Il faut l'admettre, les premiers heures de jeu sont assez décevantes. Tout d'abord, le joueur se heurte à une réalisation très en dessous de ce qui se fait aujourd'hui sur les consoles HD. La 3D demeure correcte mais est à des années lumière de ce que propose, par exemple, un Final Fantasy XIII. Seuls des effets de lumière intelligemment disséminés parviennent à relever le niveau sans pour autant sauver la réalisation globale de Nier. À cela s'ajoute des décors souvent vides, au design redondant, mais qui jouissent tout de même d'ambiances différentes. Un premier contact qui en décevra certains et dont il faut s'accommoder pour laisser sa chance au jeu.

Avec le temps...

Car même avec cette esthétique peu reluisante, Nier possède un certain cachet. Malgré des décors peu détaillés mais au design simple et efficace, un peu dans la veine d'un Final Fantasy XI Online, il parvient à nous charmer par des jeux subtiles de lumière. De plus, l'ensemble est saupoudré de musiques calmes et enivrantes qui ne laisseront pas indifférents les mélomanes. Bref, Nier nous envoûte au fil du temps et on finit, naturellement, par passer outre sa réalisation trop moyenne. D'autant que son scénario, particulièrement bien pensé, titille constamment notre curiosité. Dans une ville contemporaine dévastée, un père et sa jeune fille, isolés du reste du monde, affrontent des ombres menaçantes. La petite est d'ailleurs atteinte par une maladie magique dont il faut impérativement trouver le remède. Mais les monstres ne cessent de débarquer en masse et Nier, le père, doit faire appel aux pouvoirs magiques d'un livre doué de conscience et de parole. Une mise en bouche étrange qui est ensuite renforcée par un voyage dans le temps inexpliqué. Nous voilà projeté un millénaire plus tard dans un monde médiéval fantastique dans lequel Nier et son enfant, toujours malade, sont installés dans un village, sans le moindre souvenir de la scène d'introduction. Bien évidemment, ils n'ont pas pris une ride et il faut toujours trouver un remède pour sauver la jeune demoiselle. Ce pitch appelle des réponses et c'est pour cette raison, dans un premier temps, que le joueur continue l'aventure. Il tient à découvrir le pourquoi de ce bond dans le temps...

Un livre ouvert

Nier explore donc ce nouveau monde en compagnie de "Grimoire Weiss", un livre magique qui parle. Et c'est avec un certain humour que ces deux compères vont s'entraider pour accomplir, chacun, leur destinée. La traduction de bonne qualité assure des dialogues à la fois drôles et châtiés, notamment par l'intermédiaire de Kainé, un personnage féminin qui viendra prêter main forte à Nier durant l'aventure. Notez au passage que ce scénario fait preuve de maturité, surtout en ce qui concerne les thèmes qu'il aborde. C'est adulte, intéressant et finalement, on a toujours envie d'en savoir plus. Contrairement à un Final Fantasy qui vous étouffe de cinématiques, souvent niaises et trop longues, Nier ne perd pas de temps en blabla. Quelques échanges de paroles et nous revoilà dans l'action. Pour autant, le scénario n'en demeure pas moins palpitant. Comme quoi, on peut aussi créer une histoire pertinente sans perdre son temps, ni celui du joueur, en bavardages inutiles.

Action à vitesse grand V

Nier nous épargne donc la perte de temps de nombreux autres titres du genre par bien des aspects. Pour exemple, le héros se déplace toujours très vite. Si vous ne savez où aller pour accomplir une quête, le Grimoire Weiss apporte le plus souvent son aide. Un point indique presque en permanence où se rendre et vous êtes donc très rarement perdu. Là encore, Nier évite les impairs de certains vieux FF. On va droit au but sans fioritures car c'est l'action qui prédomine ici. Intelligents, les développeurs ont même intégré des phases de plate-forme en 2D rapides pour vous occuper pendant les voyages. Divertissants, ces moments sont agréables à jouer et permettent de varier les plaisirs. Heureusement, car certaines quêtes annexes s'avèrent, dans le fond, peu intéressantes. De la chasse, de la récupération d'objets, de l'exploration, etc. Rien de bien grisant au début mais, je vous rassure, le scénario reprend finalement ses droits pour vous emmener plus profondément dans l'histoire et obtenir des réponses au pitch initial. Néanmoins, le coeur du jeu, tout comme dans FFXIII, réside dans des affrontements qui font preuve de dynamisme et d'une certaine variété.

Shoot, combat et casse tête !

Nier se démarque de la concurrence en alternant beat them all et shoot them up ! Ce mélange entre des joutes en temps réel au corps à corps, au moyen d'armes rudimentaires (épées, lances etc.), et de phases de tir, vues de dessus ou de dos grâce aux multiples pouvoirs magiques du grimoire, offre des combats vraiment amusants et souvent renouvelés. Et quand je vous dis que ça tire dans tous les sens, ça y va. Parfois, le héros doit carrément éviter des centaines de projectiles en même temps tout en canardant l'ennemi - façon Shmup bullet hell. Vous l'aurez compris, il faudra être agile de ses doigts pour exploiter au mieux l'esquive dont est doté notre héros. Si le menu fretin ne brille pas par son IA développée, on apprécie néanmoins les rixes contre les boss de fin de donjon, toujours longs et originaux. On y trouve même des aspects à la Zelda lorsqu'il faut cibler une partie précise de leur corps pour les achever plus rapidement. Mais Nier emprunte aussi à d'autres références du jeu vidéo. Pour exemple, le système de caisses à déplacer pour continuer à progresser semble tout droit issu de God of War. Cependant, jamais le jeu de Square Enix n'égale les titres auquel il emprunte, mais le rythme avec lequel il varie les styles et les activités au moyen du shoot, de la plate-forme, des casses têtes ou des quêtes maintient constamment le joueur au coeur de l'action. Autant être clair, vous n'allez pas vous ennuyer, même si une fois toutes ces actions découvertes, il se peut qu'une certaine répétitivité s'instaure, beat them all et shoot them up obligent ! Enfin, Nier profite de quelques notions de RPG. On gagne des niveaux, bien sûr, mais il n'y a pas vraiment à customiser soi-même son avatar. On se contente de placer des "qualificatifs", des runes en forme de mots de pouvoir, trouvés sur les ennemis, pour booster armes (achetées ou trouvées) et pouvoirs magiques sans que cela ne casse le rythme du jeu.

Oui, Nier est loin d'être séduisant de prime abord, c'est clair ! Et ce n'est pas le charisme déplorable du héros qui viendra le sauver. Pourtant, le jeu m'a souvent amusé. Rapide, nerveux, efficace, généralement varié dans l'action, intelligent par bien des aspects et profitant d'un scénario bien amené, sans trop de dialogues inutiles, Nier m'a finalement satisfait. Et ceci même si sa linéarité de progression et sa réalisation viennent gâcher la fête. Voilà donc un titre qui risque de diviser, mais qu'il faut au moins essayer si vous êtes amateur du genre !