C'est vrai, on s'amuse souvent lors des diverses conférences d'éditeurs, de constructeurs, de ces mots qui reviennent sans cesse et du coup sonnent creux, de ces formules usées jusqu'à la corde, de ces gimmicks dont l'artifice ne fait plus effet tant ils ont été répétés lors de séances de media training. Sur mon siège, dans l'assistance nombreuse de ce que l'on appellera des journalistes spécialisés, présente à Los Angeles pour découvrir ce qu'on veut bien lui montrer de Call of Duty : Ghosts, j'attendais encore une fois la douce berceuse de superlatifs et d'auto-congratulations, propre à ce genre d'événements. Et sans être vraiment non plus subjugué par la mélodie que l'on m'a donné à entendre cette fois-ci, celle-ci s'est révélée assez maligne pour susciter mon intérêt...
Dans son discours de vente pour son Call of Duty annuel, Eric Hirshberg, PDG d'Activision, en rodage pour la conf' Xbox et l'E3, l'a jouée fine. Plutôt que de noyer certains reproches, certaines interrogations que l'on pourrait avoir face à sa série au succès phénoménal, l'Américain a su argumenter au-delà d'une pluie de superlatifs. On dit la série Call of Duty usée ? Abîmée et ringardisée par la concurrence ? Regardez les chiffres de ventes du dernier jeu de la série en date, Call of Duty Black Ops 2. Certes, ce ne sont pas les meilleurs de la série mais on a quand même un joli cumul toutes plateformes confondues d'environ 24 millions de copies vendues dans le monde, les DLC se vendent comme des petits pains, et en ligne, on n'a jamais eu autant de joueurs, la courbe demeurant ascendante. Surtout les pré-ventes de CoD Ghosts sont les plus importantes de la série à ce jour. Hirshberg nous a même fait le coup du nombre de recherches Google concernant "Modern Warfare 4", supérieur en résultats, c'était l'exemple choisi, au dernier Batman de Nolan. Un tour vieux comme... Google, mais qu'on le veuille ou non, qui fait toujours son petit effet. Et c'est ainsi sûr de sa force que le CEO passe le relai pour nous donner à voir ce qui nous intéresse véritablement au-delà du discours : des images, et de préférence, du gameplay pour un CoD dans un monde nouveau, proposant une nouvelle expérience, avec un nouveau moteur graphique.
La guerre, enfin moderne
On y est ! 6 ans après Modern Warfare, CoD se dote pour son passage à la next-gen d'un nouveau moteur ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avant de le voir vraiment en mouvement, on a eu droit à moult comparatifs entre des modèles 3D de cette génération et celle qui vient. Plus de polygones partout, t'entends !? Des lunettes de fusil vraiment arrondies et non plus anguleuses, des veines apparentes et des ongles abîmés quand on tient son M-16 à bout de bras, des armes aux textures tellement crédibles que l'on a envie de les tenir dans ses minimes, des visages plus vrais que nature. Mais, tout ça, pourquoi ? Juste pour apprécier un visuel plus soigné ? Non, et point David Cage : "la technologie est là pour favoriser l'immersion, développer l'empathie" ! Si vous doutez une seule seconde du fait que vous allez vous engager émotionnellement dans ce Call of Duty Ghosts, je vous cueille : j'ai vu la vidéo d'un berger allemand en pleine séance de motion-capture. Vous avez vu (ou lu) Je suis une légende ? Bon, vous savez comme on peut s'attacher à un chien, l'un des membres de l'équipe à incarner dans ce nouveau Call of Duty.
The Dogs of War
Un chien sera donc de la partie. Sera-t-il jouable ? Vraisemblablement, il aura un rôle à jouer, il reniflera par exemple les explosifs, et sera disponible pour le multi, l'une des rares infos que l'on a pu glaner sur le jeu en ligne lors d'une session express de questions-réponses avec le producteur du titre. Du PvP canin ? Pas sûr. Mais du coop' ? Là, la question se pose plus que jamais pour ce Ghosts dont on ne sait pas s'il faut voir dans ce titre une référence au personnage de MW2. Il n'en serait en tout cas pas question dans le multi. Une seule chose est sûre concernant le théâtre des opérations de la bande de rescapés que l'on aura à incarner : il s'agit d'une Amérique qui n'est plus qu'un champ de ruines, dans lequel nos protagonistes seront liés comme les doigts de la main, comme des frères. Une scène intéressante et inédite pour la série, dans une intrigue développée par le scénariste de Traffic et Syriana, Stephen Gaghan, et qui nous emmènera dans la jungle et sous l'eau, les deux environnements que l'on a pu découvrir en détails. Ah oui, et puis, je savais pas où le caler : il sera désormais possible de faire glisser son personnage pour fusiller avec classe et bien évidemment, dynamiser un peu le gameplay.
Tourisme pixels
A l'heure où j'écris ces lignes, vous avez peut-être vu ces deux environnements, la conférence à laquelle j'ai assisté n'étant peut-être finalement qu'une grande répétition pour la soirée de la nouvelle Xbox. Ce ne serait pas la première fois... Mais dans le doute, il serait quand même dommage de ne pas vous décrire ce qui a été montré. Si la scène dans la jungle était surtout une manière de démontrer à quel point la next-gen facilite la vie des développeurs, qui peuvent se permettre des rendus toujours plus impressionnants, celle sous la mer était une vraie phase de jeu, du genre de celle que l'on observe avec du pop-corn, rappelant évidemment celle qui avait été présentée lors de l'E3 2011 pour Modern Warfare 3, déjà lors de la conférence Microsoft.
La jungle donc. A l'évidence, un nouveau seuil graphique a été franchi mais disons le d'emblée, en ce début de génération, il ne faudra pas s'attendre à s'en prendre plein la tronche. Oui, la végétation est touffue, les petites bestioles volent de partout et l'eau ainsi que la lumière captivent par leur "fluidité". Mais la claque n'est pas là, pas comme à l'époque devant un Battlefield 3 PC, d'autant plus que les ressources ne sont pas non plus mises à mal : sans IA, seule la caméra, comme dans les yeux de notre personnage, se déplace dans cette luxuriante jungle. Il ne s'agit pas de faire la fine-bouche, les textures sont mises en relief, les polygones beaucoup plus nombreux rendent le tout moins anguleux ... mais la génération HD encore dans nos salons a été poussée tellement loin, que non, les bouches restent closes.
L'eau, la vie
Pour l'expédition sous-marine, les choses sont un peu différentes : les détails des coraux, les nombreux poissons, les ennemis qui font siffler dans l'eau leurs balles létales, produisent leur effet. Mais difficile d'être bluffé par un monde du silence forcément un peu uniforme, si l'on peut dire. Il n'empêche que CoD c'est aussi et surtout une mise en scène hollywoodienne. Et là encore, on a le droit à notre lot d'explosions, avec un navire englouti qui s'effondre. Le genre de scène que l'on devrait retrouver... dans le multi ! En effet, les environnements de jeu seront soumis à toutes formes d'événements et d'accidents modifiant leur topographie, pour le plus grand plaisir des joueurs qui mettront à l'épreuve leur talent d'adaptation dès le 5 novembre 2013 sur PS3 et Xbox 360 dans un premier temps, avec, qui sait, des versions next-gen qui seront presque ou déjà disponibles !