Chez Abstergo, résoudre les grands mystères de l'Histoire, c'est une passion. Et la société compte bien savoir comment mettre la main sur le fameux Trésor de La Buse, surnom du pirate Olivier Levasseur. Il faut dire que celui qui a fait trembler les mers caribéennes et indiennes au début du XVIIIème siècle n'a laissé pour indice qu'un cryptogramme indéchiffrable... sauf peut-être par Alonzo Batilla. C'est dans la peau de ce brigand devenu capitaine pour des raisons totalement what the fuck que vous allez vous synchroniser pour revivre l'âge d'or de la Piraterie, croiser des figures importantes de l'époque, dont Samuel Bellamy et Benjamin Hornigold, et probablement trouver un lien entre le butin convoité et le conflit Assassins/Templiers. Cela dit, n'espérez pas vous balader dans des rues bondées avec pour objectif de trancher une gorge malhonnête. Pas de séquences à pieds, pas de parkour : tout se fait en bateau, avec un développement scénaristique assez maigre (des cut scenes en écran fixe). Ce qui ne retire rien à l'idée qu'il y a bien un ADN Assassin's Creed dans ce jeu mélangeant action, stratégie, exploration et même infiltration.

Master and Commander

Vous débutez l'aventure sur une carte (parmi six disponibles) encore brumeuse, avec la possibilité de voguer où bon vous semble pour en découvrir chaque recoin. Deux vues sont disponibles. La première, immersive, vous place sur le pont de votre navire, avec possibilités de zooms et dézooms, de reluquer les environs en faisant glisser votre doigt vers le milieu de l'écran et de faire tourner la barre sur le bas de l'écran. La prise en mains se révèle, à l'usage, plutôt agréable. Grâce à différentes icônes, vous réglez la vitesse et pouvez également récupérer des objets flottants à la surface de l'eau. En pressant le GPS (après tout, vous êtes d'abord un employé d'Abstergo), vous accédez à la vue tactique, qui permet de voir du dessus toute la zone. Des bateaux rouges (de la Navy britannique) et dorés (marchands), font leurs rondes ou stationnent. Vous en approcher permet d'engager le combat. En vue de côté, vous usez de vos canons sur l'ennemi tant qu'il recharge les siens. Il s'agit de l'avoiner en prenant en compte son allure ainsi que le timing et le champ d'action de vos différentes armes. Du canon simple au mortier en passant par la mitraille, chacune se manie différemment et permet d'éviter à la redondance, très marquée, de prendre le pas sur le fun. Lorsque l'opposant peut tirer, la vue change et l'on débarque dans une séquence où il est question d'éviter, à droite ou à gauche, les tirs qui nous visent, ou à user d'un tir de rupture à effet immédiat, jusqu'à redevenir le "chasseur". Les effets d'accélération et de freinage ne versent pas dans le réalisme, mais le tout se montre tellement dynamique et bien mis en scène qu'on se plonge dans l'action sans réfléchir. Quitte à oublier qu'il n'y a pas de grande difficulté dans l'esquive ou la destruction de l'adversaire. Du moins au début.

Et maintenant, buvons !

Vous vous en doutez, s'il n'était question que d'une succession de combats, j'aurais terminé d'écrire ce test depuis longtemps. Bon, d'accord, ces escarmouches constituent l'essentiel du gameplay et vous n'allez pas en manquer. Pour autant, Assassin's Creed : Pirates dispose d'une courbe de progression, d'une obligation d'évoluer qui rend l'expérience toujours plus intéressante et variée. La chasse à l'XP, à l'or et aux diverses ressources devient vite une préoccupation majeure dès lors qu'on se fade des galions et autres Man'o'War mieux équipés sur les cartes suivantes. Car il est nécessaire de changer de bateau, sans hésiter à la jouer Pimp my Ride (améliorer vitesse, puissance et défense, en somme) pour se faciliter la vie. En vu de devenir un redoutable loup de mer, il faut alors s'intéresser aux autres pictogrammes affichés sur l'eau, outre le point d'exclamation attribué à la quête principale. Il s'agit de missions annexes qui vont vous offrir les richesses nécessaires. L'aigle représente un phare à conquérir, dégageant un peu la vue des alentours et faisant office de transport rapide. Les voiles sont des courses, les points d'interrogation vous demandent d'aller récupérer puis de livrer un paquet pour un mystérieux moine et les têtes de mort s'avèrent être des missions d'assassinat. En vue tactique, vous devez rapidement atteindre un vaisseau sans vous faire repérer par ses copains. Assez tendu et parfois pénible, l'écran tactile pouvant interpréter un recadrage comme un déplacement et vice-versa. A cela s'ajoutent des événements aléatoires comme le repérage d'un trésor, la poursuite de négriers ou le sauvetage de naufragés, souvent dans des délais très courts. Aucune raison de s'ennuyer si on adhère, en somme.

Trésor caché

A mesure que vous progressez, les récompenses sont plus élevées. Mais le challenge évolue aussi. Le timing pour accomplir certaines quêtes est plus serré, vous prenez plus de dégâts, on vous met dans les nageoires des mines ou des bourrasques contre lesquelles il est particulièrement difficile de lutter. C'est là que vos ressources jouent. Ne vous attendez pas à une partie gestion très évoluée, il s'agit simplement d'améliorer ses bolides des mers et de recruter des membres d'équipage qui apporteront de nouvelles compétences : plus de patate, une meilleure manoeuvrabilité, un temps de chargement raccourci et autres bonus (à upgrader) qui vont participer à cette montée en puissance qui vous permettra de dominer les six cartes disponibles - la septième, qui marque la suite de l'aventure, interviendra dans une mise à jour prochaine - au bout de quelques heures. C'est cela qui rend d'ailleurs le titre si addictif. L'idée que, malgré une routine perceptible, on peut toujours trouver de nouvelles façons de triompher de chaque challenge et que la synchronisation parfaite de toutes les missions (des objectifs annexes liés au timing ou aux dommages perçus pour toucher la totalité des récompenses) n'est pas une douce utopie. Du coup, on se laisse prendre, comme un gamin qui s'imagine avec un bandeau sur l'oeil et un perroquet sur l'épaule. On enchaîne avec le même plaisir. Il faut dire que la réalisation, très propre, même si le rendu de l'eau et des conditions climatiques semble avoir bénéficié de plus de soin que les modélisations, et l'ambiance sonore, avec les chants pirates et les musiques insufflant un zeste d'héroïsme à vos actions, font un travail remarquable pour que l'ensemble soit cohérent et amusant.

Décidément, sur tablettes et téléphone, Ubi aime bien nous surprendre en cette fin d'année. Après Rayman Fiesta Run, voilà qu'Assassin's Creed, dans un autre registre, parvient à migrer de belle manière. Vraiment très joli et baignant dans une atmosphère surprenante, Pirates se savoure presque sans modération tant il s'avère bien conçu. Sa répétitivité ? Elle pourra rebuter à coup sûr. Mais de mon côté, j'ai encore quelques missions à "platiner" et je ne m'en suis pas encore lassé...

NB : côté Apple, il faut savoir qu'iOS 7 est préconisé et que les appareils recommandés sont l'iPad Air et l'iPhone 5S. Sont compatibles les iPad 4, iPhone 5 et iPad Mini 2, alors qu'avant l'iPhone 4S, le jeu ne fonctionnera pas.