Désormais célèbre pour
sa série
Guilty Gear dont les épisodes ont été unanimement
acclamés par la critique, ARC System
Works
revient sur le devant de la scène en proposant son nouveau joyau,
Blazblue :
Calamity Trigger. En reprenant les bases
qui ont fait d'ARC Sys (pour les intimes) un incontournable du 2D fighting,
BlazBlue s'avère être une nouvelle licence prometteuse.

 

Une aube nouvelle pour
ARC

Tant par son originalité que par sa qualité indéniable, Street Fighter IV semble avoir remis le
jeu de combat en 2D à la mode. Et pourtant, le pari n'était pas gagné. Mais à
base d'audace et de métissage entre 3D et 2D, le titre ressuscita un engouement
perdu depuis quelques années maintenant. SNK, qui suivit de peu l'initiative de
Capcom, connut toutefois nettement moins de succès par le biais de son King of Fighter XII.

Qu'en était-il alors d'Arc
System
Works ? Paradoxalement,
ce développeur fut le premier à ouvrir la marche en 2009, en sortant Battle Fantasia deux semaines avant Street Fighter IV(même si le titre date
de 2007 en arcade). Attendu au tournant, ce jeu ne s'avère pas à la hauteur des
exigences des joueurs. Sympathique sans être sublime, il ne parvient pas à
exceller dans l'alliage entre 3D et 2D. Pire, il passe relativement inaperçu et
ne  profite même pas du 'phénomène'
Street Fighter IV. La licence sera vite oubliée.

On se prend alors à regretter les bons vieux jeux en full 2D
qu'avait l'habitude de nous concocter ARC Sys. Car les Guilty Gear possédaient nombre de qualités. Outre une réalisation
sans faille aux graphismes enchanteurs, ces jeux possédaient un dynamisme et une
richesse de gameplay exceptionnelle. Seulement, pour de sombres histoires de
droits d'exploitation, la licence Guilty Gear n'appartient plus à ARC.

Qu'à cela ne tienne, 
les développeurs décidèrent d'effectuer un retour aux sources et de
créer ce qui pourrait devenir leur nouvelle licence phare. Cette licence aura
pour nom BlazBlue et son premier épisode sera sous-titré Calamity Trigger.

 

Le retour à la pure 2D

Pour ce titre, ARC s'est clairement inspiré de son ancienne poule
aux œufs d'or. Le design est sensiblement similaire même si le background
proposé diffère de ce qui a déjà été fait. Ici Bang le ninja côtoie Rachel Alucard
la fille vampire et Carl Clover, jeune marionnettiste donne la réplique (de
coups) à Litchi Faye Ling, l'intello sexy qui manie aussi bien le bâton qu'elle
respire.

Les duels fratricides entre Ragna The Bloodedge et Jin
Kisaragi rappelleront de vieux souvenirs aux Guilty Gearistes. Mêmes couleurs
dans les vêtements (rouge opposé à bleu), même 'type' de personnage au niveau
du design : Ragna met un peu plus de distance entre lui et Sol Badguy,
notamment en arborant une tonsure grisonnante, alors que la filiation entre Jin
Kisaragi et KI-Kiske est à peine voilé. Mais le design ne fait pas tout. Au vu
de l'histoire, les caractères des personnages tranchent par leur originalité.
Ragna, héros torturé aux yeux vermillon s'oppose du tout au tout à Jin le
psychopathe.

Au niveau du nombre de combattants, le titre ne se présente
pas comme une référence d'abondance. Seuls douze personnages sont jouables
(comme dans Battle Fantasia),
certains pouvant toutefois jouir d'une variante 'unlimited'. BlazBluese veut une nouvelle licence, un nouveau bébé. Pour Toshimichi Mori, l'homme à
la tête du projet, inutile de courir après un foisonnement de personnages aux
coups similaires.

 

Rebel 1

Car en matière de variété de coups, le titre se veut d'une
exemplarité inédite. Respectant le cahier des charges de tout bon jeu de baston
2D qui se respecte, force est de constater qu'il y en a pour tous les goûts.
Les joueurs qui ne sont pas familiers du genre pourront se tourner vers un Jin
très maniables aux enchaînements relativement simples. Que dire aussi de Nu (V-13),
boss aux links fous qui peut enchaîner des combos 34 hits avec une facilité
déconcertante. Ragna, lui, dispose d'attaques spectaculaires mais peut-être
moins évidentes à maîtriser. Dans un tout autre domaine, Iron Tager, le Zangief
de service, possède des 360 et 720 absolument impitoyables, mais est le seul à
ne pas posséder de dash.

Hormis ces personnages aux attaques types incontournables, Blazblue : Calamity Triggerprésente quelques combattants dont le maniement relève davantage de la stratégie
instantanée.  A ce titre, évoquons ici le
gameplay de Litchi Faye Ling. Cette dernière dispose d'attaques avec son bâton,
seulement, à tout instant du combat, elle peut en disposer et continuer de
donner des coups à mains nues. Le bâton n'en reste pas moins un élément de l'arène.
La jeune femme pourra s'en servir comme point d'appuie ou projectile. Ce
dernier ira même jusqu'à prendre vie et attaquer l'adversaire (ce qui constitue
une des super-attaques de Litchi), alors que le joueur pourra continuer à le harceler
de coups. Ce dernier se verra donc acculé de toutes parts.

Avec sa marionnette, Carl Clover se joue également sur deux
plans. Rachel Alucard, quant à elle, lance des balises à travers l'écran et
peut les électrifier à sa guise. Bang peut placer des sceaux pour rendre ses
déplacements plus rapides. L'utilisation de ces personnages atypiques se fera
de bien des manières selon le joueur et c'est ici que se situe une des
principales richesses du gameplay.

 

Shoryu Cancel to Ultra ?

Concernant le système de jeu, les attaques se déclinent en
quatre boutons : A (faible), B (moyen), C (fort), D (Superpouvoir). Chaque
combattant possède son Superpouvoir propre. Jin utilise la glace comme arme, ce
qui lui permet de figer ses adversaires et de leur infliger un combo, notamment
à base de matraquage d'attaques fortes. Litchi dispose de son bâton. Noël
Vermillon attaques avec ses pistolets, etc. Ces superpouvoirs permettent
surtout, pour la majorité, d'enclencher les fameux 'Super' à base de double
quart de cercle avant  ou de demi-cercle
arrière, avant.

Au niveau des déplacements, le jeu se veut fluide avec un
système de double saut et même de grand saut (bas haut). Les dash sont
possibles à terre, mais également en l'air, ce qui tend à dynamiser un peu plus
les combats et éviter la campe. Outre cette capacité, le jeu jouit également d'une
garde aérienne. Il sera donc possible de parer des attaques une fois que l'on
aura sauté, ce qui est plus que souhaitable au vu de certains Super. Cependant,
si cette garde peut être effectuée dans presque toutes les phases du jeu (même
lors d'un dash avant), c'est peut-être pour palier à une impossibilité de se
protéger quand le combattant se trouve à terre. Car il est possible de rentrer
des attaques ultimes alors que l'adversaire git misérablement sur le sol. Ainsi,
si vous êtes à terre et qu'il ne vous reste qu'un quart voire un tiers de votre
vie et que Haku-Men vous lance un kokuujin : Shippu dont lui seul a le
secret, vous verrez le round s'achever de façon inéluctable.

En matière de protection, le jeu dispose également d'un
système de barrière (Guard Libra) que le joueur pourra enclencher à l'aide de
plusieurs boutons. Seulement cette dernière est assujettie à une jauge qu'il
faudra surveiller prudemment car une fois que celle-ci a volé en éclat, la
jauge de vie du joueur signale un état de 'Danger' ce qui signifie tout
simplement que le combattant encaisse moins bien les coups. Il s'agira alors d'être
vigilant car le jeu regorge d'enchaînements impitoyables face auxquels on se
sent parfois démuni. Il faudra atteindre un certain seuil avant de ne plus être
inquiété pas des nouveaux venus qui, en force, feront vaciller vos plans
tactiques. Comme nombre de jeux de combat en somme.

 

Au menu ce soir...

BlazBlue : Calamity
Trigger
propose les
éléments de base que sont les modes arcade, versus ou training. Cependant, et à
l'instar des Guilty Gear, ce soft offre
un mode histoire qui va permettre au joueur de se familiariser avec les divers
combattants que le jeu propose... une façon intelligente d'aborder les
personnages qu'on n'aurait pas l'intention de prendre autrement. Donc chacun
des protagonistes a son histoire propre. Et qu'on se le dise, ce mode de jeu est
plus axé sur la narration que sur l'action. Les histoires vous sont en effet contées
sur une succession de plans fixes, ce qui décevra ceux qui attendaient des
séquences plus animées.

Hormis cela, le menu propose une 'Gallery' qui recensera
toutes les images que le joueur a pu débloquer au fil de ses péripéties en mode
Story. Le mode 'Score Attack' est là pour répondre aux exigences des joueurs les
plus chevronnés. Et enfin, le mode peut-être le plus attendu, le live. On ne
sait pas encore si ce dernier sera aussi efficace que celui de SFIV mais on
espère ne pas être victimes de trop de lag et qui sait... Peut-être sera-t-on en
droit de parler de DLC prochainement... Mais dans la mesure où le titre est sorti
depuis juin 2009 aux Etats-Unis et au Japon, il y a peu à espérer de ce côté-là.
Sans compter que le prochain épisode de la saga (déjà disponible en arcade),
sortira au pays du soleil levant cet été.

 

Un background sans
faille

Visuellement, le jeu est de toute beauté. Les environnements,
très variés et colorés, émerveillent. Les arrière-plans mêlent 3D et 2D pour le
plus grand bonheur de nos mirettes. Côté personnages, la 2D est un parti pris.
Mais quelle 2D ! Ces derniers disposent d'animations irréprochables. Question
design, difficile de faire la fine bouche. Les équipes de Toshimichi Mori ont
fourni un travail soigné. Il sera notamment permis au joueur de choisir les
couleurs de son personnage et, pour une fois, celles-ci sont très nombreuses.

L'univers de BlazBlue est résolument orienté vers
le manga. Ce qui n'est pas nouveau pour le développeur au regard de ses
productions précédentes. On notera cependant que le clip d'animation en
introduction (à forte tendance Dead Grey
man
) a été produit par les fameux studios Gonzo.

L'ambiance sonore est particulièrement réussie. Les voix sont
disponibles en japonais, ce qui constitue un plus indéniable... du moins lors des
phases de narration ou de dialogue. Car lors des combats, certaines
combattantes ont tendance à éreinter rapidement les tympans (V-13 est ce qui se
fait de pire en la matière). Les musiques, toujours composées par l'homme multifonctions
Daïsuke Ishiwatari, sont d'excellentes factures. Orientées très rock, comme d'habitude,
elles rythment parfaitement les combats.

 

Très attendu, et déjà
un succès critique et commercial chez nos amis japonais (près de 500 000 copies
vendues),
BlazBlue :
Calamity Trigger s'impose comme une référence du jeu de baston en 2D. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que
le site IGN lui a accordé la note de 9.4 et l'a élu 'meilleur jeu de combat de l'année
2009' au nez et à la barbe de
Street Fighter IV, KOF XII ou encore Tekken
6. Ce titre n'est cependant pas parfait,
faute à un manque de personnages, mais surtout à un côté 'bourrinage' qui l'emporte
parfois sur la technicité, à l'image des 'Super' que l'on peut placer alors que
l'adversaire est au sol. Mais les qualités sont là. Fun et stylé, rapide et
brutal, accessible et technique à la fois, il saura conquérir les amateurs et,
espérons-le, un public plus large. Prions également pour que le live soit à la
hauteur de nos attentes. Sa suite, estampillée
Continuum Shift, sortie sur arcade et à paraître cet été
au Japon, fait déjà office d'incontournable dans le milieu.