Pour ceux qui auront patiemment attendu l'arrivée de Death Stranding sur PC, en passant à travers les gouttes averses des spoilers de cette intrigue ô combien alambiquée, le plaisir n'en sera a priori que plus grand, à l'image de cette version Master Race, que nous avons pu essayer sur Steam, histoire de voir une fois de plus si l'herbe est toujours plus verte ailleurs.

C'est beau mais c'est (très) loin

La première chose qui frappe en lançant ce portage estival, c'est la fluidité avec laquelle notre héros bougon se déplace désormais dans cet univers désolé : dès son introduction, Death Stranding fait des merveilles, et donne l'impression de profiter sur PC d'un petit supplément de classe, qui rend l'expérience (un terme trop galvaudé qui prend pourtant ici tout son sens) encore plus plaisante. Le frame-rate élevé promis dès son annonce ne nous aura pour le coup pas mené par le bout du nez : que vous ayez relié les deux côtes sur PlayStation 4 Fat ou Pro, la différence se fait clairement sentir, et satisfera sans doute les esthètes endettés pour s'offrir la machine de leurs rêves. Le souci du détail se poursuit d'ailleurs dès les présentations de rigueur, alors que l'épiderme de Sam se révèle bien plus réaliste au passage d'un Échoué connu de longue date. Si la prestation des acteurs est restée intacte, l'amour déraisonné du père Kojima pour le septième art trouve ici un nouveau terrain pour pleinement s'épanouir, et le support des écrans larges offrira à coup sûr une immersion forcément plus saisissante, quand le matériau de base avait largement su nous faire voyager l'an passé.

Jolie tête de MULE

Mais au-delà du seul plaisir des yeux, c'est la profondeur de champ et la finesse de ses modèles 3D qui offre à ce portage PC de Death Stranding un véritable supplément d'âme, qui colle à la vision originale que s'en faisait l'inénarrable créatif à lunettes, dont le nom apparaîtra évidemment à de (trop) nombreuses reprises durant ce périple. Le regard porte ainsi bien plus loin, et la nouvelle définition permise par ce petit coup de boost assure une immersion de tous les instants, et participe un peu plus au sentiment d'extrême solitude qui caractérise cette simulation de premier de cordée. Et parce que la plastique ne fait pas tout, la distance d'affichage permet également de repérer plus rapidement les éventuelles MULEs prêtes à mettre la main sur votre cargaison, permettant ainsi d'éviter quelques confrontations en changeant de route avant l'impact. Sur le plan technique, seules les collisions, moins précises dans cette version preview, semblent pour le moment en retrait. Si le jeu à la manette offre évidemment une expérience semblable, le jeu au combo souris/clavier peut s'avérer complexe, tant le premier jeu de Kojima Productions multiplie jusqu'à plus soif les manipulations.

La marche s'équilibre assez logiquement avec les deux clics de la souris, Sam se pilote en mode ZQSD, pour que l'on prenne la peine de paramétrer ses choix, puisque la bascule vers un clavier AZERTY ne modifie pas automatiquement les commandes. Pour le reste, il faudra mettre dans le nez dans un menu défilant avant d'espérer s'habituer à des manipulations digne d'un RTS. Enfin, la manipulation qui consistait à bercer B.B. grâce au gyroscope n'est évidemment plus, mais très franchement, qui s'en plaindra ?

Libre de droits

Pour ceux qui aurait déjà digéré les dizaines d'heures obligatoires pour tenter de comprendre le fin mot de l'histoire, il ne faudra en revanche pas trop compter sur les ajouts véritablement inédits de cette version Steam, qui sera tout aussi disponible sur l'Epic Games Store soit dit en passant. Si le mode photo fera évidemment le bonheur des esthètes au regard affûté, sa disponibilité sur PlayStation 4 depuis le mois d'avril rend évidemment la surprise un peu moins inédite que prévue.

Il faudra donc se tourner vers le contenu brandé Half-Life annoncé au mois de mars pour se mettre un peu de nouveautés sous la dent. Et en la matière, il ne faudra pas placer ses espoirs trop haut, puisque le featuring avec la série de Valve tient clairement plus du sympathique clin d'oeil que du game changer. Passées quelques heures de jeu, un e-mail vous invitera à délaisser vos livraisons post-pandémiques pour vous mettre en quête d'un colis abandonné, qui une fois rapatrié vous permettra de coiffer Sam de tout un tas d'accessoires... purement cosmétique, et dont on peine à mesurer l'intérêt au-delà de la blagounette, même s'il nous tarde, ne serait-ce que par curiosité, de découvrir les fameuses fonctionnalités promises par le Twittos semi-compulsif. Sait-on jamais...

ON L'ATTEND... TOUJOURS AUTANT !
Après quelques heures passées à (re)découvrir le monde abandonné de Death Stranding dans la peau de Sam Porter Bridges, un constat s'impose : ceux qui seront parvenus à prendre leur mal en patience seront largement récompensés. Fluide, encore plus fin et profitant d'une distance d'affichage qui offre des panoramas encore plus renversants, Death Stranding profite d'un nouvel écrin qui lui permet de briller encore un peu plus que sur PlayStation 4 l'an passé. En revanche, les joueurs qui auraient déjà bouclé l'aventure devraient pouvoir garder leur config' en attendant des jours meilleurs, puisque les bonus promis ne justifient pour le moment pas de rechausser ses bottes... Officiellement retardé, Death Stranding viendra rappeler les joyeuses heures du confinement dès le 14 juillet prochain, sur Steam et l'Epic Games Store.