Pour rappel, Fuser s'entend comme un jeu de DJ jouable à la manette ou aux clavier/souris, dans lequel chacun des morceaux proposés a été découpé, et il ne tient ainsi qu'à vous de composer votre mix maison en piochant rythmes, synthés, guitares et autres voix parmi différents styles, qui devraient selon le studio Massachusettais envoyer la purée, en tout bien tout honneur. Si le résultat final peut paraître de prime abord un brin complexe, un bon vieux mode Carrière viendra vous apprendre pas à pas les rudiments du DJing, en vous plongeant dans la peau d'un jeune prodige qui commence gentiment à percer, et pas les tympans. Toujours prompt à faire se déchaîner les foules comme les passions, nous avons ressorti notre casque pour animer l'un des rares festivals à ne pas avoir fait l'objet d'une annulation cet été.

Accord fondamental

Avant tout pensé comme résolument festif, Fuser ne s'encombre d'ailleurs pas de différents niveaux de difficulté comme Guitar Hero en son temps, et laissera les mordus de scoring viser la note parfaite de cinq étoiles pour espérer corser l'affaire. Il ne sera d'ailleurs pas plus question de malus, puisqu'une plage de cuivres balancée au mauvais moment vous rapportera certes moins de points, mais ne vous en fera pas perdre non plus. La fête avant tout, donc, et tant pis pour les puristes. Aux commandes de quatre platines, le joueur est ainsi convié à laisser parler sa créativité, parmi une sélection qui ne demande qu'à s'étendre, puisque de nombreux morceaux, environnements et autres éléments de personnalisation de votre disc jockey seront à débloquer au fur et à mesure de votre progression.

N'allez pas pour autant imaginer qu'Harmonix ne garde pas sous le coude une batterie de DLC, histoire de monétiser le jeu sur la durée. Mais avec une centaine de morceaux promis au lancement, il devrait y avoir de quoi faire, d'autant plus que la formule ne nécessite pas beaucoup de pratique pour que l'on se laisse prendre au jeu. En l'espace de quelques minutes, les fondamentaux sont ainsi digérés, et l'on se retrouve vite à tester toutes les combinaisons afin de trouver l'alliance qui fera bouger la foule comme un seul homme (pro tip : évitez d'emprunter quoi que ce soit à Clocks de Coldplay, qui semble bien décidé à tout gâcher). Heureusement, Fuser ne manque pas de répartie, et vous serez comme tout bon animateur de soirée qui se respecte soumis à des requêtes aussi diverses que variées de la part de votre auditoire, qui se montre sacrément calé sur les pistes isolées de chaque morceau. Le seul détail qui fera hurler les puristes, dont votre serviteur se revendique sans honte, réside dans le choix de ne proposer que des versions radio edit expurgées de toute parole "explicite". On a bien essayé de crier au scandale, mais rien n'y fait :

Nous visons une classification grand public, alors nous n'avons pas eu trop le choix... Proposer plusieurs versions, c'était s'asseoir dessus. Mais ce sont quand même les vraies versions radio edit des studios, nous n'avons rien retouché !

Mouais. Quelques astuces permettent de s'approprier la setlist, puisque certains genres seront parfois mis à l'honneur, quand l'auditoire ne réclame pas que des sons d'une décennie précise, et il faudra du cran et un peu de réussite pour gratter quelques points supplémentaires en superposant deux morceaux de... country. Damn !

Don't beat us down

L'important reste envers et contre tout de balancer ses sons sur le temps, fort de préférence, puisque Fuser estime que le premier est toujours le meilleur pour changer la formule, et s'avère bien moins généreux lorsqu'il s'agit de jouer avec le contre-temps, un parti-pris somme toute dommageable pour un titre qui semble à ce point respirer l'amour de la musique. Notre entretien avec le chargé de communication Dan Walsh nous aura d'ailleurs permis de rapidement doucher quelques espoirs, malgré nos avertissements concernant le public français, qui a souvent tendance à marquer un temps... singulier :

Nous voulons que Fuser reste accessible : il n'y aura donc pas rythmes trop élaborés, comme le 7/8 dont vous parlez (rires). Nous y avons glissé quelques triolets, mais ils s'intègrent toujours dans une mesure binaire. C'est ce que j'aime avec la France : vous ne faites rien comme tout le monde !

Vous l'aurez compris : soucieux de s'afficher comme résolument grand public, Fuser ne proposera aucune signature rythmique en dehors des sentiers battus, et c'est donc forcément une valse à quatre temps qu'il faudra danser, même tout l'été.

Il faut dire que la sélection proposée a fait l'objet de tous les soins, histoire de s'affranchir de la moindre fausse note (sauf avec Coldplay hein, allez comprendre) : les parties mélodiques donnent le ton (évolutif) de votre mix, et tous les instruments s'adaptent ainsi aux fondamentales, et donnent l'impression de savoir de quoi vous êtes en train de parler en toutes circonstances. Rapidement, l'envie de bien faire laissera place aux expérimentations musicales, histoire d'entendre si la Casbah se marie bien avec les rythmes drum'n bass sous acides de Fatboy Slim. Mais comme dans le plus japonais des karaoké, Fuser vous offre la possibilité de changer le mode (majeur ou mineur), ce qui aura occasionner pas mal d'éclats de rire chez votre serviteur, et les curieux iront vite s'amuser à passer Whitney Houston ou Lady Gaga en mineur, histoire de pousser le bouchon forcément un peu trop loin.

Danse avec les loops

La formule Fuser fait pour le moment son petit effet, et donne envie de vraiment creuser les possibilités qui se dévoilent au fur et à mesure : en supprimant temporairement certaines plages et en faisant grimper le BPM comme le thermomètre, le joueur s'ambiance tout seul, puisque la foule, bien que nombreuse, ne semble pas franchement s'adapter à votre set. Les esthètes se consoleront en passant du temps sur l'aspect visuel de leur fête à ciel ouvert, puisque les flammes, effets de fumée et autres feux d'artifice pourront également changer en fonction de votre progression, tout comme les écrans aveuglants qui diffusent aussi bien des donuts géants que des effets psychédéliques en passant par des... Corgis. Le toutou gallois pourra également se retrouver parmi une dizaine d'accessoires sous la forme de figures gonflables qui feront la joie des festivaliers, et feront décidément rentrer un semblant de fête à votre salon.

Sans le dire, Harmonix espère clairement faire de sa nouvelle licence un jeu festif, qui pourrait passer de main en main et remplacer de sempiternelles playlists lors de vos soirées endiablées, puisque chacun pourra trouver une nouvelle façon de mélanger une setlist qui ne demande qu'à s'étendre... moyennant quelques DLC évidemment monnayés. Heureusement, le mode loop vous permet une fois maîtrisé de créer vos propres séquences, qui piochent dans les beats hip-hop ou des nappes de synthé plus barrées pour apporter une petite touche personnelle à la formule. Toujours dans le ton du mix en cours, elles demandent un peu plus de pratique (la faute à des directives encore peu claires et une ergonomie à dompter), mais donneront sans doute lieu à quelques trouvailles dont on pourra profiter même sans jouer. Harmonix espère bien voir Fuser enflammer la toile et ses streamings, même si l'exploitation de ces morceaux sous licence sera réservée aux vrais passionnés, ceux qui ne jurent pas que par le sacro-saint don :

Il n'y aura pas de problèmes de droit avec Fuser : tout le monde pourra streamer sa partie... à condition de ne pas monnayer la vidéo ! C'est la limite.

ON L'ATTEND... LES MAINS EN L'AIR !
Avec son approche simple mais rapidement grisante, la nouvelle formule d'Harmonix pourrait à nouveau nous faire opiner du chef, un sourire aux lèvres. Avec ses mécaniques évolutives, qui devront forcément prendre plus de risque pour véritablement surprendre les mélomanes, Fuser devrait ravir les habitués du dancefloor, grâce à un savant découpage de pistes qui permet les combinaisons les plus folles. Taillé pour enflammer les foules et nous faire rapidement atteindre la zone, il faudra tout de même nous donner de plus amples gages pour être certains d'y revenir encore et encore, passée l'enthousiasme de la découverte. Réponse au troisième trimestre 2020 sur PC, PlayStation 4, Switch et Xbox One !