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Pendant que nous étions trop occupés à sauver notre couple en cette fête des amoureux, le coeur des Valentin d'outre-Atlantique s'est arrêté net le temps d'un week-end. La raison de ce manquement aux règles les plus élémentaires ? Le All-Star Game. Soit la vitrine bling-bling de la NBA, qui en profite pour mettre en avant ses sponsors, ses constellations et accessoirement le basket. Une merveilleuse occasion pour les amoureux du basket champagne de ressortir les chips du placard et de réveiller ses voisins du dessous avant cinq heures du matin. C'est Madame qui devait être contente, elle qui, deux semaines auparavant, avait dû faire une croix sur son dimanche "cocooning" à cause du Superbowl.

Ca c'est pour le cliché bête et méchant, comme sait si bien les fabriquer Fox News. La réalité, c'est que ces deux grands shows à l'américaine, diffusés dans 215 pays et dans plus de 40 langues, ont réuni des millions de téléspectateurs devant leur écran (114 pour la grande messe de la NFL, record absolu, et 9 pour le ASG).

En France, seuls 210 000 insomniaques sont restés fidèles à W9, lors de la finale entre les Patriots et les Seahawks (28-24), chiffre en baisse de près de 40% par rapport à la précédente édition. Et encore, on peut se réjouir que l'accès à cet événement n'était pas uniquement réservé aux abonnés d'une chaîne payante (BeinSports). Car diffuser le Superbowl, les courses de Nascar ou la finale de MLB (baseball) dans notre chère Hexagone revient quelque part à organiser une Coupe du monde de football au Qatar ; cela oblige à défier les lois de la nature...


Deux marchés bien différents

Mais que vient faire le jeu vidéo dans ce brouillon de culture, me direz-vous ? Il se trouve que ce manque d'engouement pour les sports américains en France se ressent de facto dans les chiffres de vente de notre industrie favorite. Février est traditionnellement le mois du gras entre la chandeleur et son fameux mardi mais c'est également la période des bilans financiers au cours de laquelle les patrons déclarent se remplumer sur le dos du peuple. Et, fier des 45 millions d'exemplaires de GTA 5 vendus dans le monde, Take Two Interactive a profité de cette embellie pour annoncer les excellents scores de NBA 2K15, qui a atteint les 5,5 millions de copies distribuées à travers le monde, record historique pour la franchise.

Un succès mérité qui s'explique par la qualité exceptionnelle du titre, par sa déclinaison sur tous les supports imaginables et par l'affection toute particulière que porte les gamers américains pour la balle orange. Et cela fait des années que cela dure. Tendresse que l'on ne peut pas vraiment imputer à la communauté tricolore, certes passionnée et pratiquante mais réduite à peau de chagrin si l'on en croit les 117 251 opus vendus jusque-là (VGChartz). Un chiffre loin, mais alors très loin des 1,3 millions de FIFA 15, premier produit culturel dans nos contrées...

A la question, qui l'a emporté en 2014 aux USA, les simulations sportives remplissent largement leur quota avec deux d'entre elles dans le Top 10 des ventes: le deuxième rang pour Madden NFL 15 (4 450 276 exemplaires), et la septième place pour NBA 2K15 (3 187 705). Et MLB: The Show 2014 ne pousse pas loin derrière avec presque 800 000 ventes pour ce jeu de baseball, ultra calibré pour ses fanatiques. Le sport US fait donc plus que jamais recette sur ses terres là où l'Europe et la France boudent ces séries, dont on ne peut reprocher objectivement la valeur intrinsèque. Il faut dire que ce sont des produits phares de la culture américaine, de vrais phénomènes de société, au même titre que les Nike Air Jordan ou les albums de Beyoncé. D'ailleurs, le mari de l'interprète de "Crazy in Love", Jay-Z, ne s'est pas laissé prier pour composer la bande son de 2K (tout comme Pharrell Williams), franchise toujours au coeur de la "hype".

L'aura de ces séries, qui génèrent des milliards de recettes, dépasse effectivement le jour de lancement. Chaque année, des milliers de fous furieux se livrent une guerre sans merci sur le web pour choisir l'ambassadeur qui illustrera la couverture du futur Madden (près d'un million de votes). D'ailleurs, pour l'anecdote, la légende veut que les joueurs figurant sur la jaquette du jeu se blessent dans la saison qui suit... Et, en coulisses, c'est à coup de millions de dollars que les éditeurs s'arrachent l'exclusivité des droits des championnats, même universitaires, pour tuer la concurrence et se garantir la plus grosse part du gâteau. RIP NFL 2K des génies de Visual Concepts, victime des dollars d'EA Sports.