I Have Faith.

Une ville. Immaculée, aseptisée. Paralysée, aussi, par le joug d'un régime totalitaire qui filtre et falsifie l'information. Une ville qui contient son peuple, l'atrophie de sa liberté la plus essentielle sans qu'il s'en rende compte, sous couvert d'une sécurité infaillible. Un ville où, en apparence, nul ne peut échapper au contrôle. Celui des journaux, de la police, de la politique, même. Mais tous n'ont pas renoncé à ce qui fait la nature humaine : le choix, le libre arbitre, la liberté au creux des actes du quotidien. Certains se battent encore et veulent faire tomber le régime en place, pour ouvrir les yeux de la ville. Des gens de l'ombre, qui sont aidés par d'autres, essentiels à leur réussite. Ceux là sont des messagers, chargés d'acheminer des messages de la plus haute importance en outrepassant la loi. Pour la survie de tous.

Voilà le background du jeu, et c'est à travers Faith, cette femme qui a perdu ses parents et qui se bat pour ce en quoi ils croyaient, qu'on va le découvrir. Pour se rendre compte assez vite qu'il n'a clairement pas été mis en avant. Comme si l'aventure de Faith ne s'intégrait pas complètement à l'univers, faute d'un scénario sans trop d'ambitions, et peut-être aussi d'un manque d'intéractions avec la ville. Puisqu'en dehors de ce qu'on en voit via les niveaux du jeu, impossible d'en voir plus. Dommage. Mais pour qui saura s'immerger suffisamment et faire travailler son imagination pour voir ce que le jeu ne montre pas, cela passera très bien. Et ce choix des développeurs leur permet de travailler sur un tout autre moyen de s'immerger.

I Am You.

La plongée dans l'univers ne se fait pas tant dans ce qu'on en voit que dans Faith elle même. Tout est là pour rendre le Body Awareness très convaincant. La vue à la première personne, la légère inertie au démarrage, puis la prise de vitesse qui vient, alors que Faith use de ses bras pour s'élancer et marquer la cadence. Le battement de son coeur, son souffle haletant. Tout est fluide, pensé pour que le joueur suive des yeux le moindre des mouvements. Faith qui saute d'un immeuble à un autre, qui glisse sous une balustrade, qui court sur un mur, qui se raccroche à tout ce qu'elle peut pour fuir les policiers derrière elle. On est constamment avec elle, derrière chacun de ses pas, et le résultat est bluffant. On s'y croit, et c'est bien là l'essentiel.

Is It Over ?

On s'y croit même tellement qu'on ne se rend pas compte du temps que l'on passe devant l'écran. Chaque niveau est une course, une fuite en avant, où il ne faut jamais s'arrêter, sous peine de mourir. Toujours courir pour survivre. Courir de fait vers la fin du jeu que l'on atteint trop vite. Et c'est frustrant, tant le plaisir éprouvé est authentique. Mais le coeur du jeu est représenté par cela : la vitesse. On peut lui pardonner sa durée de vie pour cela, d'autant plus qu'une marge d'amélioration est clairement possible dans le second volet en préparation Plus d'intéractions, une ville plus accessible, plus librement, sans tomber dans le GTA - LIKE. L'instauration de quêtes annexes, aussi, pour enrichir un univers intéressant qui gagnerait à être approfondi. N'oublions pas non plus que les niveaux qui composent l'histoire du jeu ne sont pas tout ce qu'offre Mirror's Edge. Un mode contre la montre tout à fait approprié, un mode parcours qui renouvelle l'expérience de jeu en nous faisant découvrir des tracés qu'on ne soupçonnait pas auparavant, ainsi que la possibilité de comparer nos temps avec ceux des joueurs du monde entier, nous poussant toujours à faire mieux. A noter également qu'une large galerie d'artworks du jeu ainsi que l'ost complète sont disponibles dans le jeu. Très bonne initiative.

Mirror's Edge est un de ces jeux qui osent, qui innovent, qui proposent une expérience de jeu différente. Et pour cela, il a un grand mérite. Pas exempt de défauts, comme un scénario en retrait et une durée de vie un peu trop légère, le jeu procure un plaisir certains, tout comme une rejouabilité bienvenue, pour améliorer nos temps et explorer toutes les possibilités de parcours qui se cachent dans les neuf niveaux que compte le titre. Mirror's Edge premier du nom était un coup d'éssai, très convaincant mais perfectible, clairement. Alors, on peut déjà espérer que le second volet en développent parvienne à corriger les quelques déconvenues de son ainé.