Infamous raconte l'histoire d'un coursier, Cole, pris au milieu d'une énorme explosion. Il survit, et se découvre peu à peu des pouvoirs de super-héros, à base d'électricité. Manque de bol, l'électricité manque dans la ville, envahie par des gangs aux looks particuliers.

Univers et scénario

Infamous ne brille pas par son univers. La ville n'a aucune personnalité, les voitures se ressemblent toutes, de même que les passants. Ce n'est pas sur la technique que le jeu se rattrape. Infamous n'est pas moche, mais la profondeur de champ est très limitée, les PNJs ne ressemblent pas à grand-chose, et leur animation laisse à désirer. Cole, notre héros, est un chauve passe-partout, un genre particulièrement prisé sur cette gen depuis Sam Fisher dans Double Agent. Les super-pouvoirs électriques n'aident pas non plus à démarquer notre héros de l'indifférence.

Les gangs que nous rencontrerons sur les trois îles de la ville manquent aussi de personnalité, et même carrément de classe. Les premiers portent des anoraks d'un orange assez immonde. Les seconds ressemblent à des footballeurs américains habillés avec des sacs poubelles. Les derniers ont l'air de nazis du futur. Ici, le jeu aurait beaucoup gagné à faire dans la sobriété.

Pour en revenir à Cole, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi ses super-pouvoirs le rendaient simiesque. En effet, il est toujours à moitié accroupi, et lors des scènes d'escalade, il adopte des positions plutôt bizarres rappelant l'orang-outan.

Le scénario nous réserve quelques coup de théâtre, même si j'ai eu un peu de mal à digérer certains éléments. Cole a un ami, Zekke. Zekke est le parfait représentant du geek, dans le sens péjoratif du terme. Gros, des lunettes en cul-de-bouteille, sa voix geignarde nous tape très rapidement sur le système. Le couple Cole/Zekke est plutôt improbable. Mais le plus improbable reste que Zekke est un homme d'action...

Par contre, j'ai beaucoup apprécié la forme du scénario. Au lieu de nous bombarder des sempiternelles cinématiques, Infamous raconte son histoire par le biais d'un style comics. Si le procédé n'a rien d'original, il colle bien à l'univers et a le mérite de se démarquer de la mode actuelle.

Un faux super-héros...

Le gameplay d'Infamous est celui d'un TPS, à la sauce Assassin's Creed. Avant Uncharted 2, Infamous nous présentait un jeu où la notion de verticalité prend de l'importance.

Gameplay de TPS, car que faisons-nous avec notre électricité ? Nous visons,  tirons, snipons, lançons des grenades, tandis que l'un de nos pouvoirs ressemble au tir d'un bazooka. Et il y a aussi du corps-à-corps. D'ailleurs la résistance physique de Cole est approximativement la même que celle de Drake dans Uncharted.

Reste bien sûr quelques pouvoirs typiquement super-héros. Cole glisse à une vitesse folle sur les rails du train urbain, il peut tomber sur le sol en provoquant des explosions, se protéger avec un bouclier électrique, ou encore planer, mais ces pouvoirs trouvent leur équivalent dans d'autres TPS. Reste la tempête électrique, qui elle, pour le coup, fait vraiment super-héros.

Ce gameplay, plutôt bien calibré au demeurant, participe au manque de personnalité du titre. Au fond, malgré la puissance de nos pouvoirs, on peut faire autant de dégât dans Grand Theft Auto 4 lorsqu'on est lourdement armé.

... dans un faux open-world

Infamous est un jeu à monde ouvert, mais relativement limité. Nous ne pouvons pas voler de voiture, ni entrer dans aucun magasin, ni faire de mini-jeux.

Tout ce qu'on trouve, ce sont les missions principales, des missions secondaires (souvent des doublons des missions principales), et des événemebts aléatoires où des badauds réclament notre aide. Il y a aussi deux sortes de quêtes ; celle d'enregistrements nous dévoilant des pans de l'histoire du jeu, et celle des fragments nous permettant d'augmenter notre réserve de "munitions".

Ce faux open-world est à mon avis une très bonne idée, car il nous permet de rester axé sur l'histoire tout en offrant un espace de jeu assez vaste. Les missions secondaires, même si elles sont répétitives, participent à épaissir notre implication dans le jeu, car elles ont un rapport direct avec les événements.

Contrairement à un GTA, ou un jeu du même genre, nos objectifs tournent donc toujours autour d'un même axe principal, et l'absence de mini-jeux nous empêchent de nous disperser.

Le bien et le mal

Dans Infamous, nous pouvons choisir entre le bien et le mal. Malheureusement, autant scénaristiquement qu'au niveau du gameplay, ce choix n'offre que de légères variations.

Si vous lanciez une grenade en gentil, celle-ci se divisera en trois petites grenades en méchant. Les missions secondaires réservées à l'un ou l'autre choix, sont en fait des missions qui diffèrent seulement sur la forme.

La seule vraie différence est que, si en gentil on passe son temps à réanimer des passants sur le point de trépasser, en méchant on peut bourriner sans faire attention aux dommages collatéraux.

Sur ce point, Infamous ne se démarque pas de la concurrence. Sous couvert de proposer une vraie rejouabilité se cache une astuce marketing assez décevante manette en mains.

Un gameplay varié

Infamous propose toutes sortes de mission, des missions classiques de TPS où il faudra abattre tout le monde, des séquences de plateforme plutôt sympas car moins assistées que dans Assassin's Creed, de la filature, de la recherche de colis cachés dans le décor, où encore des courses de vitesse sur les toits de la ville.

Malgré tout, un sentiment de répétitivité finit par s'installer. On a vite l'impression de toujours faire la même chose car les missions semblent copiées/collées, dans des décors qui manquent de variété. L'une des missions principales consiste à ramener régulièrement  l'électricité dans les quartiers de la ville en passant par les égoûts. Au bout de la troisième fois, cela devient gonflant... 

Il est quand même à noter que chaque mission principale et secondaire est réalisable pour peu qu'on s'y implique, car le gameplay ne fait pas dans l'approximation qu'on trouve habituellement dans les open-world.

Infamous aurait peut-être gagné à être un TPS urbain plutôt qu'un faux jeu de super-héros, ce qui en plus lui aurait permis de supplanter Uncharted 2 sur la notion de verticalité. En l'état, le jeu est décevant sur pas mal de points, autant artistiques que techniques, surtout qu'il s'agit d'une exclusivité playstation, et qu'on attend mieux d'une exclue que d'un jeu tiers. Cela reste quand même un jeu sympathque, pas indispensable, mais suffisamment bien fait pour nous faire passer un bon moment, ce qui est quand même rare sur cette gen.