Duke Nukem Forever représente ce qui peut arriver de pire en terme de développement de jeu vidéo. 14 ans de "travail", de multiples changements de studios, d'éditeur, de moteur 3D et... de date de sortie. Dans ces conditions, malgré les espoirs, les moyens et le temps passé sur le projet, on se doute que maintenir une vision cohérente et solide est mission impossible. Et DNF, malheureusement, le prouve. Le FPS tant attendu est effectivement resté bloqué dans les années 90. Et pas pour le plus grand plaisir des nostalgiques dans mon genre. Textures, animations, bruitages, gameplay, humour, tout est d'un autre temps.

Blast from the past

Dès la première scène, je savais que terminer la campagne solo serait une sorte de torture. L'invasion alien vue du building de Duke se résume à une texture de ciel des plus grossières, avec un vaisseau mère peint dessus, et 2 ou 3 navettes moches et mal modélisées qui se baladent derrière la baie vitrée. Les jumelles bimbos qui viennent de s'occuper du bien-être du sauveur de l'humanité sont terrifiées. Ça se voit grâce à 2 animations de robot et des répliques qui se veulent drôles. Le début de l'aventure sera une grande démonstration de tout ce qu'il ne faut pas faire dans un FPS moderne : rythme catastrophique, scénario "drôle" qui tombe totalement à plat, gameplay ultra mou quand les combats démarrent enfin. On se demande comment un tel ratage est même possible après tant d'années. Sans parler de la réalisation, indigne d'un FPS de 2005. Là où un Serious Sam assume ses délires et propose un vrai gameplay différent par rapport à la concurrence, DNF n'offre rien. Ou presque.

Hail to the fail, baby

Malgré tous ses défauts et sa réalisation ratée, DNF offre quelques passages funs. Tout n'est pas à jeter ! Les vieux joueurs aimeront certains combats contre les boss, à l'ancienne, à base d'une ou deux attaques à éviter et d'une tonne de points de vie à entamer à la roquette. Les salles "piège" avec des vagues de cochons de l'espace à contenir et des munitions plus ou moins limitées. Quelques combats en mini-Duke. La phase en voiture 4x4, vaguement distrayante (à ne pas confondre avec la phase en voiture RC, complètement crispante à cause de contrôles ratés). DNF tente la diversité durant les 24 chapitres (parfois divisés) de son "aventure".

Malheureusement, une des "modernisations" opérées sur le Duke castre le fun de la plupart des combats : sa barre d'égo. L'égo de Duke agit comme un bouclier ou une barre de vie. Évitez de vous faire cartonner pendant quelques secondes et elle va remonter. Comme les ennemis sont des débiles profonds, cela nullifie les challenges du gameplay : il suffit de rusher quelques aliens, de se planquer, et hop on recommence. Pas vraiment de stress, pas vraiment de fun. Pour les munitions, il suffira de ramasser les armes de vos victimes... Pour augmenter votre barre d'égo, il faut réaliser des actions trop "mdr lol lol" genre s'admirer dans un miroir, faire une photocopie de ses fesses, etc. DNF, c'est aussi une grande leçon de classe... Je vous épargne le couplet sur l'image de la femme dans ce titre. On s'en amuse (ou pas), mais certaines joueuses vont adorer voir que certains trophées du multijoueur, pour "décorer" la maison de Duke, sont des bimbos et au même niveau que posters, tableaux et sculptures... Classe je vous dis.

Les bons outils pour bricoler

Côté trousse à dessouder de l'alien, ce Duke rempile avec les restrictions "classiques" des FPS moderne : terminé la collectionnite aiguë ! Deux armes maximum sur le grand blond, deux types de grenades et quelques babioles pour se sortir des situations compliquées. Si jamais ça vous arrive... Les armes vont du classique (mais efficace) fusil à pompe jusqu'au rayon rétrécissant en passant par le lance-roquettes multiple et le railgun (mon préféré). Attention, certains ennemis sont plus ou moins résistants à certains types d'armes. Au pire, un bon coup de crosse fera l'affaire...

Côté bombes, on trouve de la classique à détonation commandée ou de la mine avec faisceau laser, toujours amusante pour tendre des embuscades à ces abrutis de monstres qui ne comprendront jamais que le petit truc rouge en travers de la porte n'est pas là pour faire joli. On trouve aussi quelques bonus, du style bière, qui rend le Duke plus fort, plus rapide et... capable de se servir uniquement de ses poings. Le plus marrant reste l'holo-Duke, qui en créant un double de votre personnage (qui devient invisible), permet de faire diversion à la perfection. Très pratique (voir trop) dans certains combats.

On a tué un mythe

J'insiste sur un point : si les graphismes et animations du titre sont ratés (un poil moins sur PC que sur consoles), ce n'est pas le problème principal. C'est bel et bien le gameplay lui-même qui est à critiquer et qui plombe complètement ce qui aurait dû être le retour d'une licence adulée par certains pendant plus de 10 ans. Trop linéaire, trop simple, trop classique, trop mou, il n'arrive ni à contenter les nostalgiques ni à séduire ceux qui découvrent la licence. Même le multijoueur ne rattrape rien : c'est encore plus laid, on a une impression de lag même avec un ping de 30 ms. Quant aux modes de jeu, ils sont classiques à pleurer. Pas la peine de croire que "Capture the babe" est novateur... Même si je suis heureux de retrouver un multi sans rien à débloquer, avec des tremplins et des armes planquées, le tout reste bien décevant. Autant lancer une bonne partie de Quake Live !

En étant ultrapositif, on peut noter que le jeu tournera sur des configs très modestes sur PC (encore heureux !), qu'il y a effectivement quelques vannes ou références drôles (regardez les screenshots). Mais dans sa globalité, DNF est une énorme déception. Un gâchis terrible qui fera regretter sa sortie aux puristes. De mon côté, j'ai ragé sur la réalisation, crié sur les absurdités (les sauts et collisions sont très mal gérés, les phases de plate-forme crispantes...) mais j'ai quand même aimé certains combats, quelques décors... Mais au bout de 7 heures, en regardant désabusé le générique de fin de la campagne solo, je me suis dit que cette fois, j'étais vraiment content de ne pas avoir payé ce jeu. La dernière fois que je m'étais fait cette réflexion, c'était pour Daikatana.