Farpoint est donc un FPS développé par la petite équipe d'Impulse Gear, en exclusivité pour le PlayStation VR et donc pour la PS4. Ce jeune studio américain, créé en 2013, a pour vocation de développer des jeux de grande envergure entièrement dédiés à la réalité virtuelle. Ça tombe bien, c'est exactement ce que recherchait Sony pour alimenter son catalogue de "gros" titres pour le PSVR. Bref, Farpoint est donc le premier jeu à sortir des fourneaux du studio californien, et il nous propose du pur shoot à la première personne dans une atmosphère à mi-chemin entre Starship Troopers et Interstellar. Alléchant programme.

Vous incarnez un pilote qui, dans la séquence d'intro, vient récupérer aux commandes de son vaisseau un duo de scientifiques. Ces derniers étudient, depuis une petite station spatiale proche de Jupiter, une source d'énergie inconnue. Au moment de les faire embarquer, patatras : un trou de ver apparaît et aspire les deux scientifiques, la station, et bien entendu votre vaisseau. Vous voilà tous transportés sur une planète inconnue et hostile, de laquelle vous tenterez de vous échapper en retrouvant trace de vos deux partenaires, qui n'ont semble-t-il pas, pour une raison mystérieuse qu'on vous laissera découvrir, atterri dans le même espace-temps que vous...

Des sensations pures

On savait le genre FPS particulièrement intéressant pour la réalité virtuelle, et Farpoint s'impose d'office comme l'un des grands ambassadeurs du genre sur PlayStation VR. À condition que vous jouiez dans les bonnes conditions à la maison, PlayStation Camera bien positionnée et tout le toutim, le premier contact que vous aurez avec le jeu sera des plus convaincants.

Les contrôles répondent parfaitement et les sensations de shoot sont extrêmement satisfaisantes. Ajoutez à cela l'atmosphère mystérieuse de vos premiers pas sur cette planète inconnue, la réalisation de grande qualité pour un jeu VR, et bien sûr les premiers monstres arachnides qui vous sautent au visage si vous ne les dégommez pas assez rapidement avec votre fusil, et vous comprendrez aisément, dès les premiers instants, que vous allez vivre un très bon moment d'immersion.

Du tout bon, avec un bon rendu du recul et des impacts, et pas mal d'armes différentes que vous découvrirez petit à petit, chacune d'entre-elles proposant un mode ou des munitions secondaires, ainsi que des spécificités intéressantes. Notez d'ailleurs que mis à part avec le traditionnel fusil à pompe, les autres armes proposent un véritable réticule de visée, qu'il s'avère indispensable d'utiliser correctement pour relever le défi assez retors que représente la progression dans les différents modes de jeu. Il faut en effet véritablement porter le gun près d'un de vos yeux, et fermer l'autre pour viser correctement ! Vraiment cool.

Aim Controller indispensable ?

C'est le moment idéal cependant pour vous livrer une première information essentielle : le fameux fusil "Aim Controller", proposé en pack avec le jeu (90 euros l'ensemble au lancement), a beau être optionnel sur le papier (vous pouvez aussi acheter le jeu seul et jouer à la manette), il ne l'est absolument pas dans les faits, en ce sens que vous vivrez une expérience beaucoup, beaucoup moins satisfaisante sans lui. Farpoint a non seulement été développé dès le départ comme un jeu 100% réalité virtuelle, mais il a également été développé depuis le départ pour être joué fusil en mains, c'est une évidence.

Avec lui, la sensation de véritablement tenir en mains le fusil que vous voyez dans le jeu est très convaincante. L'accessoire proposant absolument tous les boutons d'une DualShock 4, vous utilisez le stick analogique de la main située à l'avant pour vos déplacements, tandis que les mouvements de votre tête vous permettent de regarder partout autour de vous évidemment. À noter que la direction que vous donnez au stick pour marcher droit devant vous est dépendante de la position du fusil, ce qui est particulièrement agréable. De base, le stick droit (main arrière) est désactivé, ce qui est finalement une bonne chose, car ça vous permet de ne ressentir quasiment aucun haut-le-coeur. Vous pouvez néanmoins l'activer, ce qui peut être pratique lorsqu'on joue assis, mais là encore on vous recommande vraiment de jouer debout, car ça autorise une mobilité plus importante et force d'autant plus l'immersion.

Bref, c'est vraiment avec cet accessoire très léger et très réussi que l'on prend son pied dans Farpoint. Si vous décidez cependant de jouer à la manette, sachez qu'on utilise cette dernière comme le fusil, c'est à dire en la bougeant dans l'espace exactement comme on le fait au fusil. Ça fonctionne, mais une fois de plus c'est vraiment beaucoup moins bien, notez-le.

Un vrai bon FPS ?

Comme je l'évoquais un peu plus haut, Farpoint est certes un jeu très agréable à prendre en mains, très instinctif, mais il propose en même temps un défi assez relevé, avec une difficulté progressive qui vous obligera à tirer le meilleur de chacune de vos armes (vous pouvez en porter deux à la fois et en changer soit en levant le fusil jusqu'à votre épaule, soit en appuyant sur Triangle), à bien les choisir aussi, et surtout à être très méthodique et efficace dans votre gestion des vagues d'ennemis plus ou moins puissants, plus ou moins dangereux, qui vous arrivent dessus. Il y a quelques moments de calme, mais surtout beaucoup de moments où il faut gérer au mieux ces vagues. Les petits monstres type Alien sont peu résistantes mais vous sautent vite au visage, les gros balourds sont hyper résistants et doivent être gérés à la fois de loin puis de près, les grosses araignées restent à distance et vous envoient des boules d'acide qui font de gros dommages... et d'autres ennemis plus étonnants arrivent dans le dernier quart du jeu.

La progression dans le mode solo se fait ainsi, dans des environnements plutôt variés, avec un scénario vraiment sympa qui se déroule via des séquences holographiques qu'on débloque petit à petit, mais il faut avouer qu'une certaine répétitivité s'installe assez durablement. Les phases de shoot sont cool du début à la fin - ce qui n'est pas le cas de la fameuse histoire sympa, un peu gâchée par une fin décevante - mais disons que le jeu n'introduit jamais vraiment d'autres éléments pour nous sortir d'une certaine routine, qui est d'ailleurs à l'image des environnements, finalement très étroits et favorisant une progression en mode "tout droit", sur des rails. Les développeurs auraient pu par exemple nous faire piloter des véhicules, résoudre des puzzles... bref, trouver des moyens de briser une certaine monotonie.

D'ailleurs nous avons été très surpris de constater que le fameux combat contre un monstre absolument gigantesque, que vous avez certainement déjà aperçu en vidéo et qui pour le coup nous sortait un peu du train-train, est finalement le seul vrai combat de boss du jeu... dommage.

À vrai dire, si on lui enlevait l'aspect VR, Farpoint serait un FPS de qualité très moyenne, peu surprenant, classique et sans véritable phase épique ni surprise. C'est bête de le dire comme ça, le jeu ayant été développé à 100% pour la réalité virtuelle, cette dernière apportant énormément en immersion évidemment, mais c'est la réalité : Farpoint a réussi le pari de proposer un "vrai" FPS en VR, un "gros" jeu en VR, c'est déjà une étape importante, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il faut désormais aller plus loin, et qu'en plus il y a vraiment de la marge pour trouver des idées nouvelles et véritablement transformer l'essai.

Long et complet, check

Pour parler plus précisément du contenu d'ailleurs, sachez que la campagne solo dure facilement 6-8 heures, mais que le jeu propose en plus d'autres modes de jeu qui s'avèrent intéressants et font véritablement augmenter l'intérêt et la durée de vie. Il y a d'abord le mode Défi, qui vous propose une véritable course aux points avec des classements en ligne à la clef. Grosso modo, on déboule dans des niveaux reprenant les environnements de la campagne, découpés par des checkpoints qui vous rajoutent du temps au compteur, le but étant de faire un maximum de points grâce à un principe de multiplicateur, jusqu'à ce que le chronomètre arrive à zéro. Simple, efficace, et comme je le disais plus haut, il y a une vraie marge de progression dans la gestion des armes et ennemis, ainsi qu'un vrai skill a améliorer en termes de visée.

L'autre mode supplémentaire, particulièrement sympa lui aussi, est un mode coop' en ligne lui aussi simple et efficace. On se trouve un partenaire puis on se lance dans l'un des niveaux (là encore inspiré des décors de la campagne) pour affronter des vagues et des vagues d'ennemis, puis progresser ainsi, petit à petit, vers le point d'extraction. Ce mode lui aussi propose des leaderboards, pour faire le beau, et le code réseau nous a semblé très correct. Le matchmaking a été un peu long pour nous certes, mais le jeu vient à peine de sortir et devrait connaître un relatif succès, donc il n'y a pas forcément à s'inquiéter, d'autant que vous pourrez évidemment inviter directement un pote plutôt que d'attendre un inconnu.