Pour mémoire, Wii Sports Club reprend le même florilège de disciplines que le premier épisode Wii, à savoir le tennis, le bowling, le golf, le baseball et la boxe. Celles-ci ont d'abord été lancées les unes après les autres sur l'eShop, avec la possibilité de les louer pour des sessions de 24 heures. Faute de chiffres, il n'est pas évident de déterminer si ce modèle économique inédit pour Nintendo a porté ses fruits. Une chose est sûre néanmoins ; ce Wii Sports en kit n'a pas eu le même impact que son prédécesseur, ni même que sa déclinaison paradisiaque Resort. Il faut dire que si ces derniers ont respectivement joué les fers de lance pour la Wiimote et le Wii MotionPlus, c'est Nintendo Land qui a servi à démontrer les vertus du GamePad. Alors avec une liste identique d'activités, qui en outre ne nécessitent pas toutes l'usage de la manette à écran tactile, Wii Sports Club passerait facilement pour un simple remake en haute définition. Ses évolution ne s'arrêtent toutefois pas à ce rehaussement graphique, fort agréable au demeurant...

Les joies de la régionalisation

Chaque sport dispose en effet de nouveaux exercices d'entraînement, au concept souvent plus ludique (par exemple le Bingo golf ou le Tape-taupe façon tennis). D'autant que Wii Sports Club se pratique avec les joueurs du monde entier, une ouverture internationale qui se manifeste par des scores répartis par région, l'intrusion (optionnelle) des commentaires du Miiverse, et bien entendu de parties en ligne. Forcément, cela rend le challenge plus stimulant, surtout avec le principe de clubs que l'on choisit librement de représenter pour porter haut les couleurs de sa région. De plus, la discrétion du lag, largement compensé par de légers temps d'attente et le rythme posé de certaines épreuves, permet d'offrir une expérience multijoueur de qualité. Certes il subsiste quelques lacunes, telles que l'absence d'un vrai classement mondial personnel ou d'une option pour prendre directement sa revanche, ce qui souligne la vocation plus conviviale que compétitive de Wii Sports Club. Et grâce à cette dimension en ligne, on trouve enfin aisément des partenaires, un point crucial tant ces sports sont pour la plupart plus intéressants à plusieurs.

New Balls

C'est précisément le cas du tennis, discipline phare de Wii Sports, qui profite ici du surcroît de précision du Wii MotionPlus, alias "Wii Plus" si l'on se réfère à l'appellation en vigueur désormais. La différence est immédiatement palpable, puisque ce module autorise une meilleure gestion de la latéralisation (autrement dit si l'on prépare sa frappe à gauche ou à droite), ainsi que des effets selon le sens de rotation du poignet. Résultat : une plus grande variété de coups, davantage de fautes et des échanges plus incisifs, ce qui évite que les matchs en ligne ne s'éternisent. Revers de la médaille, la prise en compte plus méticuleuse des gestes occasionne parfois des réactions parasites, éventuellement aggravées par des soucis de synchronisation. Les sensations n'en restent pas moins excellentes, malgré une approche tennistique toujours assez simpliste et conjuguée exclusivement en double, que l'on joue seul ou à deux. Question accessibilité et convivialité, Wii Sports n'a décidément plus à faire ses preuves en matière de tennis. Le vrai reproche de cette mouture Club se situe plutôt dans l'usage anecdotique du GamePad, cantonné à l'affichage des messages du Miiverse.

Old gloves

Idem pour le bowling, qui demeure redoutablement efficace et constitue à lui seul un divertissement de choix pour les soirées entre amis. Cela dit, ce sport manque clairement d'évolutions par rapport au cru Resort (déjà bonifié par le Wii MotionPlus). Les épreuves d'entraînement viennent conforter ce constat, car elles se révèlent les moins imaginatives de cet opus. A l'inverse, la boxe se montre un tantinet plus fantaisiste du côté des activités annexes, mais la moins réussie dans son ensemble. Une fois de plus, l'interprétation des mouvements est loin d'être irréprochable, y compris avec une télécommande Wii Plus dans chaque main. La gestion de la hauteur des frappes et de la garde s'avère ainsi très capricieuse, à l'instar de la sélection de type de coup. Il semble que la console tende à privilégier les directs au détriment des crochets et des uppercuts, dont l'exécution au moment opportun tient presque du miracle. Et que dire du mode à une main quand on ne dispose que d'une seule manette Wii Plus - obligatoire d'ailleurs - si ce n'est qu'il s'agit d'une (mauvaise) blague. Surtout que le Nunchuk ne peut pas être utilisé à la place ! En dépit de sa nature défoulante, voilà sans doute pourquoi la boxe a été commercialisée avec le baseball pour le prix d'un seul sport dans la version dématérialisée.

Changement de pitch

Rien à reprocher en revanche à ce dernier. Le contrôle de la batte profite de la précision accrue apportée par le Wii MotionPlus, à l'image du tennis. Le timing devient par conséquent encore plus subtil, la manette détectant les mouvements tronqués, notamment lorsque l'on essaye d'effectuer la frappe avec le poignet au lieu des bras. D'autre part, le GamePad est enfin véritablement mis à contribution pour les lancers. Auparavant un peu brouillonne et épuisante, pour ne pas dire traumatisante pour l'épaule, cette manoeuvre se réalise dorénavant en trois étapes : la sélection du type de lancer sur l'écran tactile, le choix de sa trajectoire avec le gyroscope, et la détermination de sa puissance suivant la durée d'appui sur un bouton. Encore mieux, la réception a aussi recours au gyroscope, si bien qu'il faut pointer le GamePad dans l'espace afin de le positionner dans l'axe de chute de la balle. Une formule indubitablement améliorée, tant elle exploite intelligemment le fameux gameplay asymétrique. Car en plus de changer de manette d'un tour à l'autre, il est très amusant de préparer ses lancers dans son coin, à l'abri des regards indiscrets...

Un club élitiste ?

Le golf va encore plus loin dans l'application des fonctionnalités du GamePad, puisqu'il est utilisé simultanément à la Wiimote. Cette dernière sert toujours à effectuer le swing, tandis que l'écran du GamePad, posé sur le sol, permet de visualiser la balle à ses pieds. En attendant de pouvoir projeter le décors d'un parcours à 360° dans son salon, cette méthode procure un sentiment d'immersion unique. On irait presque jusqu'à parler de simulation, un terme assez surprenant au regard de la philosophie très accessible qu'affiche traditionnellement Wii Sports. Alors que le golf du premier épisode brillait par sa simplicité, cette version Wii U se distingue par son exigence. L'introduction du Wii MotionPlus se traduit là encore par une retranscription plus fidèle du swing, et du coup davantage de risques de dévisser ou de mal doser la puissance. Une longue période d'adaptation est donc requise pour espérer rentrer dans le par, sans parler du temps passé à préparer ses coups. Dommage que cette finesse ne puisse s'exprimer que sur trois parcours de 9 trous, dont un tiers seulement d'inédits en prime. Finalement, cette discipline étonnamment réaliste illustre à elle seule les qualités et les défauts de ce Wii Sports Club : il dispose d'un gameplay plus riche, étoffé de quelques belles trouvailles grâce au GamePad, mais son contenu reste inégal et manque un peu de nouveautés.