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Le site du journal britannique The Guardian a récemment eu l'opportunité de s'entretenir longuement avec Phil Spencer.

Au cours de cette interview, le grand patron de la division Xbox de Microsoft a parlé de l'état actuel du marché du jeu vidéo et plus particulièrement de la situation dans laquelle se trouvent les blockbusters de type aventure épique en solo.

Pour lui, les habitudes actuelles des joueurs et l'état du marché ne favorisent pas le succès de ces jeux, à quelques exceptions près :

Le public de ces gros jeux portés par leur histoire... Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il n'est pas aussi large, mais je dirai qu'il n'est pas aussi régulier. Des jeux comme Zelda (Breath of the Wild) ou Horizon Zero Dawn vont sortir, et ils vont très bien se vendre, mais ils n'ont pas le même impact qu'ils avaient auparavant car les gros jeux-services capturent désormais une très grande part du public.

Les studios first party de Sony font beaucoup de jeux de ce genre, et ils sont très bons, mais hors de ça, c'est difficile. Ces jeux deviennent de plus en plus rares. C'est une décision commerciale difficile à prendre pour ces équipes, non seulement vous marchez dans le sens contraire au vent, mais il y a aussi de plus en plus de vent.

Nous devons avoir conscience que malgré notre goût pour ces jeux, il est nécessaire qu'ils aient un potentiel commercial. J'aime les jeux axés sur leur histoire. Je viens de terminer Thimbleweed Park et je pense que c'est un jeu fantastique. Inside a probablement été mon jeu de l'année dernière.

En tant qu'acteur de l'industrie du jeu vidéo, je veux m'assurer que les jeux solo portés par la narration et les jeux-services ont tous les deux les moyens de réussir. Il s'agit d'un élément critique pour nous.

Ce que Phil Spencer entend par là, c'est que les expériences à la Breath of the Wild ou Horizon Zero Dawn coûtent extrêmement cher à produire et représentent souvent un pari risqué pour des studios qui n'ont pas les ressources de développement ou de marketing d'un Sony ou d'un Nintendo. De plus, les dépenses continues effectuées par les joueurs sur certains titres limitent le potentiel commercial d'autres jeux.

Et s'il est de base difficile de rentrer dans ses frais avec les ventes du jeu tel qu'il est commercialisé, ce genre de jeu solo ne se prête pas aux microtransactions. Même si un modèle économique mal choisi peut coûter cher à un studio/éditeur, les éditeurs se trouvent selon Phil Spencer dans l'obligation de passer par la case microtransactions à cause de l'état actuel du marché :

Ce qui m'inquiète, c'est qu'un jeu qui selon moi n'est pas un jeu-service basé sur les microtransactions, a besoin d'injecter ce type d'éléments afin de survivre dans le monde actuel, de les injecter comme un moyen rapide de faire de l'argent. Le côté alliance contre-nature de ces deux types de choses m'inquiète. [...]

Nous voulons ouvrir les opportunités (commerciales) aux développeurs afin de leur permettre de faire ce qu'ils veulent faire. Mais l'industrie (vidéoludique) doit pouvoir supporter de nombreux types de jeux.

J'entends les gamers dire "je ne veux pas de microtransactions dans tous mes jeux. Je ne veux pas de paywall dans tous mes jeux" et je pense qu'ils sont dans leur bon droit d'exprimer leur opinion. Je pense qu'il y a des modèles dans lesquels ce type de pratique est cohérent et d'autres dans lesquels cela n'a aucun sens.

Phil Spencer affirme donc que les gros jeux narratifs ne sont pas des succès commerciaux garantis. Et par "jeux-services," il entend des titres comme Destiny ou FIFA (il mentionne par ailleurs le succès de FIFA et son mode Ultimate Team dans l'interview) qui sont fréquemment mis à jour en contenu (souvent payant) et qui peuvent capter l'attention d'un même joueur pendant plusieurs années.

Le côté artistique est une chose mais Phil Spencer, en tant que patron de Xbox, rappelle que la viabilité économique est essentielle et jamais garantie. Et il est intéressant de noter que lorsqu'il parle des jeux narratifs qu'il a récemment appréciés, il évoque deux titres qui n'ont pas l'envergure d'un Zelda ou d'un Horizon.

Phil Spencer ayant promis des investissements accrus en matière de productions first-party, ces déclarations incitent à se demander si certaines d'entre-elles offriront des aventures en solo accordant une grande importance à la narration (hors licences déjà bien installées auprès du public comme Gears of War ou Halo). L'E3 de juin prochain devrait en tout cas donner des indications quant au chemin que prendra dans les années à venir les jeux made in Microsoft.

Comme Phil Spencer, pensez-vous que les jeux comme Breath of the Wild ou Horizon ont plus de mal à tirer leur épingle du jeu que par le passé ? Préférez-vous des jeux de ce type ou des expériences comme Destiny ? Exprimez-vous sur ces sujets dans les commentaires ci-dessous.