Il était une fois un modeste mode de jeu accessible en fin de partie ayant fait ses premiers pas en 1999 dans Resident Evil 3 : Nemesis, avant d'être décliné sous forme de bonus dans Resident Evil 4 et Resident Evil 5. C'est l'histoire du mode "Mercenaires", une sorte de bonus permettant d'affronter en arène des hordes de zombies. Un à-coté étoffant les aventures solos avec une approche plus directe et préfigurant les prémices du virage "action" pris par la série Resident Evil depuis quelques temps. Visiblement apprécié, ce mode s'est mis à gonfler au point de vouloir s'émanciper. Ambitieux, la grenouille se dit qu'elle avait l'étoffe d'un boeuf et que se transformer en vrai jeu vendu au prix fort était à sa portée. Mieux, son père Capcom se dit qu'il pourrait ainsi se faire la main sur la 3DS, appréhendant ainsi les capacités techniques de la nouvelle portable. Cela permettrait alors de chiader l'épisode Resident Evil : Revelations, centré, lui, sur l'histoire et avec une campagne solo prévu pour 2012. Et tant qu'à faire, comme cette grande histoire est affublée d'un nom porteur, que les fans semblent prêts à être essorés, et que sur un malentendu ses expérimentations pouvaient rapporter un peu, beaucoup d'argent, mieux valait tenter la fable. De préférence en réussissant la forme pour attirer l'oeil, mais sans trop se fouler sur le fond et en bridant les sauvegardes (elles sont impossibles à effacer) pour limiter le marché de l'occasion. Resident Evil : The Mercenaries 3D venait de naître...

Né sous une lune blafarde

N'allez pas chercher le moindre zeste de peur. En effet, hormis le cadre horrifique et les zombies, ce Resident Evil mise tout sur l'action tendance décharges de chevrotine répétées. Vous enchaînerez ainsi les missions dans des décors constitués d'arènes assez restreintes. Vous tenterez alors de survivre à des vagues d'ennemis ayant connu leur heure de gloire dans Resident Evil 4 et 5. Des zombies africains, des moines pas si chastes, des chauves-souris rampantes (sic)... le bestiaire joue la carte du recyclage et vous, celle du matraquage. Mazette ! Ce n'est pas comme s'il n'existait pas de nombreux épisodes mythiques, chacun avec une pléthore d'éléments majeurs. Pas de surprises, encore moins de clin d'oeil particulièrement historique. Le fan service se limite donc à la présence de personnages clefs comme Chris, Jill, Claire, Krauser, Barry, Rebecca, Hunk ou encore Wesker... et au débloquage de mille et une tenues par chacun. Bien évidemment ces 8 combattants possèdent un armement et des finish moves spécifiques, mais pas de quoi fouetter un Hunter. La clef du divertissement réside donc dans l'amélioration de vos temps et performances. Plus vous progresserez, plus vous pourrez améliorer vos capacités (meilleure maîtrise des armes, vie boostée, attaques critiques). Point. En clair, au fil de 5 niveaux découpés en plusieurs missions (une trentaine en tout, mais beaucoup se répétant), il faudra exceller dans l'art du scoring pour sentir le bonheur vous envahir. A contrario, si l'acharnement n'est pas votre allié, l'ennui peut devenir fatal tant l'ensemble se montre répétitif et somme toute limité. Ici, le culte de la performance sera votre mantra, ou votre trépas. Pourquoi ne pas avoir proposé plus de modes de jeux ? Car hormis vider les niveaux seul ou à deux (local ou WiFi)... vous n'aurez rien d'autre à faire. Pas d'affrontement et même de classement online. L'aridité au coeur de l'été.

Et pourtant...

... pour la première fois dans la série, il sera possible de tirer en avançant. Oui. Je vous invite à relire cette phrase pour vous assurer que vous ne rêvez pas. Capcom a ouvert ses oreilles et propose pour la première fois deux modes de prise en main dédiés. Il s'agit alors de passer en vue subjective et de vous déplacer en braquant votre arme. On ne retrouve pas encore l'ergonomie d'un Dead Space (l'absence de second stick y est pour quelque chose), les mouvements des protagonistes brillent d'ailleurs par une certaine lourdeur (paradoxal dans un jeu où tout doit aller vite), mais un effort a été consenti. "Peut mieux faire", cependant. Autre point à retenir, la réalisation. Difficile de ne pas sentir que ce Mercenaries 3D a servi de labo technologique au prochain RE : Revelations. Tester les capacités de la 3DS. Qu'apprend-t-on ? Que la réalisation est soignée avec des modélisations réussies, mais que les limitations de la portable restent visibles. Les textures de fond de décor se montrent ainsi assez sommairement aplaties et bavent un peu. Les animations des ennemis souffrent aussi d'une souplesse somme toute relative. Mais ne chipotons pas trop, car malgré des zones d'amélioration potentielle, la réalisation graphique reste sans conteste l'une des forces du titre.

Piètre révélations

N'espérez rien non plus de la démo jouable de Resident Evil Revelations. Si sa présence suscitait chez vous une violente attirance et si le macaron apposé sur la jaquette vous hypnotisait, sachez que le segment proposé ne dure pas plus de 5 minutes et propose en tout et pour tout 2 combats. Pour le reste, un long couloir sera ravi de vous accueillir. Je ne saurais ainsi que trop vous conseiller de vous satisfaire de cette vidéo présentant la démo. Amplement suffisant.

Pour conclure, évoquons la 3D, passage obligé de tout test 3DS même si comme d'habitude sa perception se révèle très personnelle. Avouons cependant qu'elle n'apporte pas grand chose ici hormis, as usual, une qualité d'immersion supplémentaire. Reste que la pilule a bien du mal à passer. A l'heure des petits jeux vendus à petit prix, ce Resident Evil : The Mercenaries 3D résonne de toute sa force comme le gong de l'opportunisme. Un très bon mode de jeu, mais assurément pas un titre à part entière. Pas à ce prix. Pas en 2011. Pas sur une machine qui peine encore à s'entourer de grands jeux. Capcom, par pitié, arrête d'enterrer tes zombies...