Après avoir pu tâter du Batman Arkham VR, Robinson : The Journey ou encore Loading Human, The Assembly était un des jeux d'aventure qui me semblait parmi les plus aguicheurs sur le dispositif de réalité virtuelle de Sony. Vraie durée de vie et véritable aventure narrative en réalité virtuelle, en opposition aux "petites" expériences qui pullulent actuellement sur les stores des différents supports VR. J'ai donc enfilé mon casque et arpenté les couloirs et autres salles de test que nous propose le titre de nDreams. En juin, Julien n'avait pas été plus emballé que ça, lors de sa preview, et il faut bien le dire, le bilan final n'est pas vraiment flatteur non plus. Que vaut donc cette expérience, et tire-t-elle vraiment partie de son statut de jeu en réalité virtuelle ?

Des débuts prometteurs...

"The Assembly" est le nom d'un laboratoire souterrain clandestin et secret, dont l'entrée cachée semble située en plein milieu du grand canyon. Un peu comme si Batman avait installé une autre Batcave en Arizona. Bien loin des questions de morale et d'éthique, les chercheurs qui y travaillent ne se soucient de rien et peuvent utiliser tous les moyens disponibles pour mener à bien des recherches qui pourraient probablement améliorer le destin de l'humanité. Dans cette ambiance de progrès teinté de malaise, vous jouez deux personnages aux destins sensiblement différents. Le Dr. Caleb Pearson tout d'abord, un chercheur influent dans l'organigramme de la société. Lorsqu'il va se rendre compte que certains de ses travaux ont étés utilisés à des fins peu glorieuses, voire dangereuses et répréhensibles, il va décider de quitter le laboratoire. Mais son chemin ne sera pas si simple, car toute personne ne convenant pas, ou plus, aux besoins du laboratoire, verra sa mémoire effacée et subira peut-être même un destin encore plus funeste lorsque l'on connaît le peu d'éthique que possède "The Assembly"...

L'aventure de Caleb alternera avec celle de l'autre personnage, une femme du nom de Madeleine Stone. Médecin et chercheuse de son état, elle à été déchue de tous ces statuts et a vu sa vie ruinée, son mari la quittant même sous la pression des journalistes, après avoir testé des remèdes contre la maladie incurable de sa mère et avoir provoqué la mort de cette dernière. Elle est alors kidnappée par l'institut, qui va lui faire passer une batterie de tests afin de déterminer si ses talents peuvent véritablement servir la cause de l'assemblée... Les deux personnages vont se passer le flambeau d'un chapitre à l'autre, durant les douze que constituent l'avancée du scénario. Et chacun de nos deux avatars virtuels nous offrira donc une jouabilité et des objectifs différents en fonction de leurs aventures personnelles, qui ne les amènera pas souvent à se croiser... Des salles d'énigmes aménagées pour tester les capacités de Madeleine, et du point'n click plus classique pour permettre à Caleb de se faufiler hors du complexe, en allumant par exemple un incendie qui permettrait de faire sortir quelqu'un d'une salle à laquelle il doit accéder. Si le scénario de The Assembly est donc pavé de bonnes intentions , il reste au final assez creux, en ne s'attardant pas sur le destin du monde mais uniquement sur celui de deux êtres centrés sur leur propre personne. Il en va de même pour les objectifs, pas forcément passionnants, du côté de Caleb, qui doit souvent fouiller partout pour trouver les objets dont il à besoin, mais un peu plus originaux pour Madeleine, qui se retrouve enfermée dans un complexe n'ayant rien à envier à la folie des grandeurs de ceux d'Aperture science...

L'immersion non-immersive

Partant de ce constat, on pourrait comparer The Assembly à d'autres titres à forte composante narrative, tels Everybody's Gone to the Rapture ou The Vanishing of Ethan Carter. Sans atteindre la qualité de ce dernier, et en se rapprochant sur certains points du premier cité, sans le support de la réalité virtuelle, The Assembly serait un banal jeu narratif, perdu dans le ventre mou des productions du genre, en étant ni bon ni mauvais, tout juste moyen. Vous me direz donc que ce qui fera le charme de ce titre sera son immersion due au support de la réalité virtuelle. Eh bien non, pas vraiment. Car l'impression d'être perdu dans un monde virtuel n'est pas véritablement au rendez-vous, faisant de ce jeu une banale aventure narrative qui aurait parfaitement pu être jouée sur un écran de télé classique.

La faute aux commandes tout d'abord. J'ai dans un premier temps commencé à jouer au PS Move, et le constat est peu reluisant... Les déplacements se font alors grâce à la technique de la "téléportation" que l'on peut retrouver dans moult jeux VR, cette dernière permettant d'éviter tout problème de "motion sickness", mais c'est véritablement dans les interactions avec le monde qui nous entoure que le bât blesse. Ne comptez pas saisir les bibelots qui vous entourent à la façon d'un Job Simulator, non. Ici il faudra viser avec le PS Move, l'objet de vos désirs, et ce dernier se téléportera alors dans votre inventaire, pour peu qu'il soit utile à votre quête. Pour interagir avec une pavé numérique, ça devient carrément la croix et la bannière ! On a vu et on verra bien mieux ! Le tout est couplé à un autre souci dû à la téléportation : vous êtes bien souvent dos à votre objectif. Il faudra alors tourner sur vous même dans votre fauteuil, ou faire apparaître une roue permettant de se retourner de façon bien peu intuitive et vraiment lassante à l'usage...

Je suis donc assez rapidement passé aux commandes via manette. Et là, ce fut bien mieux. Il faudra viser avec la tête l'objet que l'on veut examiner et simplement cliquer sur X. Et si la téléportation est toujours de la partie, il sera bien plus simple de se retourner grâce aux stick directionnel. Mais l'inconvénient de ce mode de contrôle reste bien entendu l'apparition inévitable de "motion sickness" lorsque l'on se déplace avec le stick gauche... Vous aurez donc le choix entre un mode de commande peu pratique et un autre qui vous rendra un peu malade... Une alternative viable, étant donné le peu d'interactions avec l'univers, aurait été d'utiliser un PS Move couplé à son pas si fidèle acolyte, la manette de navigation et son stick de direction qui auraient pu servir pour vous retourner, et ainsi cesser de moisir depuis septembre 2010 dans votre placard.

Si un jeu comme Loading Human était bien plus maladroit sur ce point, il faisait une utilisation bien plus intelligente de la VR, et se rattrapait en proposant une véritable "présence" des PNJ qui nous entourent. Ici, ce n'est pas le cas. Comme je le disais plus haut, les interactions sont réduites au minimum, et le jeu se paye même le luxe de ne vous faire croiser que très peu d'autres personnes, vous laissant la plupart du temps arpenter seul les couloirs du complexe de recherche avec votre corps invisible... C'est vraiment dommage, car malgré une durée de vie plutôt raisonnable (comptez environ cinq heures pour en voir le bout) et une certaine rejouabilité due aux quelques fins à déverrouiller, je n'ai pas eu l'impression de me trouver face à un chef d'oeuvre de la VR...