Gameblog : Quel effet cela fait-il de venir présenter Yakuza Kiwami 2 et Fist of the North Star : Lost Paradise en France ?

Daisuke Sato : En ce qui me concerne, c'est vrai que présenter Kiwami 2 et Lost Paradise en France à Japan Expo est une extraordinaire opportunité pour moi. C'est la première fois que je viens en France et j'ai vu aussi que les fans sont présents et réagissent avec beaucoup d'enthousiasme aux annonces.

Takaya Kuroda : Un peu de la même façon, j'ai été extrêmement surpris tout à l'heure lors de la conférence sur scène par le fait que tant de gens puissent se réunir (pour Yakuza) et surtout de voir à quel point ils pouvaient être réactifs quand on a fait des annonces sur Kiwami 2 et lorsqu'on a un peu parlé de Fist of the North Star : Lost Paradise. Les gens connaissaient bien le sujet et ils étaient très attentifs et passionnés. Cela fait vraiment plaisir à voir.

Aviez-vous tous les deux conscience de l'engouement de la France pour les jeux vidéo et la culture japonaise ?

Daisuke Sato : J'avais une petite idée parce que je savais que la France est depuis toujours un pays qui manifeste beaucoup d'intérêt pour le Japon. Les Français ont toujours été proche culturellement des créations japonaises. Je me disais donc qu'il devait bien y avoir des fans qui s'intéressaient à ça. Mais les voir en vrai, c'est autre chose, c'est passionnant.

Takaya Kuroda : Il m'est déjà arrivé lors du Tokyo Game Show au Japon de me faire approcher par des fans français qui me disaient "JE VIENS DE FRANCE EST-CE QUE JE PEUX AVOIR UN AUTOGRAPHE ?" et qui étaient complètement passionnés. Je me suis donc dit qu'il devait bien y avoir quelques mecs en France qui sont passionnés par Yakuza mais je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient aussi nombreux. Le découvrir ici, cela dépasse mes espérances.

L'histoire de Kazuma Kiryu s'est achevée dans Yakuza 6. Comment imaginez-vous la vie de Kazuma Kiryu post-Yakuza 6 ?

Daisuke Sato : [rires] Nous n'avons pas encore défini grand chose pour la suite de sa vie mais c'est vrai que nous nous disons qu'il en a quand même pas mal bavé pendant tous ces épisodes et qu'il a le droit de prendre un peu de repos. (Note de la rédaction : pendant la conférence consacrée à l'histoire de la série Yakuza qui s'est déroulée quelques heures avant cette interview, Daisuke Sato a déclaré au sujet de la fin de l'histoire de Kazuma Kiryu : "il n'est pas mort, cela ne veut pas dire qu'il va disparaître complètement, on le reverra peut-être un jour.")

Takaya Kuroda : Kazuma Kiryu a terminé son histoire dans Yakuza 6 mais aujourd'hui, le 6 juillet, on peut dire que Kazuma Kiryu est à Paris en France [rires].

Encore une question pour vous deux. Quel est votre épisode de Yakuza préféré et pourquoi ?

Daisuke Sato : Hum... Si je ne devais en citer qu'un seul, ça serait Yakuza 0. Comme j'ai été le réalisateur de Yakuza 3 c'est également un épisode qui me tient particulièrement à coeur. Mais Yakuza 0 en particulier est le jeu qui me plait le plus. Retracer la jeunesse de Kazuma Kiryu, c'était quelque chose qui me tenait à coeur. C'est un jeu sur lequel nous avons dépensé beaucoup d'énergie et fait de gros efforts et on voit que cela a bien payé car il a été extrêmement apprécié à travers le monde. C'est donc un jeu qui m'a particulièrement marqué.

Takaya Kuroda : Personnellement, j'aime beaucoup le 0 et Ishin mais si je ne devais en choisir qu'un seul, ce serait Yakuza 3. Il y a notamment une des scènes clés au cours de laquelle Rikiya meurt. En tant qu'acteur, c'est un des jeux qui m'a le plus marqué.

Voilà une question un peu plus légère. Sato-san, comment les protagonistes de Yakuza font-ils pour retirer leur veste et leur chemise en un seul mouvement avant un combat ?

[Cette question provoque un long fou-rire des deux hommes.]

Daisuke Sato : Je comprends ce que vous voulez dire. Ils sont très rapides, ils arrivent à déboutonner leur chemise et à l'arracher...

Takaya Kuroda, l'interrompt : Attendez (il mime quelqu'un en train de demander à quelqu'un d'autre d'attendre et fait semblant de retirer rapidement des boutons de chemise) ! Pendant que la caméra est placée sur l'autre personnage, il arrive à tout dégrafer rapidement. Et lorsque la caméra revient, hop, il retire tout d'un coup. C'est un des secrets du jeu. (rires)

Personnellement, une des activités annexes que j'aime le plus dans les jeux Yakuza, c'est le karaoké. Quelle est votre chanson de karaoké in-game préférée à tous les deux ?

Daisuke Sato : Oh... Baka Mitai.

Tayakaya Kuroda : Baka Mitai aussi. Mais il y a également une chanson que j'aime bien et qui s'appelle Zetsubô Chô Pride. Mais je ne me souviens plus dans quel jeu elle est.

[Daisuke Sato se met alors à chercher la réponse dans son téléphone.]

Daisuke Sato : Kiwami 2.

Tayakaya Kuroda : La chanson est dans Kiwami 2. À découvrir bientôt pour vous donc (Pride from Despair est le titre de la chanson dans la version occidentale de Yakuza Kiwami 2, ndlr).

Dans une des quêtes annexes de Kiwami 2, Kazuma se retrouve confronté à des gangsters habillés en couche comme des bébés et qui se font traiter comme tel. Existe-t-il véritablement des clubs tels que celui-ci à Kabukichô (quartier de Tokyo sur lequel est basé le Kamurochô vu dans tous les jeux Yakuza) ?

Daisuke Sato : (rires) Je n'y suis jamais allé personnellement mais apparemment cela existe vraiment.

Takaya Kuroda : De même, je n'y suis jamais allé mais je crois que ce club se situe bel et bien à Kabukichô. (rires) Ce genre d'endroit est surtout destiné aux personnes qui ont d'importantes responsabilités, comme des patrons d'entreprises ou des grands médecins. Ils y vont pour se couper complètement du monde, se relaxer, redevenir de petits bébés, inverser les rôles et ne plus avoir de responsabilités. (rires)

Sato-san, lorsque vous vous êtes rendu à l'événement Yakuza 6 organisé plus tôt cette année en Californie, vous avez déclaré que votre équipe avait déjà songé à créer un Yakuza 0-2. De quoi un tel jeu pourrait-il parler ?

Daisuke Sato : Nous sommes encore complètement dans le flou car il n'y a pas de projet particulier. Mais si je devais le faire, j'aimerais bien traiter à nouveau des jeunes Kiryu et Majima.

Kuroda-san, en quoi incarner Kenshirô est-il différent d'incarner Kazuma Kiryu ?

Takaya Kuroda : Les deux personnages sont très proches, ils se ressemblent à de nombreux points. La différence principale est que Kiryu vit dans un Japon réel. On est très proche du monde réel, moderne, avec ses limites. Kiryu reste un personnage extrêmement fort mais dans la limite de l'humain. Kenshirô, qui est quant à lui un personnage de manga et d'anime, vient d'un monde qui dépasse totalement les limites du réel avec des pouvoirs extraordinaires, etc. L'autre particularité, c'est que Kenshirô est un personnage musclé à l'extrême, musclé au delà du possible. Lorsque j'interprète Kenshirô, j'essaie de me muscler un petit peu plus. Car même si cela ne change rien, pour le ressenti psychologique de se sentir plus fort, cela me permet de me sentir plus proche du personnage.

Le style de jeu des Yakuza colle parfaitement à l'univers de Hokuto no Ken. Vous imaginez-vous faire un autre Yakuza-like lié à un autre manga un jour ? Un jeu basé sur City Hunter par exemple ?

Daisuke Sato : C'est une question que l'on me pose assez régulièrement. Techniquement, cela serait possible. Après tout, City Hunter a une histoire qui se passe dans le quartier de Shinjuku. On a ce point commun et cela serait potentiellement possible. Maintenant, savoir s'il faut le faire ou pas est une autre question car ce qui est important, c'est que les deux univers collent parfaitement. Dans le cas de Hokuto no Ken nous avions certes des mondes relativement différents, avec un monde réel d'un côté et un monde post-apocalyptique tiré d'un manga de l'autre, mais cela collait très bien au niveau des personnages. Lorsque l'on se penche sur les personnages de Yakuza et les personnages de Hokuto no Ken, on retrouve pas mal de choses qui s'entremêlent, on peut retrouver des personnalités, des façons d'agir et de se comporter qui sont très très proches dans les deux univers. C'est pour ça que ça collait très bien que nous avons pu apporter quelque chose de vraiment intéressant en tant que créateurs de jeux. Ce sont vraiment sur ces points là que nous voulons nous concentrer.

Ryu Ga Gotoku 1 & 2 HD est sorti sur Wii U. Binary Domain est quant à lui sorti sur Xbox 360. Pourquoi ne pas sortir les Yakuza sur Switch et Xbox One afin de faire grossir davantage la base de fans de la série en occident ?

Daisuke Sato : Pour être réaliste vis-à-vis de ce qui s'est passé, Ryu Ga Gotoku 1 & 2 HD for Wii U a été un échec important. Mais nous avons toujours pour optique de développer au maximum le multi plates-formes et nous savons que ça apporte une audience supplémentaire et que cela permet de drainer plus de gens. En revanche, en ce qui concerne la Switch, j'ai la conviction que ce n'est pas la plate-forme sur laquelle développer des jeux Yakuza serait l'idéal. Peut-être que le public n'attend pas ce genre de jeu sur Switch. Peut-être sont-ils habitués à des jeux différents. Ce n'est peut-être pas la plate-forme idéale. Concernant la Xbox One, on peut éventuellement l'envisager, sachant les utilisateurs de Xbox One sont peut-être plus à même de s'intéresser à un jeu comme Yakuza. Cela pourrait potentiellement être une option.

En tant que fan de Binary Domain, je voulais vous demander s'il y avait une chance que nous ayons un jour le droit à un Binary Domain 2 ?

Daisuke Sato : Merci beaucoup ! En ce qui me concerne j'aimerais beaucoup faire une suite. C'est une question purement matérielle et administrative. C'est à SEGA de déterminer s'ils veulent le faire ou pas. (rires)

Petite question pour finir. Est-ce que l'on reverra Shun Akiyama un jour dans Yakuza ?

Daisuke Sato : Hum... Pourquoi pas... (rires)