Quelques mois après la sortie de la Nintendo 64 en Amérique du Nord, les joueurs découvraient en effet un épisode inédit, chronologiquement situé entre The Empire Strikes Back et Return of the Jedi : Shadows of the Empire. Ce jeu d'action piochant allègrement dans différents types de gameplay proposait aux curieux de découvrir les aventures de Dash Rendar, un mercenaire au moins aussi tête brûlée que Han Solo, chargé de sauver Luke et Leia des griffes du prince mafieux Xizor. Largement buggé et assez répétitif, Shadows of the Empire aura eu le mérite de proposer une parenthèse inédite dans la saga, comblant ainsi la brève période séparant les épisodes V et VI.

Mais s'il est une qualité que l'on ne saurait retirer au jeu de LucasArts, c'est sa bande-son : grandiose et symphonique comme l'exige un épisode de Star Wars, elle se dote d'une étonnante particularité : celle d'être tirée d'un... livre. En effet, Shadows of the Empire n'est finalement qu'une adaptation vidéoludique du roman de Steve Perry sorti en 1996.

Inspiré par le récit, le compositeur Joel McNeely, qui travaille notamment aujourd'hui sur la série American Dad !, s'est mis en tête de proposer une illustration sonore de l'oeuvre. Oui, un peu comme le Prélude à l'Après-Midi d'un Faune, vous avez raison <3 Alors, lorsque le jeu fut mis en chantier, LucasArts ne s'est évidemment pas privé d'allègrement piocher dans l'enregistrement dantesque (90 musiciens pour 150 choristes, excusez du peu) réalisé par le Royal Scottish National Orchestra pour l'illustrer.

Les pièces élaborées de McNeely ne pouvaient être simplement empruntées pour servir de support aux aventures de Rendar : format oblige, l'équipe fut obligée de couper de nombreux passages pour créer des boucles plus digestes et faciles à laisser tourner indéfiniment. Si les premiers niveaux du jeu empruntent surtout à la bande-son de The Empire Strikes Back (et pour cause, puisqu'ils se déroulent durant la bataille puis la fuite de la base rebelle située sur la planète Hoth), le jeu emprunte le thème Beggar's Canyon pour le sixième niveau : Beggar's Chase.

Démarrant sur une urgence immédiatement perceptible, grâce à une mélodie jouée par les cordes qui semblent paniquer sans savoir dans quelle direction se diriger, la première partie du thème accompagne assez justement la course-poursuite dans laquelle le joueur s'élance. Dash est en effet chargé de neutraliser une dizaine de chasseurs de primes, qui ont pour mission d'assassiner Luke Skywalker. En l'espace de trois minutes, Beggar's Canyon se structure pourtant en deux parties équivalentes, qui comptent tout de même sur la présence de cordes ininterrompues et de cuivres menaçants pour ne jamais relâcher la pression. Pourtant, les 40 dernières secondes de l'oeuvre originale seront coupées au montage, remplacées par un fondu assez peu prompt à boucler le morceau, mais il faut croire que la fin en forme de conclusion héroïque, synonyme du sauvetage de Luke, ne se prêtait pas à ce long niveau ensablé.

L'infiltration par les égouts souffre des mêmes travers, puisque le jeu vidéo se contente de reprendre la première moitié d'Into the Sewers pour illustrer l'épisode le moins glorieux du père Dash. Et pour cause : le rythme ralenti se prête à merveille à l'exploration des souterrains cradingues du palais de Xizor, mais laisse de côté la dernière partie, qui complexifie pourtant l'ambiance jusqu'alors mise en place, en injectant une bonne dose de stress et d'urgence qui aurait si bien sied au combat de boss souterrain.