Cette semaine c'était le grand retour de James Bond avec un film qui était attendu et sur lequel les studios ont énormément communiqué depuis de longs mois. Il faut dire que la déception soulevée par Quantum of Solace (justifiée), lui aussi très attendu à son époque, obligeait la saga à réfléchir à son avenir. A cause de cela, Skyfall était attendu, mais aussi craint. Allait-il être le fossoyeur d'un concept de film vieillissant, voir médiocre ? Ou, un peu comme le génial Casino Royale, allait-il relancer James Bond sur des rails plus modernes, plus personnelles aussi ?

D'abord, il faut savoir une chose : Le concept des James Bond, à savoir un espion classe, beau gosse, sexiste et juste increvable face à des méchants qui veulent détruire le monde, j'en peux plus. J'ai aimé les Sean Connery, les Pierce Brosnan (Goldeneye reste le meilleur James Bond à mes yeux), mais il faut avouer : La saga a mal vieilli. Casino Royale m'avait fait un choc au début, parce qu'il brisait un peu ce mythe, et puis je suis venu à me dire que le concept de James Bond aujourd'hui ressemblait maintenant bien plus à un Daniel Craig qu'à un Pierce Brosnan pour en prendre un récent. Je veux un James Bond moderne, torturé, blessé, pas juste un super héros tombeur de dame et indestructible. Ça je l'ai trouvé dans Casino Royale, et je l'ai retrouvé dans Skyfall.

 

Skyfall, c'est l'histoire d'un groupe terroriste qui récupère une liste d'agents infiltrés de l'OTAN et qui décide, à la Anonymous, de les diffuser sur internet. Le hic, c'est que James Bond est mort dans une tentative de récupérer la liste. Du moins tout le monde le croit. Il ressurgit à Londres, usé, alcoolique et mal rasé. M, qui est attaqué politiquement de toute part, décide de lancer Bond à la poursuite du chef du groupe terroriste.

Skyfall, c'est le James Bond moderne comme je l'aime. C'est un James Bond qui ne renie pas son passé, sans s'empêcher de moderniser son personnage et surtout son traitement.

Le passé de la saga n'est pas renié, bien au contraire, le plus vibrant hommage lui est rendu. Sans spoiler, des figures emblématiques de la Saga font leur grand retour comme Q, et certains éléments bien connus des vieux James Bond également. La fin est à ce titre particulièrement éloquente du ton que va désormais prendre la saga : La modernité, et la nouveauté sans renier les racines.

 

Skyfall, c'est tout ce que j'attends de l'avenir de la saga : Alliance entre hommage et modernité

Les gadgets sont présents, mais pour mieux se moquer de cet aspect typiquement « Guerre Froide » des anciens James Bond (la radio en est le meilleur exemple). Clairement cet aspect est amené à disparaître, tant l'espion d'aujourd'hui ne se balade plus avec des stylos explosifs ou des montres-lasers. Bien sûr cela n'enlève pas l'utilité du département Q, délicieusement symbolisé par ce jeune geek cynique et froid.

Les James Bond Girls sont toujours présente, bien qu'un aspect parfois encombrant de la saga James Bond, tant le sexisme qu'elle pouvait dégager est aujourd'hui impossible dans un film contemporain. Cette fois, et Sam Mendes l'a bien compris, les James Bond Girls sont mises de côtés en 3-4 scènes. Certes elles sont belles (Superbe Bérénice Marlowe) mais clairement, James Bond n'est plus l'homme qui retourne le monde pour une belle blonde tombée aux mains d'un méchant mégalomane...pour se la taper ensuite et passer à une autre au prochain film. Oui il y a de la séduction, oui il y a de belles femmes et oui il y a du sexe : Mais ce n'est absolument plus un aspect fondamental du film.

 

Magnifique et plutôt bien incarnée, la James Bond Girl est aussi très rapidement expédiée...

Le méchant, Raoul Silva incarné par Javier Bardem, est génial. Il est à la fois l'archétype du méchant de James Bond mais aussi son renouvellement et fera parfaitement office de transition ! Outre le fait qu'il soit extrêmement bien joué par Bardem, il est aussi maniéré, très intelligent, et surtout (même si on ne le voit pas tout de suite) marqué physiquement par son passé. Cet aspect est très important : Le méchant de James Bond idéal est classe parce qu'il est ultra-maniéré, fou mais aussi parce qu'il a une gueule (à la Alec Travelyan par exemple). Bardem regroupe tous ces points. Mais il est aussi l'avènement d'un nouveau genre de bad guy : le genre réaliste. Ici plus de plan de conquête du monde ou de lancement d'une 3ème guerre mondiale. Juste une vengeance. Ici point de complexe souterrain, de base spatiale gigantesque ou d'empire financier. Certes il dispose d'une île déserte mais le film ne s'y attarde qu'une vingtaine de minute et pas à la fin. Ici non plus par d'armée privée que personne n'a jamais remarqué sauf James Bond : Silva n'a qu'un groupe de mercenaire avec lui (pas 5 000 hommes) et pas de complexe secret. On garde un méchant très classe, drôle, torturé mais surtout réaliste.

 

Silva est un méchant drôle, fou et réaliste à la fois : Un méchant comme on en fait plus

Ces éléments anciens de la saga, Casino Royale, si génial soit-il ne les avait pas. C'était plus un film centré sur la seule vraie romance de Bond, sans méchant ultramémorable, et dont la bataille principale se déroulait autour d'une table de poker. Skyfall, c'est plus le Bond classique, le film d'action. Mais loin d'être un ersatz de la série, Mendes a su le moderniser et offrir un futur à la saga.

Comme Casino Royale, Skyfall est un film intimiste. Ça vaut surtout pour Bond qui commence le film brisé et finira par remonter la pente en nous apprenant énormément sur son passé au passage. Mais c'est aussi valable pour Silva, qui est un homme trahi, détruit et qui ne cherche qu'à se venger. Enfin c'est valable pour M qui est quand même un des personnages principaux de Skyfall et qui doit faire face à ses responsabilités. On est plus dans un James Bond aux personnages simplistes, on est dans un film d'action d'auteur ou chaque héros en a pris plein la tête. Il en résulte des personnages infiniment plus intéressant à suivre et auxquels on s'attache. Ce sera une force incontestable dont les prochains réalisateurs doivent à tout prix s'inspirer.

 

Daniel Craig est un James Bond humain plus touchant et réaliste que jamais

Daniel Craig est incontestablement une des forces de cet épisode. Il réussit à humaniser un personnage que personnellement je trouvais fade. Le fait que James Bond reprenne son job en étant plus au top de sa forme est en soit une bonne chose, puisqu'elle montre l'usure que ce genre de métier peut apporter. Surtout cela montre que Bond est humain, pas invincible comme un Pierce Brosnan qui après avoir passé 6 mois à être torturé ressort tout aussi musclé et frais comme un gardon...(Meurs un autre jour).

C'est aussi un James Bond qui se concentre plus sur le passé de son héros, sur son histoire. On en apprend d'ailleurs plus sur lui que dans toute la saga réunie. Il est d'ailleurs assez drôle de notre que les 2/3 du film se déroulent en UK, et non plus aux 4 coins du monde. Fini l'exotisme pour l'exotisme, place à des personnages, des vrais.

 

Les 2/3 du film se déroulent en Angleterre : Fini l'exotisme inutile

Outre Bond et Silva, les personnages secondaires sont également bien plus mis en avant qu'auparavant. Je suis personnellement un grand fan du nouveau Q qui, à l'image du film, est un savant mélange entre hommage à son prédécesseur et modernité affiché. Cynique, froid, et surtout geek, il est un des personnages que j'ai hâte de voir dans les futures suites.

Mais la vraie révélation est là où on ne l'attendait pas : M. Judi Dench est une actrice extraordinaire (est-ce à prouver ?) qui réussit à la perfection à mettre en avant son personnage, totalement secondaire dans la saga, et à le complexifier au point que, comme Bond, on éprouve une grande affection pour elle. Symbole de la raison d'Etat, elle est pourtant très critiquée par des hommes politiques qui ne prennent pas conscience de la complexité des relations internationales. Rien que ça, c'est révolutionnaire pour la saga qui se contentait de faire de M un vieux donneur d'ordre sans réel intérêt.

 

Q et M, deux gros rôles secondaires, sont aussi les symboles du passé et de l'avenir de la série

Enfin, et c'était déjà un des atouts de Casino Royale, les scènces d'actions sont parfaites. Très influencées par l'aventure de Jason Bourne, on a droit à des combats brutaux, à des fusillades violentes, mais plutôt réalistes. Mention spéciale, comme l'a   très justement noté Seblecaribou dans sa critique, à la photographie qui donne des images sublimes. Je pense à la baston avec le sniper dans le noir, le combat étant uniquement éclairé par les tirs du fusil, ou encore à la bataille finale sur le lac avec l'incendie énorme en fond. 

Conclusion idéale à cette critique (un peu longue mais il y avait tant à dire), la scène finale du film illustre parfaitement ce que j'espère de la saga après cet épisode : La modernité, la fraicheur, tout en conservant l'essence et le côté british de ce héros. Skyfall est la digne suite de Casino Royale et rentre sans problème au panthéon des meilleurs James Bond. A voir et à revoir !