Danganronpa a fait ses grand débuts au Japon sur PSP, avant de voir sortir une compilation contenant les deux premiers épisodes sur PS Vita, en 2013. Mais nous, petits Européens que nous sommes, n'avions eu droit qu'à deux sorties PS Vita séparées et espacées de six mois, qui nous ont donc fait passer deux fois à la caisse... Malgré la déception qu'était pour moi le spin-off sous forme de TPS (Another Episode), avec ces deux premiers jeux la série avait gagné ses lettres de noblesse pour entrer directement au panthéon du Visual Novel, et plus généralement du jeu vidéo. Quelle claque ce fût, mes amis !

De vrais chefs d'oeuvre ?

Danganronpa 1 & 2 vous mettent dans la peau d'un jeune-homme pris au piège d'un jeu mortel : enfermé avec vos camarades dans un lycée (ou une île déserte dans le second opus), tous experts dans leur spécialité, vous faites face à Monokuma, l'ourson maléfique mi-noir mi-blanc, qui vous force à participer à un jeu mortel. Seul un meurtrier qui arrive à ne pas se faire découvrir pourra quitter les lieux et retrouver sa liberté, au prix de la vie de tous les autres. Le seul moyen de survivre pour les autres sera alors de prouver la culpabilité du tueur !

Pour ceux qui l'ignorent, Danganrompa se présente sous la forme d'un Visual Novel, à savoir moult joutes verbales entre votre avatar et les autres protagonistes, afin de faire avancer l'histoire. Mais ce n'est pas tout, la série propose aussi des phases de point'n'click pour mener l'enquête et interroger vos camarades afin de récolter des preuves et incides. Ces derniers serviront lors du "class trial", où il faudra faire toute la lumière et trouver le coupable en ressortant les bons arguments au bon moment, un peu à la manière d'un Phoenix Wright. Vous pourrez aussi utiliser votre temps libre pour nouer des liens avec vos camardes, en apprendre plus sur eux, et tisser une relation spéciale en offrant le bon cadeau à la bonne personne, à la manière d'un Dead or Alive Xtreme ! L'ensemble se montre très cohérent, avec un bon rythme, et de l'intelligence dans l'utilisation de ses mécaniques de gameplay.

Le scénario des deux épisodes et bien entendu rempli de nombreux twists, retournements de situation, le tout dans une ambiance assez sombre qui contraste énormément avec la charte graphique du titre, ultra colorée à la manière d'un Persona sous LSD, à base de pixel art, de sprites en 2D insérés dans des décors en 3D, le tout servi avec des musiques de haute volée qui trotteront dans la tête des joueurs encore bien longtemps après avoir vu le bout de l'aventure... Là encore, que ce soit en termes d'histoire, d'ambiance ou de direction artistique, les deux titres s'en sortent très bien... même le second, qu'on pourrait s'imaginer moins intéressant après la fin du premier.

Une compilation à la hauteur ?

Avec le maléfique et génial Monokuma en chef d'orchestre, impossible donc de ne pas tomber sous le charme de cette série atypique, pour peu que l'on ne soit pas totalement allergique à la langue de Shakespeare. Car oui, cette compilation que nous testons aujourd'hui ne nous fera toujours pas l'honneur d'être intégralement traduite en Français, bien que les voix originales japonaises soient toujours de la partie, tout comme un doublage anglais réalisé pour l'occident. En fait, vous n'aurez accès qu'aux deux jeux dans leur version PS Vita et portés sur PS4 pour l'occasion... ce que l'on peut aisément remarquer grâce aux gigantesques sous-titres qui apparaîtront sur vos écrans de télés plus habitués à afficher de minuscules textes depuis l'ère des consoles haute définition. D'autant que les graphismes, qu'ils soient en 2D ou 3D, ne sont pas retravaillés et peuvent parfois se montrer grossiers si vous possédez une grande télé. Bien évidemment, vous l'aurez compris, dans ces conditions comment ne pas râler devant l'absence de version portable, qui est véritablement le meilleur support pour ce genre de productions à mi-chemin entre livre et jeu (et qui feraient des merveilles sur Switch, au passage).

En termes de contenu, si la compilation propose bien évidemment toute la substance des deux titres originaux, à savoir le scénario principal mais aussi un mode bonus qui consiste en un jeu de gestion en pixel-art, aucune nouveauté n'est à se mettre sous la dent. Comptez bien cinquante bonnes heures pour voir le bout des deux histoires, et bien le double si vous voulez découvrir tous les secrets, mener à bien tous les challenges et marquer un nouveau trophée de platine, même si vous avez déjà terminé les titres sur PS Vita. D'ailleurs, hormis cette nouvelle liste de trophées, il m'est difficile de vous conseiller de vous procurer cette compilation si vous possédez déjà les titres sur PS Vita. Pour les autres, si vous êtes équipés avec la dernière portable de Sony, mon conseil sera alors d'y jouer en remote-play ou d'investir dans les versions dédiées, identiques en termes de contenu ou de performances techniques, et trouvables pour un prix très raisonnable, proche de celui de cette compilation PS4...