Pour apprécier Train Fever, au moins deux choses sont indispensables : d'une, il faut aimer les rails, les gares et tout ce qui ressemble de près ou de loin à une locomotive. Et de deux, il faut avoir une affinité, que dis-je, éprouver un réel plaisir à manipuler un tableur ou un logiciel de compta, voire pousser des petits cris de joie rien qu'à l'évocation des mots "recettes", "dépenses" ou "investissement"... Parce que Train Fever, ce n'est pas simplement une vitrine ferroviaire où l'on peut admirer nos joujoux sous tous les angles. Non, il va falloir planifier ses lignes, les tracer et gérer son budget à grand renfort de fiches et de tableaux. Comme dans un vrai jeu de gestion.

La fièvre du train du soir

À chaque nouvelle partie, on démarre sur une grande map générée aléatoirement, avec son lot de villes, de lacs, de champs, de forêts et autres obstacles naturels. Il faut alors planifier le développement de son réseau pour relier les villes et les entrepôts, afin d'obtenir un cheminement cohérent qui nous permettra de soigner notre chiffre d'affaire et de rentrer un maximum de ferraille dans les caisses. On trace les voies ferrées, on place ses gares à des endroits supposément stratégiques et on ouvre de nouvelles lignes de transports en commun ou de fret, auxquelles on affecte nos locomotives rutilantes. Et là, croyez-moi : dès qu'on voit notre premier train à charbon sortir de son dépôt, baigné d'une épaisse fumée noire et qui entame un "Tchou-Tchou" énergique, on redevient un môme. Effet garanti.

Le train-train quotidien

Le petit côté sympa du titre, c'est qu'au fur et à mesure de notre avancement, on doit également composer avec les différents changements d'époques (de 1840 environ jusqu'à une période nettement plus récente). D'ailleurs, le titre ne se limite pas simplement aux trains à proprement parler. Il est également possible de gérer des lignes d'autocar ou de tramway, avec le placement des arrêts de bus, des stations, ou encore des rails ou des routes qui vont avec. J'en profite au passage pour vous signaler que les développeurs ont fait preuve d'un souci du détail assez remarquable sur l'ensemble du titre. Sur les véhicules tout d'abord, qui respirent l'authenticité, mais également sur le rendu général. La gestion des dénivelés, des reliefs et de la topographie est convaincante et je n'ai pas souvent râlé contre les obstacles naturels, qui m'ont toujours semblé légitimes.

My baby's got a locomotive

Plus je zoome sur la carte et plus je me dis que Train Fever est loin d'être vilain. Certes, ça n'est qu'un jeu de gestion, mais la modélisation des véhicules, des villes, les textures des habitations et les reflets de l'eau m'ont agréablement surpris. Malgré tout, l'optimisation technique n'est pas vraiment au rendez-vous : les grandes maps sont parfois lourdes à afficher et les déplacements rapides font tousser des configs pourtant à l'aise dans une grande majorité de titres AAA. Un Core i7 de première ou deuxième génération et une Radeon HD véloce, même épaulé par un sacré paquet de RAM aura parfois du mal à suivre et une config plus incisive ne sera pas du luxe. Ceci étant je vous rassure, en faisant sauter pas mal de détails, il reste possible de jouer sur un PC plus "familial".

Le train sifflera trois fois

Développé par le jeune studio Suisse d'Urban Games, Train Fever est un jeu qui devrait, à n'en pas douter, plaire aux nostalgiques de Transport Tycoon ou de Sid Meier's Railroads. Malgré une certaine répétitivité dans le système de jeu, avec des parties qui se ressemblent quand même beaucoup quelle que soit la carte générée, ainsi qu'une austérité (certes toute relative) liée à l'aspect gestion du jeu, il y a tout de même de quoi faire. Forcément, si vous recherchiez une simulation de pilotage, vous en serez pour vos frais, mais pour les gestionnaires en herbe, c'est du tout bon.