid-cafés et autres cosplayeuses. Mais c'est malheureusement avec beaucoup de chagrin que j'attaque cette critique d'un titre qui m'aura déçu presque de bout en bout...

Akiba's NEET

Mais avant toutes choses, un petit retour en arrière et une remise dans le contexte s'impose, notamment pour ceux qui n'auraient pas joué à Akiba's Strip. Dans ce premier épisode, on suivait les pérégrination des "Akiba's freedom Fighters", une bande de joyeux drilles qui luttait contre une invasion de vampires dans leur quartier fétiche, capitale des otakus. Et pour les vaincre, il fallait les déshabiller pour les exposer à la lumière du jour ! Un mélange détonnant de Beat'em All, de jeu de rôle et de roman visuel, pour un titre qui proposait une très forte identité, un quartier vivant et rempli de défis, un gameplay basique mais fun, des composantes RPG complètes et complexes et une partie Visual Novel réussie, avec énormément d'humour et de références à la pop-culture de l'otaku. En prime bien sûr : un peu de fan service grivois intelligemment distillé dans tous les aspects du jeu !

C'est donc avec beaucoup d'attentes que j'attaquais ce nouvel épisode, mais très vite, ce fut la douche froide. Les vampires ont disparu, et avec eux le fait de devoir déshabiller ses adversaires, tandis qu'on fait place à un scénario à double fil rouge : vous jouez une bande de jeunes adultes fraîchement débarqués dans leur premier studio et dans la vie active, façon "Un jour sans fin", avec un Samedi qui se répète indéfiniment et l'apparition de désillusions, sortes d'altérations du monde réel, qui sont en fait des matérialisations de l'inconscient torturé de quelques énergumènes, dont il faudra faire la psychanalyse à grand coups de bâton sur les fesses. Un peu comme pour Alessa Gillespie et Heather Mason, en quelque sorte. Ce mélange, assez alléchant sur le papier - malgré la déception de devoir faire face à la nouveauté - va vite tourner court. En effet, le jour sans fin induit des mécaniques d'enquêtes qui se répètent régulièrement, avec des ficelles scénaristiques ré-utilisées jusqu'à la moelle, qui entraînent une certaine redondance dans les objectifs à remplir et le scénario... Néanmoins, et il convient de le souligner car ceci sera peut-être un des seuls compliments adressés au jeu, les phases de roman visuel sont de très bonne facture. Entièrement doublées, en Anglais ou en Japonnais, elle se montrent très agréables à suivre malgré l'absence de réponses à choix multiples et de trop rares séquences réalisées sous forme de dessins animés. Le format épisodique adopté pour la narration est aussi le bienvenu, le découpage en chapitre permettant de régler une affaire après l'autre en recrutant de nouveaux compagnons, tout en suivant le fil rouge principal.

AKI-BAD TRIP

En changeant de scénario et "d'univers", Acquire nous propose aussi une révision en termes de gameplay. Exit donc les phases de Beat'em All coquines, et place à de l'exploration de donjons. Si le design visuel de ces derniers se montre assez original, leur conception est tout sauf agréable, avec des zones anguleuses et une exploration sans grand intérêt. Sachez aussi que vous devrez parfois visiter jusqu'à trois fois le même donjon pour avancer dans le scénario ! Et si les combats auraient pu relever le niveau, il n'en est rien : avec un déroulé en temps réel, vos personnages (tous jouables) ont accès à une attaque de base et plusieurs capacités spéciales. Il faudra jouer avec sa barre d'endurance pour savoir à quel moment lancer tel ou tel pouvoir, mais les débuts sont très difficiles, chaque personnage ne pouvant lancer que 3-4 attaques à la suite dans les premières heures de jeu... Un mode "Fever" est bien disponible, et donne même son titre au jeu (BEAT) car il est basé sur la musique. Mais il s'agit bel et bien uniquement d'un mode "Fever" sans aucune autre subtilité, bien qu'on ait voulu nous faire croire à un moment du tutoriel qu'il allait falloir taper en rythme...

Le résultat est accablant, l'exploration et les combats sont nazes et ne proposent pas vraiment d'autres sensations que l'ennui. Et ce n'est pas la partie RPG qui va relever le niveau. Très peu d'items sont disponibles dans les différentes boutiques et leur impact est assez minimal, du moins au début. En marge d'une préparation de personnages peu évoluée, et d'un faible nombre d'objets d'équipements, les quelques rares quêtes annexes se payent le luxe de vous faire looter du stuff... disponible dans toutes les boutiques du jeu ! De plus, Ces missions bonus qui se déclenchent un peu n'importe quand (Youpi, allons goûter tous les parfums de glace de la ville alors que le monde touche à sa fin !) se résument bien souvent à un travail de coursier, avec des phases de déplacements dans Akihabara parfaitement inutiles, tant le quartier est vide. Plus de PNJ dans les rues, uniquement des ombres bleues et roses, et les quelques rares boutiques vendent toutes exactement le même équipement... Les possibilités de personnalisation esthétiques sont aussi faméliques, puisque contrairement à son illustre aîné qui proposait une infinité de costumes à voler à ses adversaires, ici, il faudra passer par la case DLC pour en récupérer une quinzaine...

En prenant le risque de s'éloigner de ce qui faisait l'essence de la série, on se doute bien que le studio Acquire à voulu faire prendre un virage Persona à sa série. Mais c'est vraiment raté. D'autant plus que si les références à la culture nippone sont légion, Akiba a perdu son âme, ses publicités, sa vie, son charme.