Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, autant vous prévenir tout de suite : ne comptez pas obtenir quoi que ce soit concernant les versions PS5 et Xbox Series du jeu dont l'ambassadeur officiel est Kylian Mbappé. La présentation de FIFA 21, plutôt complète, à laquelle nous avons eu droit ne concernait que la génération actuelle. Même chose pour la prise en mains, il aura fallu se contenter d'une version Bêta PS4 pour se faire une idée. Et c'est uniquement du gameplay - les nouveautés concernant Volta, FUT ou encore le mode Carrière, qui permettra d'avoir un aspect simulation des matchs plus poussé, doivent attendre - dont nous allons vous parler dans cet article. Mais c'est déjà pas mal, NON ?

Un nouvel espoir ?

Chaque année, les développeurs de jeux de foot nous sortent la même rengaine, inlassablement. "Nous avons écouté les retours des joueurs, de la communauté, et des pros pour faire de cette version la meilleure qui soit". Le cycle de l'espoir brisé - récurrent depuis 2017, qui démarre avec les annonces, continue sur des versions previews et démos encourageantes avant de s'achever sur un jeu final qui semble avoir négligé le gameplay au profit d'un contenu pléthorique - va-t-il se répéter ? On ne saurait répondre catégoriquement. En revanche, il n'apparaît pas qu'EA Sports, qui a dû, comme beaucoup relever le défi du télétravail, ait retenu ses efforts pour améliorer les éléments les plus problématiques d'un FIFA 20 fortement décrié, reconnus et pointés du doigt durant la présentation virtuelle réservée aux journalistes. Sur le plan technique comme ludique, alors même que le passage à la génération suivante aurait pu mener à un relâchement presque logique, on croit percevoir le mieux annoncé.

J'ai senti le choc

Avant de de se pencher sur les nouveautés qui devraient obliger à repasser par un entraînement assidu pour comprendre comment bien se comporter sur le terrain, commençons par les collisions. C'est un problème qui ne date pas d'hier et qui avec FIFA 20 a atteint son paroxysme : les réactions des joueurs luttant pour la sphère de cuir suite à un choc, voire plusieurs, entraînant une avalanche de gadins abracadabrantesques pour laquelle la chanson thème de Benny Hill semble avoir été composée, c'est devenu usant. Votre attaquant qui va s'effondrer sur un gardien refusant de se lever immédiatement, re-trébucher tandis que le ballon rebondit n'importe comment et que les autres joueurs autour ont l'air sous codéine, cela devrait être une histoire ancienne. Ou au minimum peu fréquente.

Les développeurs ont en effet compris qu'il fallait remédier à cela et ont intégré de nouvelles réactions, des étapes d'animations supplémentaires, qui laissent penser, après quelques matchs, que les injustes et pas très sérieux cafouillages faisant "jeu vidéo", vont prendre moins de place. La vitesse globale sensiblement ralentie, avec une inertie un poil plus prononcée et des courses balle au pied qui, en dehors des fusées comme Mbappé ou Cristiano Ronaldo, ont gagné en équilibre, s'associent plutôt bien à une protection de balle à réception plus efficace. Cela donne déjà un spectacle plus crédible, quand bien même on pestera toujours sur des contres favorables vite agaçants. Manette en mains et ballon orienté et propulsé de façon logique, on ressent quelque chose d'agréable dans l'exécution des différentes actions, y compris défensives, la réactivité et la fluidité se montrant, déjà avec cette version, au rendez-vous.

Du plomb dans la tête

De la même façon, l'intelligence artificielle a gagné quelques nouveaux paramètres. Le speech comme quoi les joueurs doués tactiquement pourront faire la différence autant que ceux ayant des attributs de cyborgs peut prêter à sourire. Et puis, sur le terrain cela paraît se vérifier. Voir un attaquant en position de hors-jeu sur un contre rapide ralentir sa course pour bien s'aligner et attendre la bonne passe, c'est surprenant. Voir les défenseurs, qui faisaient surtout office de plots dans la dernière édition, se placer idéalement pour couper les trajectoires ou bien anticiper correctement les mouvements du goleador d'en face, aussi. Surtout que, si cela n'est pas systématique, point de rareté. Plus de personnalité, donc, et peut-être d'efficacité. Seul le gardien (le Szczęsny du "Piemonte Calcio", le Navas du PSG ou le Ter Stegen du FC Barcelone, entre autres) a eu quelques ratés durant nos parties, notamment sur des lobs, mais il savait se rattraper par des sorties fort à-propos et des parades parfois hallucinantes.

Garder le contrôle

Soyons honnêtes, si l'on ne creuse pas un peu et que l'on n'est pas au courant de certains apports, les changements ne sautent pas forcément aux yeux. Il faut dire que la présentation générale, avec une mise en scène et une ambiance toujours au top, et les modélisations n'ont pas connu d'énormes bouleversements. Il faut donc jouer, et encore jouer pour faire connaissance avec la nouveauté, qui ne s'est pas invitée sur les coups de pieds arrêtés, les coups-francs (que l'on peut maintenant obtenir en annulant un avantage donné par l'arbitre en maintenant R2 et L2 dès qu'un pictogramme nous le suggère) comme les penalties demeurent toujours aussi peu intuitifs. Il faudra un peu de temps pour le dribble fin, censé donner un avantage certain dans les duels et déplacements en petit périmètre, en automatisant des gestes techniques avancés. Celui-ci n'a pas encore livré tous ses secrets, mais nul doute que les saigneurs trouveront comment l'exploiter quand il le faut, donnant plus de fil à retordre encore à des arrières-gardes solides, mobiles, mais pas non plus surhumaines.

Dans d'autres registres, grâce notamment aux nouveaux ateliers d'entraînement en préambule des matchs, on parvient à découvrir et commencer à dompter des fonctionnalités inédites qui pourraient avoir un apport non négligeable, donner une nouvelle profondeur. Vous souvenez-vous de PES sur Wii, son petit côté RTS permettant de se prendre pour un coach et diriger chaque athlète en pointant l'écran ? Les courses créatives, telles qu'elles nous sont présentées par l'équipe, ont l'air d'y ressembler. En fait, c'est plus compliqué mais... plus simple. L'idée est bien d'orienter la course d'un coéquipier dirigé par le CPU dans la direction souhaitée. Il faut pendant une passe en une-deux donner un petit coup de stick droit pour que l'émetteur aille où vous le désirez, y compris en retrait. Pour peu que l'on y pense et qu'on ait une certaine vista, cela promet en effet des déplacements allant du pas très académique au génie tactique. Une foulée dans un espace libre, une passe millimétrée...

Ajoutez à cela qu'une pression sur les deux sticks analogiques vous voit contrôler un seul joueur (façon Deviens Pro) temporairement et on pourrait très vite, au plus haut niveau, se retrouver avec des actions dignes d'un sommet de Ligue des Champions, si le jeu parvient lui-même à suivre. Cela devrait être le cas si l'on se fie à l'ajout d'une nouvelle difficulté, calquée sur les prestations des meilleurs compétiteurs, voyant l'I.A. enchaîner les prouesses collectives et individuelles.

ON L'ATTEND... UN PEU
Si les quelques matchs enchaînés ne sont pas garants d'une version finale complètement satisfaisante, on peut quand même entrevoir dans ce premier contact avec FIFA 21 un volet plus prometteur à ce moment du développement que ne l'étaient les trois derniers. Les (rares) nouveautés semblent aller dans le bon sens et, vraiment, sur le terrain, il y avait moins de sensations de Bêta dans cette Bêta que dans FIFA 20. On espère juste qu'EA Sports vise un football plus équilibré, à la fois simple d'accès et difficile à maîtriser pleinement, et que certaines améliorations constatées ne vont pas être oubliées pour des idioties. En face, il n'y aura pas de changement. C'est peut-être le moment de briller à nouveau sur cette génération avant de, pourquoi pas reprendre la couronne sur la suivante...